“ Questionner l’Essentiel, pour une matérialiste comme moi, c’est une tâche intimidante. Je sais bien que l’essentiel est invisible mais l’essentiel est concret, l’essentiel ne s’attend pas, il se crée, l’essentiel n’est pas pudique, il se vit. L’essentiel ne s’espère pas, il se convoque. Et quand il est parti c’est la misère. J’ai toujours eu l’essentiel. Voilà ce que je me dis, alors ce qui m’intéresse c’est comment le rendre beau et mieux encore : le rendre beau en équipe, ce qui est à la fois un luxe et la moindre des choses quand on a la chance d’avoir … l’essentiel.
L’outil – l’humain a ceci de grandiose qu’il fabrique des outils pour la main qui forge au quotidien l’essentiel mais aussi des œuvres inutiles et enivrantes.
L’ivresse – c’est un autre terme pour la joie. N’ayant pas une immense propension au bonheur, je partage volontiers le vin qui rend gai et je trouve parfois autant de spiritualité dans un repas que dans un musée.
L’esprit – Ce texte infernal de Malcom Lowry m’accompagne chaque été depuis longtemps et je le lis exclusivement à l’occasion de mes vacances, quelques pages par jour sur une plage bretonne (idéalement). L’incertitude de le terminer un jour me convient très bien. “
Il est des jours où rien n’arrive mais il arrive. Les musiques, il faut les laisser venir à soi et ne pas les brusquer, elles savent qui nous sommes. Un soir, la musique de Peter Milton Walsh est arrivée à moi. C’était en 2012, à Clermont-Ferrand, une nuit de décembre. Immédiatement, une connexion s’est faite, comme si j’avais toujours connu ces chansons. Un lien particulier s’est alors crée avec tous ses disques, d’abord Drift – ce bleu nuit – , puis No Song, No Spell, No Madrigal – ce gris neige – , puis les autres, jusqu’à In and Out The Light sur lequel j’écrivais en 2020 ces mots « Que chacun choisisse alors sa lumière, la mienne, celle que je vois, celle que je verrai toujours, c’est ce jaune lumineux – le même que le vinyle de In And Out The Light, le même que cette veste qu’elle portait si bien – et cette lumière me laissera toujours croire que le ciel pourrait s’éclaircir un jour car à quoi servent les disques s’ils ne ramènent pas à la vie ? ».
Il est des jours où rien n’arrive mais il arrive. Des personnes sont arrivées dans ma vie, des personnes que j’ai rencontrées aux concerts de The Apartments. Elles aussi s’étaient senties liées à ce « beau chanteur » qui semble ne chanter, pour nous, rien que pour nous, des histoires qui leur appartiennent. Ce ressenti, c’est quelque chose de fort que je ne m’explique pas et qu’il ne faut pas chercher à expliquer.
Il est des jours où rien n’arrive mais il arrive. Grâce à Christophe Basterra, et parce que j’aime me plonger dans les pochettes de disques, j’ai rencontré Pascal Blua, l’homme qui avait réalisé la pochette – magnifique – de No Song, No Spell, No Madrigal mais pas que. D’autres pochettes de disques, des affiches, des sérigraphies, ces œuvres, elles portent sa patte, son regard, sa justesse. Pascal Blua, c’est l’homme qui sait mettre la mélancolie en images.
Il est des jours où rien n’arrive mais il arrive. apart était le disque, disons-le, « oublié » de la discographie de The Apartments, et comme l’a écrit Matthieu Grunfeld c’est « celui qu’il était devenu presque impossible de réécouter en faisant abstraction de la suite ». Mais apart est arrivé, dans la boite aux lettres, en décembre – décidément ! – et quand j’ai ouvert le carton, je me suis trouvé happé par cette pochette jaune. Je ressens alors des choses qui n’ont rien à voir avec la musique. Ce jaune, je peux le sentir, il est vivant. Je ne l’avais jamais vu mais lui, je le sens, me connait. Qu’est-ce qui se passe ? Ce sont des souvenirs – les siens, les miens ? – qui passent par cette couleur. Les chansons continuent de défiler mais je ne les entends pas, je fixe ce jaune à m’en pulvériser les yeux. Je le sens s’engouffrer dans les failles dans mon esprit, dans mes souvenirs. J’ai envie de répondre à celui qui a écrit que l’amour fou existe en noir, que moi, je le vois jaune.
Nous savons toutes et tous qu’il y a des disques qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence. J’ai envie de dire qu’il y a des couleurs aussi.
Jaune Will Tear Us apart.
