Dark Crystal de Jim Henson : un de mes films fétiches, de par la technique employée de marionnettes filmées en direct. J’espère un jour réussir à faire un long métrage avec cette même technique.
Jules Verne parce que j’aime son univers et qu’il m’a fait rêver. Je rêve d’adapter Vingt mille lieux sous les mers en animation.
Du coca zéro : ma boisson fétiche, je fais la tête quand il n’y en a pas dans un café et je suis capable d’apporter ma bouteille quand je suis invité…
Une visseuse Dewalt et un mètre Stanley, parce que j’aime bien bricoler et ce sont de bonnes marques pour ça.
Un moule, une spatule et le fouet de mon Kitchen Aid parce que j’aime faire de la pâtisserie, rien de bien élaboré mais ça me détend.
Gustave Doré, pour son œuvre mais surtout pour la composition des décors et la mise en scène dans ses gravures.
Mes clés, parce que c’est utile.
Un billet de concert, parce que j’y vais plusieurs fois par semaine.
Ma chemise fétiche bleu électrique qui commence à être un peu usée.
Et la marionnette de mon premier court-métrageKlonox.
Thomas Guerigen Février 2017
PS: Ont été oubliés sur cette image : – ma casquette car j’en porte toujours une mais là je l’avais justement sur la tête… – mon MacBook avec lequel je fais tout dans ma vie. – alors que la musique est une partie importante de ma vie, je n’ai pas mis de disques, d’albums ou de CDs car je n’ai plus rien pour les écouter.
LES ESSENTIELS DE REY VILLALOBOS (House of Wolves , The Coral Sea)
In the photo I choose objects that symbolize & represent and the things that I hold close to my heart for creating music & art.
Here’s just a few of them :
My first guitar
Old tape recorder that i use to write music with
Frankincense essential oil
Passport
Car keys
Earl grey tea with medicinal mushroom powder
Kerry gold Irish butter
Sage
Grand fir needles
Douglass fir bark
Chopin nocturnes
Photo taken in my home, Ojai California, Dec 23rd 2016
Une Guitare acoustique Martin D1 gaucher. A part en concert et en répétition, je ne joue quasiment jamais de guitare électrique. Cette guitare est MON instrument, le seul que j’utilise quotidiennement, le seul dont je sache jouer correctement, et celui sur lequel je compose toutes mes chansons, mon véhicule en somme. Pour ceux qui ne connaissent pas, Martin est une des marques de guitares folk les plus réputées. Le folk c’est en quelque sorte la trame de ma musique, le fil conducteur qui court de manière plus ou moins évidente dans chaque chanson. C’est sans doute un peu naïf, mais pour moi, jouer sur une Martin, même s’il s’agit d’un modèle relativement bon marché, était un peu un moyen de m’arrimer à cette musique, de me légitimer comme songwriter d’une certaine manière… Et bien sûr, c’est la marque utilisée depuis toujours par Neil Young.
Deux disques vinyles, « Time fades away » et « On the beach » de Neil Young. Ces deux albums ont une histoire un peu particulière : pour des raisons un peu obscures, Neil Young a longtemps refusé de les rééditer en cd ou vinyle. Pendant longtemps ils étaient très difficiles à trouver alors qu’ils forment avec “Tonight’s the night” une sorte de trilogie noire qui est ce qu’il a fait de mieux. Je les avais achetés dans une « foire au disque » il y a bien longtemps, bien avant le retour du vinyle. Je me souviens que j’étais très fier de mon achat, la musique devenait un truc vraiment sérieux pour moi, pas juste un truc d’ado qui passerait une fois atteint l’âge adulte comme pour la plupart des gens. Je m’engageais.
Un Synthé casiotone CT-605. Acheté 50 euros sur Le bon coin il y environ un an à un type assez étrange. Je m’en sers beaucoup sur mes derniers morceaux et en concert. Les sons sont un peu cheaps mais ils ont un certain cachet et puis il y a une touche « sustain » qui met une sorte de fondu général très utile quand comme moi on ne sait pas jouer du clavier !
Mon EP « Sans cesse et sans bruit ». Si j’ai inclus mon disque ici, ce n’est pas tant pour l’auto-promo (encore que…) que pour l’illustration qui figure sur la pochette. Elle est l’œuvre de Yannis Frier. Pour ce disque, n’étant pas particulièrement fasciné par mon physique, ça ne m’intéressait pas tellement d’utiliser une photo de moi et les dessins de Yannis me parlaient. Je lui ai indiqué un certains nombre de références, la direction dans laquelle je souhaitais aller. Je voulais retrouver le mélange de naïveté et de mystère voire de gravité que je trouve par exemple dans les illustrations des contes russes par Bilibine, dans les mosaïques dorées des églises grecques ou encore dans les BD de David B., quelque chose qui renvoie à des émotions d’enfance, sans tomber dans un sentimentalisme facile. Nous avons pas mal tâtonné pour arriver à ce dessin et – je peux le dire vu que je n’en suis pas l’auteur – j’en suis très content. Bravo Yannis.
Un cahier. Ce cahier est rempli du début à la fin des notes organisant les sessions et le mixage de mon EP l’an dernier. Le budget étant serré, il fallait que tout soit précisément planifié… Bon à l’arrivée ce n’était pas si bien planifié que ça… J’ai retrouvé ce cahier en préparant cet inventaire et ça m’a amusé de m’y replonger : les notes sont limites illisibles, pleines d’incises, de flèches, de ratures, de schémas incompréhensibles… on pourrait les croire écrites par un fou. Ça me replonge dans cette période très intense. J’ai hâte de pouvoir travailler à nouveau en studio.
Un ordinateur portable et une carte son. Je n’ai bien sûr aucun attachement sentimental vis-à-vis de ces deux objets mais je les utilise tellement souvent qu’il était difficile de ne pas les citer. Comme tous les musiciens aujourd’hui ils font partie de mes principaux outils de travail. Ils permettent de penser un morceaux d’une façon globale, au risque de verser dans une approche un peu trop cérébrale, trop éloignée du geste du musicien, de l’engagement physique que suppose l’acte de jouer ou de chanter.
Un mug japonais. Je bois énormément de thé. En préparer est une sorte de minuscule rituel qui vient scander chacune de mes journées. C’est une habitude que je dois à ma mère et que je n’ai jamais perdue. Ça fait sans doute partie de tous ces gestes, expressions du visage, intonations de voix, habitudes que l’on décide presque consciemment d’adopter, comme pour rendre secrètement hommage à ceux dont on les tient.
Des recueils de poésie, des romans. Je n’ai pas une énorme culture littéraire à la base. Je suis un lecteur tardif, notamment pour ce qui est de la poésie. Mais mes textes ont parfois pour point de départ une lecture, non que je m’en inspire directement mais certaines déclenchent quelque chose dans mon cerveau, et je sens (comme à chaque fois que l’inspiration vient) que quelque chose demande à être créé, à sortir. Alors je sais que je dois me mettre au travail.
Guillaume Stankiewicz Janvier 2017
Mostla Tape “Les années” à découvrir chez La Souterraine
Tabouret piano
J’ai toujours trouvé que la plupart des tabourets de piano étaient moches et inconfortables. Un jour, je suis tombé sur cet ottoman et je l’ai convaincu de devenir tabouret de piano. Sauf qu’il ne m’avait pas dit qu’il portait des roulettes. C’est assez étrange, on a l’impression que le piano est posé sur une patinoire.
Orgue Eminent Grand Théâtre
C’est en Allemagne que j’ai trouvé cet orgue mythique que l’on entend notamment sur de nombreuses musiques de François de Roubaix (à l’époque, en 2007, il était introuvable en France à l’époque, merci “Ebay monde”). Partis à 4 heures du matin de Paris avec un ami et un Marine américain (dont les bras faisaient le double de mes jambes), nous sommes arrivés à 13h10 dans ce petit village de Bavière, accueillis froidement par une petite vieille acariâtre qui nous a reproché d’avoir dix minutes de retard ! Autre mauvaise surprise, l’orgue se trouvait au deuxième étage. L’une des plus grandes souffrances physiques de toute ma vie. Je l’ai aimé si fort que mes bras s’en souviennent…
Lapin Rose
J’entre dans le Sexodrome à Pigalle avec l’intention d’y trouver un vibromasseur.