— Michel Valente Janvier 2024
The Apartments – apart (remastered vinyl edition 2024) include liner notes wrote by Peter Milton Walsh talitres.com
Comme la bande son parfaite d’un automne en devenir, Virginia Astley vient de publier, avec toute la discrétion qui la caractérise, une longue et fantastique pièce instrumentale de plus de 26 minutes.
Un voyage onirique dans la douce et rêveuse musicalité de l’immensité de son talent, sur lequel le temps ne semble avoir aucune emprise. Un voyage comme une suite au delà des ans, des enregistrements visionnaires de l’album “From Gardens Where We Feel Secure” (1983), bande son intemporelle d’un été sans fin.
Rarement pièce instrumentale n’aura portée un titre aussi juste : “The Singing Places“, cinq actes d’une promenade poétique dans l’âme musicale de lieux que Virginia Astley nous laisse le soin d’imaginer et de rêver.
Eternels remerciements à Martin Stephenson pour m’avoir fait découvrir la musique de Virginia Astley (a long, long time ago) et à Harvey Williams pour ses repérages (toujours) avisés.
AU DÉBUT — Quels sont tes premiers émois musicaux et/ou graphiques ? Quels souvenirs en gardes-tu ? Gildas — J’ai certains souvenirs où mes émois musicaux et mes émois graphiques sont liés, ce sont des longs trajets en voiture pendant lesquels mon père passait sa musique en boucle. Je me souviens tout particulièrement d’une fois, un mood sonore inquiétant conjugué à un visuel qui avait vraiment interpellé ma petite tête : un cochon flottant dans les airs au-dessus d’un énorme bâtiment sans fenêtres … image irréelle, fascinante, compliquée à relier à la musique. C’était l’« Animals » des Pink Floyd. Dans cette même famille de « souvenirs sur la route » je me rappelle de la chanson « Shine on you crazy diamonds » (wish you were here) et son graphisme d’homme en feu échangeant une poignée de mains, je me souviens aussi beaucoup des des premiers Jean-Michel Jarre, artworks et musique : la tête de mort sur notre planète (Oxygène) et la couv avec les personnages/oiseaux qui portent des jumelles (Equinoxe), un graphisme qui rappelait un peu celui du dessinateur Caza. Par la suite, j’ai toujours guetté chaque sortie des Pink Floyd pour jeter un oeil au graphisme.
“Je me souviens tout particulièrement d’une fois, un mood sonore inquiétant conjugué à un visuel qui avait vraiment interpellé ma petite tête : un cochon flottant dans les airs au-dessus d’un énorme bâtiment sans fenêtres … image irréelle, fascinante, compliquée à relier à la musique. C’était l’« Animals » des Pink Floyd”
Pink Floyd ‘Animals‘ COURTESY OF WARNER MUSIC
Y a t’il des liens entre ton parcours graphique et ta passion pour la musique ? Est-ce une démarche volontaire ou le fruit du hasard des rencontres ? Gildas — Il y a de la porosité c’est sûr. Comme je suis graphiste indépendant et que je travaille à mon domicile, il y a de la musique presque en continu toute la journée. Cela conditionne tellement ma création que je dois faire attention à la setlist que j’écoute en fonction de mes projets en cours !… Je suis très sensible aux artworks, ils sont la porte d’entrée vers un disque, voir même ce qui peut me pousser à l’achat quand je ne connais pas l’artiste. J’étais donc ravi quand j’ai eu mes premières commandes d’artwork, un peu stressé aussi, c’était un peu comme un rite de passage. Faire ressortir l’univers d’un album en un seul visuel en tout cas c’est vraiment un super exercice, délicat et privilégié. J’ai commencé par des artworks pour mon ami Arnaud Le Gouëfflec, puis ensuite pour le groupe anglais Earthling, les belges de Mudflow, La Théorie du K.O, Kuta, Berry Weight etc … les dernières en date sont pour mon ami Centredumonde, qui produit des mini Ep merveilleux à tour de bras, et très bientôt une autre pour le groupe Everminds.
Ma façon d’aborder et de travailler le graphisme a d’ailleurs imprégné mon « avatar » musicien : ce goût pour les patchworks et les couches, les mélanges et les accidents… et toute cette cuisine : recherches d’accords / d’arrangements / mixage / paroles… c’est très graphique tout ça, il faut du relief, de la couleur, des émotions…
En musique comme en graphisme, je réalise ma sauce et ma cuisine dans mon coin, sans pression, sans frein. Je ne me colle aucune contrainte, c’est un pur espace de liberté, c’est rare et j’y tiens beaucoup.