Le vendeur me demande d’être plus précis : “vaginal, anal, clitoridien ?”. J’explique mon projet : je veux créer des matières sonores en frottant l’objet vibrant sur les cordes de mon piano. Le type alors s’implique à fond, la demande étant peu banale. Après plusieurs démonstrations nous nous mettons d’accord sur un petit lapin rose parce qu’il a plusieurs vitesses et une fonction percussive. Au moment de payer.
Lui : “Vous ne serez pas déçu, en plus il est waterproof.”
Moi : “Vous savez, je mets rarement mon piano dans l’eau (au mieux sur une patinoire).”
Lui : “Je suis désolé, d’habitude c’est un argument de vente.”
Dessin Pierre La Police Je suis fou de ce dessinateur timbré. Je vénère Les Mousquetaires de la Résurrection. Et pourtant, avec ma femme, c’est le seul terrain sur lequel on ne se retrouve pas. Les dessins de La Police l’angoissent. Par amour elle a accepté de voir trôner dans le salon ce dessin original (signé de la main du maitre) qui a servi pour la couverture du troisième tome de Véridique !
Monocorde de Poussot
J’ai toujours rêvé de savoir jouer du violon ou du violoncelle. Mais avant de pouvoir sortir un son potable il faut du temps et beaucoup de pratique. J’ai rêvé d’un instrument à cordes où les doigts ne seraient pas obligés de fabriquer les notes, comme c’est le cas pour le piano. J’en ai rêvé et en faisant des recherches, je me suis aperçu que cet instrument avait été inventé fin XIXe par Joseph Poussot. La main droite tient l’archet et la main gauche joue les notes sur le clavier. Le pied droit reproduit le vibrato. Il n’existe que très peu d’exemplaires (environ mille deux cents) pour la simple et bonne raison que Poussot s’est noyé dans la Meuse alors qu’il n’avait pas trente ans. Après des heures passées sur des forums consacrés aux instruments anciens, j’ai eu la chance d’en trouver un. En studio, je me prends parfois pour le Jordi Savall de la pop.
Harvest de Neil Young
J’aime bien réécouter ce vinyle original de Neil Young trouvé dans une boutique à Québec. En 2006, pendant l’enregistrement de mon deuxième album (Rio Baril), nous faisons souvent référence à Harvest. Avec mon camarade Erik Arnaud nous partons à Los Angeles pour le mixage de l’album. Le studio étant assez cher, on fait un effort sur l’hébergement : l’hôtel est donc sordide mais j’aime bien cette ambiance (disons les mots, c’est quasi un hôtel de passe). Allongés sur un lit étroit et carcéral, il est difficile de trouver le sommeil, tout jet-lagués que nous sommes. Alors à quatre heures du matin nous allumons machinalement la télé et tombons sur un concert de Neil Young. Le lendemain, j’arrive dans la cour du studio et je tombe sur un type un peu crasseux avec un chien qui l’est tout autant. Je le salue, le type prend son café. Sa tête me dit vraiment quelque chose. Je rassemble ma mémoire afin de savoir dans quel bar du Berry j’ai bien pu le croiser (même si c’est peu probable). J’arrive dans la cabine de mixage, l’ingé son me dit que notre voisin de studio aujourd’hui n’est autre que Neil Young. Je retourne dans la cour, Neil envolé, disparu ! Nous ne le reverrons pas de la journée. Nous nous consolerons en caressant son chien dans la cour et lui lançant la balle, c’est déjà ça.
Florent Marchet Janvier 2017
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En collaboration avec
Article paru initialement dans le #202 de Magic RPM (janvier/ février 2017) Photographies par Julien Bourgeois / Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.
J’ai mis un temps délirant à te répondre. J’ai eu le plaisir de lire la série d’autoportraits des Essentiels dès le printemps dernier, au moment où tu m’as proposé de participer à cette série : les gens invités ont des choses précises à dire, les photos sont belles, les textes intéressants et érudits ; cela m’a impressionné, et je doute vraiment d’avoir des choses aussi précises, intéressantes ou érudites à dire sur mes propres goûts, et la capacité de les décrire en quelques œuvres ou objets repères. (Par ailleurs, mes photos souffrent d’un amateurisme embarrassant).
J’ai constamment freiné au moment d’opérer une sélection d’objets fétiches. J’ai un léger souci avec les objets. Je ne trouve rien de plus déroutant que les objets : ils sont à la fois rassurants et suspects ; porteurs de mémoires émouvantes, mais émotionnellement sacrément encombrants. Par ailleurs j’ai autour de moi, essentiellement, des objets surtout banals, remplaçables. Sûrement rien d’essentiel. Tout est provisoire, jetable : j’ai déjà donné, perdu, me suis fait voler, subi la casse de toute catégories d’objets, disques, livres, ordinateurs, instruments de musiques, etc. Je ne dis pas qu’ils m’indiffèrent, il y a des objets auxquelles je tiens, que je serais peiné de perdre : mais je les perdrais quand même et ce ne serait pas si tragique.
J’ai également passé un temps terrible à chercher ce qui correspondrait à une valeur intime d’essentiel. Est-ce que j’ai forgé un palais mental, inaltéré, aux contours nets ? Y a-t-il des choses qui brillent d’un éclat plus fort, un éclat directeur ? A priori oui, des moments, des musiques, des récits, des visages… Des choses plus investies que d’autres, sur lesquelles je m’appuie davantage. Mais en essayant de les cerner plus sérieusement, tout cela finit par s’embrouiller : tout moment, tout visage, toute sensation d’attachement paraissent dépendre d’une série infinie d’événements qui les ont environnés, mais aussi de mémoires reconstituées, autant que d’oublis, qui les mélangent, les réadaptent, en changent les couleurs. Pour prendre un exemple, j’ai tendance à me dire spontanément que les musiques les plus essentielles sont celles que j’ai découvertes étant enfant. Je sélectionne ainsi le souvenir d’une petite poignée de disques parmi ceux que possédaient mes parents (dont je n’ai, d’ailleurs, plus matériellement la trace depuis longtemps) : les bandes-sons de Kubrick, A Clockwork Orange et Barry Lyndon, le Sergeant Pepper’s Lonely Heart Club Band des Beatles, Peer Gynt par John Barbirolli, mais aussi les partitions de ces petites danses baroques apprises très tôt à la guitare classique, ces sarabandes et ces gavottes, ou alors les musiques aigrelettes et mystérieusement riches de ces jeux vidéos du siècle précédent. Mais pourquoi celles-ci plutôt que d’autres ? Pourquoi celles dont je me souviens spontanément seraient-elles plus essentielles que celles que j’oublie ? Comment mesurer la part d’arbitraire dans cette reconstitution qui, a posteriori, semble me conforter un peu trop ? Peut-être y a-t-il eu des déclics secrets, des moments ensevelis qui ont donné un appui à tout le reste, des agents secrets de ma manière d’approcher les choses – si jamais, ce qui est très contestable, j’ai une quelconque manière d’approcher les choses.
En fin de compte, ce qui me soucie, c’est cette propension à se construire des points d’ancrage pour une identité personnelle. La fixation d’une identité me pose vraiment problème. Je ne dis pas que je cherche à me construire un univers vidé de tout référent particulier. En réalité j’ai tendance à accumuler des petites choses de rien – cailloux, coquillages, jouets ou figurines trouvés un peu par hasard, cartes et plans divers, images hétéroclites… Je ne cherche pas vraiment à savoir quelles sont leurs vertus ou leur effet curatifs. C’est seulement bien qu’elles soient là. Je dis bien, pas essentiel. J’ai tendance à penser qu’elles sont là, justement, pour éviter de se fonder trop sérieusement une identité, pour alléger le fardeau d’être soi plutôt que quelqu’un d’autre, le fardeau de vivre en un lieu précis, le fardeau d’avoir à construire et aménager un espace intérieur trop défini. Je vois un lien (si je puis me permettre) avec la musique que je fais. Cette musique est très pleine, voire confuse, c’est ce qu’on remarque (et, régulièrement, reproche) le plus souvent, mais en réalité cette superposition de couche me semble un exercice pour créer des évidements, du pas-connu, autrement dit pour décoller de ce qui est trop familier, et construire de nouvelles mémoires imaginaires.