GRAPHISME ET MUSIQUE — Certains mouvements musicaux — comme les mouvements punk, low-fi ou encore la techno — ont accordés une place essentielle à l’image et au graphisme. Que penses-tu de cet aspect « visuel » de la musique ? Gildas — Oui le graphisme aide à se repérer, à se diriger… aussi à se démarquer, à s’identifier. Normal que certains mouvements/labels avec une idée claire en tête, ou simplement en quête de visibilité ou de lisibilité, aient soigné cet aspect. L’artwork est l’écrin du disque mais aussi une partie de son message, c’est un premier contact et une interpellation. J’imagine que chaque musicien prend ça très au sérieux c’est évident.
Que penses-tu du « retour » en force du vinyle face à la dématérialisation de la musique et de sa distribution ? Gildas — C’est super (je n’ai pas de platine), j’ai toujours adoré ce format car la part du graphisme y est plus belle. J’ai été agacé par la dématérialisation de la musique pour plusieurs raisons : parce que l’artiste est complètement floué d’abord; parce que l’accès à tout en un seul click enlève beaucoup au plaisir de la recherche et/ou de la découverte; aussi parce que cela a scellé la fin du rapport à l’objet. Ce plaisir qu’on a tous eu de déballer un disque, l’impatience, peiner sur le blister, chercher la faille, atteindre l’objet, le poser sur la platine, prendre le livret, le feuilleter…S’imprégner du graphisme, de l’image, avant même de toucher au son. J’adore ce petit cérémonial privé alors tant mieux s’il revient à la mode ( je n’ai pas de platine mais le principe fonctionne aussi avec les CD).
ARTWORK — En tant que graphiste, comment abordes-tu la réalisation d’une pochette de disque ? Quelles sont tes attentes vis à vis du musicien ou du groupe avec lequel tu collabores sur une pochette ? Es-tu ouvert à l’apport et l’échange d’une collaboration (photographe, stylisme, etc…) ou est-ce une démarche solitaire ? Gildas — C’est très rarement un travail solitaire, il y a beaucoup de discussions et d’échanges, l’artiste vient presque toujours avec ses attentes graphiques, sa première idée, rare sont ceux qui m’ont donné carte blanche. On me mets toujours sur des rails graphiques, soit via un style que j’ai déjà développé sur un autre projet, soit via d’autres sources d’inspirations, c’est ensuite à moi de digérer le tout. Il faut être attentif aux attentes, aux demandes, il faut bien s’accorder avec l’auteur. Une chouette démarche assez intime.
La pochette d’un disque permet-elle d’ajouter une “autre” dimension à la musique ? Gildas — Ce n’est pas garanti mais oui, je le pense, ce sont deux univers qui cohabitent et coexistent. Idéalement l’écoute du disque devrait « valider » le graphisme. Ensuite, souvent assez naturellement, mais cela dépend bien sûr l’amour que l’on porte au disque, le lien peut devenir émotionnel. Telle la fameuse madeleine, la pochette devient un accès direct à l’univers du disque ainsi qu’à la relation qui nous unit à lui : souvenir des mélodies, de l’intensité musicale, mais aussi surtout des moments qui vont avec, images d’archives personnelles, réminiscences diverses et multiples – pas forcément précises mais toujours émotives -, d’événements ou de moments vécus avec ces sons-là en background. Quand on adore un disque depuis 30 ans ça peut faire un paquet de données.
Un musicien, un groupe ou un labels doivent-il avoir un univers visuel et graphique qui leur est propre ?? Gildas — Moi j’ai une préférence pour les visuels qui changent à chaque fois, mais on ne peut pas nier que certains artistes ou labels ont des chartes graphiques qui en jettent.
“ C’est très rarement un travail solitaire, il y a beaucoup de discussions et d’échanges, l’artiste vient presque toujours avec ses attentes graphiques, sa première idée, rare sont ceux qui m’ont donné carte blanche.”
HALL OF FAME — Quels sont le ou les éléments (images, typographies, message…) qui font une bonne pochette? Gildas — Hm c’est tellement l’univers des possibles le graphisme que ce n’est pas simple de répondre. J’ai peu de culture et d’appétence avec les techniques « académiques » : lignes de forces et de fuites, sens de lecture, sciences des couleurs … Que ce soit en graphisme, en musique, en photo (pour tout type d’art) je suis très peu touché par des oeuvres qui reposent essentiellement sur une maitrise parfaite de la technique. Un amateur qui joue du blues avec trois notes de guitare sur une plage avec un ampli pourri peut me toucher beaucoup plus qu’Eric Clapton ne le fera jamais. Au final c’est l’alchimie et l’émotion qui comptent, et qui touchent au but (ou pas). C’est très personnel tout ça, faudrait demander à nos cellules des précisions sur « pourquoi certaines œuvres nous font tant d’effet ».