Tout cela (et c’est trop long), pour finir par confesser que je ne préfère pas vraiment déterminer ce qui est essentiel. Je préfère ne pas être certains de mes repères. Ils empêcheraient de se perdre – puis de se retrouver d’une manière imprévue. Quand j’essaie d’arriver à un résultat substantiel, les intentions et les décisions y menant sont perpétuellement vagues et confuses, et c’est très bien ainsi. Pour finir – et je suis un peu embarrassé parce que cela ressemble à une pirouette assez tiède –, ce qui est vraiment essentiel est la capacité du réel à me surprendre et me déloger, et toutes ces parts, tous ces lieux et tous ces phénomènes en sont potentiellement capables. Donc, attachées à ces considérations assez poussives, j’ajoute quelques images vues. Elles sont à mes yeux des signes (parmi une infinité d’autres possibles) de tout ce qui est potentiellement vital et que je renonce à classer et nommer.
AU DÉBUT
— Quels sont tes premiers souvenirs musicaux et/ou (photo)graphiques ? Quelle(s) image(s) en gardes-tu ? Christophe — J’ai grandi en parcourant, grâce à mon père qui était publiciste, la revue internationale Graphis (notamment les versions annuelles). Mais c’est l’esthétique punk, puis post punk, qui m’a beaucoup séduite par sa radicalité et son urgence. C’est le premier mouvement, pour ma génération, qui imbriquait la démarche graphique et musicale. (Bazooka, Manchester, Jamie Reid…). La profusion de singles qui sortaient à ce moment-là, provoquait une émulation, une envie de participer, bien que trop jeune pour cela.
“C’est l’esthétique punk, puis post punk, qui m’a beaucoup séduite par sa radicalité et son urgence”
Ya t’il des liens entre ton parcours graphique et ta passion pour la musique ? Est-ce une démarche volontaire ou le fruit du hasard des rencontres ? Christophe — Très rapidement, j’ai voulu m’exprimer en liant les deux disciplines. N’étant pas doué pour le solfège, il était préférable que j’aborde le graphisme en m’inspirant de la musique !
Mon frère musicien, ayant lui, créé le groupe « Les Freluquets », naturellement, j’ai commencé à élaborer les visuels associés, tout en apprenant les techniques aux Beaux-Arts.
GRAPHISME ET MUSIQUE
— Certains mouvements musicaux ont accordés une place essentielle à l’image et au graphisme. Que penses-tu de cet aspect “visuel” de la musique ? Christophe — J’ai toujours adoré quand un label ou un mouvement développait une vision artistique globale. Factory, Postcards, plus tard Mowax m’ont beaucoup inspiré. ECM est un très bel exemple de direction artistique.
“Mon approche a toujours été de lier mes aspirations artistiques et l’univers des musiciens ou chanteur que l’on doit accompagner”
Que penses-tu du « retour » en force du vinyle face à la dématérialisation de la musique et de sa distribution ? Christophe — L’attrait du vinyl, pour le travail de gens comme moi, permet de sortir du format CD ou numérique, de soigner les détails, jouer sur plusieurs niveaux de lecture. La vente de vinyl reste quand même un marché de niche, mais poser un disque sur une platine est un geste qui amène une solennité, du recueillement que l’on ne trouve pas avec un iPhone par exemple.
ARTWORK
— En tant que graphiste, quelle importance accordes-tu à une pochette de disque ? Permet-elle d’ajouter une “autre” dimension à la musique ? Christophe — J’accorde une grande importance à l’élaboration d’une pochette de disque. Mon approche a toujours été de lier mes aspirations artistiques et l’univers des musiciens ou chanteur que l’on doit accompagner, il s’agit de susciter la curiosité, d’informer sur ce que l’on va trouver derrière la pochette, le visuel étant comme une carte de visite pour pénétrer un univers !
Quelles sont tes attentes vis à vis du musicien ou du groupe avec lequel tu collabores sur une pochette ? Christophe — La concertation est importante, fixer un cadre pour s’exprimer, elle permet de savoir dans quelle direction aller, si l’on doit recourir à une prise de vue ou bien une illustration. Tous les cas sont particuliers, ainsi que les budgets. Le style musical détermine la tendance du projet. Quelquefois des artistes suggèrent des collaborateurs avec qui ils sont à l’aise, mais si nous pouvons maîtriser toutes les étapes de la création, c’est préférable, par souci d’homogénéité, ceci dit, quelquefois les accidents de parcours, comme des «photos ratées», peuvent amener de bonne surprises.
“Même une pochette qui a tout pour être hideuse peut avoir de l’impact. Car c’est la vision instantanée, émotionnelle qui prédomine le jugement”
Un musicien, un groupe ou un label doivent-il avoir un univers visuel et graphique qui leur est propre ? Christophe — Chaque artiste a un univers personnel, qui évolue selon ses centres d’intérêts, ses impulsions.
En ce qui concerne les labels, je préfère les maisons de disques avec une forte identité. C’est un gage de qualité pour les mélomanes, mais cela peut être réducteur car les pochettes peuvent devenir standardisées, et donc devenir associées à un seul style musical… La complexité est de rendre la nouvelle référence homogène par rapport aux précédentes signatures tout en gardant sa singularité.
Quels sont le ou les éléments (images, typographies, message…) qui font une bonne pochette ? Christophe — Il n’y a pas de règles esthétiques, chaque cas est particulier, cela peut être un effet graphique, ou bien un choix typographique, la combinaison de plusieurs choses, c’est une impression générale qui amène le spectateur a éprouver une sensation devant un visuel. Même une pochette qui a tout pour être hideuse peut avoir de l’impact. Car c’est la vision instantanée, émotionnelle qui prédomine le jugement.
HALL OF FAME
— Ton Top 5 des plus belles pochettes ? Television « Marquee Moon » 1977 / Stinky Toys « 2ème album » 1979 / Joy Division « Unknow Pleasures » 1979 / T Rex « Electric Warrior » 1971 / Kraftwerk « Autobahn » (1974)… sans ordre de préférence.
Le clip video “Punk! Punk! Punk !” de Country Club est réalisé par Restez Vivants ! Il a été publié à l’occasion des 40 ans du mouvement Punk, et contient près de 200 pochettes de disques créées avant 1980, qui ont été revisitées en animation.
Interview réalisée à l’occasion de la chronique de l’artwork de l’album “The Offshore Pirate” de Marc Morvan, classé dans le top 2016 des pochettes les plus marquantes par le site Neoprisme (artwork & musique).
Basiquement, que veut-elle dire, cette pochette de disque ? Pascal Blua — Cette pochette est une invitation à l’aventure et à une certaine forme d’évasion épique et mystérieuse… mais c’est aussi une simple illustration stricto sensu du titre de l’album. L’artwork est construit sur le décalage visuel entre le graphisme de la pochette extérieure et le portrait qui se trouve sur la pochette intérieure.
Cette création-là est-elle une création originale, où une réutilisation ? PB — Par principe, je ne réutilise jamais des créations d’un projet à l’autre, parce que je pense que chaque création doit être spécifique.
Pour cette pochette, nous nous sommes bien évidemment fortement inspiré des récits d’aventures, des films de pirates et autres récits épiques marins. L’image de la couverture est un photogramme extrait d’un film américain des années 50 et il correspond exactement à l’image que l’on cherchait. Nous avons garder la teinte noir et blanc d’origine même si Marc et moi aurions aimé avoir un reflet d’or dans l’oeil de la pieuvre, mais c’était vraiment hors budget de fabrication ! Par contre, j’ai retravaillé le portrait de Marc (signé du photographe Julien Bourgeois) de manière à garder une homogénéité et une cohérence visuelle de l’artwork. La typographie utilisée mêle le trait du dessin manuel à une forte évocation classique et littéraire, clin d’oeil aux grands romans d’aventures…
Y a-t-il, dans la démarche initiale, un lien à trouver entre le titre de l’album et cette pochette de disque ? PB — Bien sur ! C’est un point extrêmement important pour moi lorsque je travaille sur une pochette. J’essaye toujours que la mise en forme graphique soit la plus juste possible par rapport au projet.