Chaque cuisine à ses trésors d’ingrédients et chaque cuisinier ses recettes secrètes, personnellement je trouve rarement un visuel vilain. Et quand bien même : prenons par exemple la couv du ‘Mellow Gold’ de Beck, qui n’est pas franchement jolie à mon goût, pourtant à l’écoute je sais pas, je trouve que ça colle carrément bien l’univers de la musique. Parfois on a besoin du son pour apprivoiser le visuel.
En graphisme cependant je peux aussi m’émerveiller devant la quantité de travail fournie, même si le résultat ne m’émeut pas.
Ton Top 5 des plus belles pochettes ? Gildas — Je suis incapable de faire un top aussi court… En voici quelques unes qui me viennent sans réfléchir, pas forcement iconiques, mais dont le lien visuel/musique fonctionne bien à mon goût : Bashung – Bleu pétrole The Cure – Disintegration Les Stones – Exile on main street Bowie – Heathen Beck – Modern guilt
J’aime aussi les artworks de Radiohead et de Moderat et la simplicité de ces couvs : Neil young – Everybody knows this is nowhere Iggy pop – Zombiebirdhouse Beck – One foot in the grave Bonnie Prince Billy – the letting go Damon albarn – Mali music Pj Harvey – Uh Huh her
Et aussi des artistes dont je trouve le travail superbe : Les M/M évidemment, grande source d’inspiration : Biolay – Bjork – Murat … Remy Poncet (brest brest brest) : toutes les couvs d’Objets-Disques mais plus précisément certaines de Chevalrex – Midget – Remi Parson…
Je ne suis pas très attaché aux objets, mais il y a certaines choses que je chéris, et dont voici les clefs. (de gauche à droite et de haut en bas)
1 C’est la clef de l’appartement où je vis avec ma petite amie. C’est un petit logement sympathique, dans le quartier ouest de Göteborg. Lorsqu’on a emménagé, il y avait un gros trou dans le mur. Le gars qui avait habité là plus tôt nous a dit qu’il avait construit un bar dans l’appartement à l’occasion d’une fête un jour, ce qui expliquait pourquoi il avait fait un trou dans le mur - il voulait pouvoir servir les verres à travers. On a fait réparer ce trou, on a considéré qu’on n’aurait pas besoin d’un bar chez nous. Avant je détestais ce quartier. J’ai grandi dans une banlieue pauvre, un endroit où il était important de s’habiller comme si on valait plus que ce qu’on était. Adolescent, je me souviens avoir rencontré des gens issus du quartier où j’habite aujourd’hui, qui s’habillaient mal alors que leurs parents gagnaient bien leur vie. Je ne comprenais pas. Ils appartenaient à une classe moyenne ou à la bourgeoisie culturelle et intellectuelle, leurs parents étaient journalistes, écrivains, designers. Ils n’étaient pas richissimes mais ils connaissaient le langage et les codes de ce monde culturel auquel je voulais appartenir. Ils étaient nés dedans. Je les jalousais. Et je leur en voulais d’avoir ces privilèges. Aujourd’hui je vis là, finalement, au milieu des cafés chers et des magasins de mobilier vintage. Tous mes amis vivent ici, qu’est-ce-que vous voulez… On a trouvé un endroit pas cher, un des derniers dans le coin. Ma petite amie et moi venons de banlieues défavorisées. Aujourd’hui elle est psychologue et elle étudie l’art. Et je suis musicien et artiste. Si nous avons des enfants, ils seront ces enfants que je haïssais quand j’étais petit. C’est-à-dire à peu près tous les jours, on peut l’entendre souffler à travers elles, comme si quelqu’un jouait du violon.