J’aime à travailler de manière collaborative, dans la construction et l’échange. J’ai eu l’énorme chance de réaliser des pochettes dans le cadre de véritables collaborations artistiques (Michael Head, The Apartments, 49 Swimming Pools, Label Pop Session, etc…) et quelques pochettes dites de “commande”. Même dans ce cadre, j’ai ce besoin d’échange dans le process de création qui souvent débouche sur une collaboration.
Mon travail graphique est une extension sensorielle et visuelle de l’univers musical. Le son et l’image ne doivent faire qu’un et en même temps se répondre : c’est un dialogue entre le fond et la forme.
L’idée de base vient-elle de Marc Morvan ou de toi-même ? PB — C’est un long cheminement ! Le titre de travail de l’album était différent du titre que Marc a finalement choisi. J’avais commencé des recherches graphiques et conceptuelles assez poussées avec le premier titre mais plus l’album avançait dans sa réalisation et moins Marc se retrouvait dans le titre de travail.
Lorsqu’il a choisi le titre “The Offshore Pirate”, il avait une idée assez précise en tête de ce qu’il souhaitait. On a beaucoup échangé sur le sujet et la meilleure façon de le mettre en images : nous avons fait des recherches chacun de notre côté et nous nous sommes accordé sur cet artwork très rapidement.
Comment en es-tu venu, d’ailleurs, à cette collaboration avec Marc Morvan ? PB — C’est de mon fait ! J’apprécie énormément la musique de Marc aussi bien avec son premier groupe 3 Guys Never In qu’à travers ses collaborations avec Ben Jarry.
Nous avons des amis communs et après la sortie de l’album Ophélia, j’ai pris contact avec lui, sans savoir qu’il travaillait sur le projet d’un album. Nous avons sympathisé, je lui ai formulé mon souhait de travailler ensemble et il m’a proposé de travailler sur la pochette de son nouvel album.
10 bonnes raisons d’aimer (quand même) 2016…
L’intimité d’un single devenu un refuge, comme une autre cabane à Liverpool — Les vertigineux méandres avant gardiste du tryptique de David Thomas Broughton — La sublime pop-folk baroque 70’s de Whitney — Les sommets du folk majestueux de Kevin Morby — La découverte fascinante du compositeur russe Mikael Tariverdiev — La magnifique extravagance de l’homme-orchestre-objet-disque (Chevalrex) — L’incandescence musicale d’Ellery Roberts avec son nouveau projet LUH (Lost Under Heaven) — Le classicisme instantané du premier album de Michael Collins (Drugdealer) — La (re)naissance du phoenix Will Sheff — La confirmation de l’immensité du talent orchestrale de Jóhann Jóhannsson.
Et puis l’éternel “Michael Head and The Strands” qui, comme chaque année, est mon meilleur album du monde.
1 – Cabane “Wooden Home / Here, In The Wind” 7″ (self edited)
2 – David Thomas Broughton “Crippling Lack” (Song, By Toad/Paper Garden Records/Le Noize Maker Records)
3 – Whitney “Light Upon The Lake” (Secretly Canadian)
4 – Kevin Morby “Singing Saw” (Dead Oceans)
5 – Mikael Tariverdiev “Film Music” (Earth Records)
6 – Chevalrex “Futurisme” (Vietnam / Because Music)
7 – LUH “Spiritual Songs for Lovers to Sing” (Mute)
8 – Drugdealer “The End of Comedy” (Weird World)
9 – Okkervil River “Away” (ATO REcords)
10 – Jóhann Jóhannsson “Orphée” (Deutsche Grammophon)