3 C’est la clef du bunker où je travaille. Je m’y suis installé il y a très peu de temps. Avant, j’avais un studio très agréable en ville, qui surplombait le gros stade d’où on pouvait entendre les hurlements, les soirs d’été, lorsque Zlatan marquait un but ou qu’Iron Maiden montait sur scène. Mais c’était devenu trop cher de rester là. Maintenant je travaille dans ce bunker avec juste une minuscule fenêtre dans un coin, et le vrombissement des camions qui secouent les murs quand ils passent à côté pour rejoindre la zone industrielle voisine. J’ai un esprit apocalyptique, une âme survivaliste, et parfois je fantasme à l’idée que je vais voir le monde s’effondrer et se désintégrer. Une guerre nucléaire ou une épidémie. Peut-être que c’est parce que j’ai grandi dans les années 80. En tous cas, dans mon fantasme, je reste vivant parce que je suis dans mon bunker. Et je parviens à survivre grâce aux conserves de soupe de lentilles que j’ai stockées dans mon frigo ici, et grâce aux crackers Wasa et au beurre de cacahuète dont j’ai fait des provisions à l’épicerie du coin. Je ferme les volets pour éviter la radiation et les pillages, j’ouvre une nouvelle conserve de soupe de lentilles et je continue à travailler sur ce beat sur lequel je travaille depuis des semaines. Le monde n’est plus et je peux continuer à faire ma musique. Personne ne va me déranger pour une histoire de promotion ridicule ou pour des dîners familiaux. Ce ne sera plus que moi, ma musique, et trois cents conserves de soupe de lentilles. Le rêve.
4 C’est la clef en or que j’ai fait faire pour mes tournées en 2009. J’ai commencé à en porter une sur scène et le gens me demandaient quelle était son utilité. Je ne savais pas quoi répondre. Mais ils ont commencé à vouloir en acheter aussi alors j’ai dit “bien sûr” et j’ai trouvé ce gars qui pouvait les fabriquer et inscrire mon nom dessus. Elles se sont très bien vendues et j’ai compris ce qu’elles représentaient déjà avant même que je commence à les éditer : ce sont des symboles de confiance en soi, de confiance en l’avenir. Vous portez cette clef quand vous savez que vous allez avoir besoin de courage, qu’il va falloir prendre une décision importante ou orienter votre vie dans une direction particulière. Elle vous rappelle qu’il ne faut pas vous dégonfler, pas cette fois mec ! Je continue de la garder avec moi où que j’aille, parfois j’en ai moi-même besoin.
5 C’est la clef du frigo où je garde mes conserves de soupe de lentilles.
Jens Lekman Mars 2017
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En collaboration avec Article paru initialement dans le #203 de Magic RPM (mars/avril 2017) Traduction Johanna Seban. Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.
I’m not much for things and objects, but I do treasure a few things and these are the keys to them. (Left to right and top to bottom)
1 This is the key to my apartment where I live with my girlfriend. It’s a nice little place in west Gothenburg. When we moved in there was a big hole in the wall. The guy who lived here before us said he had had a bar set up once for a party, that explained why he had made a hole in the wall – so he could serve drinks through it. We had it fixed, we didn’t see a need for an indoor bar. The area was once a place I hated. I grew up in a poor suburb, a place where it was important to dress like you were better off than you were. And as a teenager I remember meeting people from this neighborhood where I now live, who dressed down even though their parents were doing well. I didn’t get it. They belonged to a cultural and intellectual upper/middleclass, their parents were journalists, designers, writers. They weren’t necessarily filthy rich but they knew the language and codes in this world of culture that I wanted to be a part of. They were born into it. I was jealous of them. And mad at them for their privileges. Now I live here at last, among expensive cafés and vintage furniture stores. All my friends live here so what can you do. We found a cheap place, one of the last few. Both me and my girlfriend come from poor neighborhoods. Now she’s a psychologist who studies art. And I’m a musician/ artist. If we have kids they would be those kids I hated when I grew up.
2 This is the key to my bike. It’s not a great bike. It’s the bike I got from my dad when he got a new one. A black citybike, very heavy with too much gear on it. It doesn’t receive many compliments from bike enthusiasts or people in general really. But it’s a bike that works and that’s all I want. I ride it to work everyday, it’s a 40 minute ride through the city to the other side. If I’m lucky, I catch the wind blowing in from the sea in the morning, that gives me speed and means I’ll get to work with no sweat. If I’m unlucky I’ll have that same wind blowing against me on my way home. Halfway through I ride by the cranes in the harbour, the same cranes I sing about on the track Dandelion Seed on the new album. On a windy day, which is almost everyday, you can hear the wind blowing through them, sounding like violins.
3 This is the key to my bunker where I work. I just moved in, I used to have a really nice studiospace in the city that overlooked the big stadium where on summernights you could hear the roar when Zlatan scored a goal or Iron Maiden went on stage. But it just got too expensive to stay there. Now I’m in this bunker with one tiny window in the top corner and the rumbling of trucks shaking the walls as they drive by on their way to the nearby industrial area. I have an apocalyptic mind, a prepper soul, and sometimes I fantasize about how I see the world outside crumble and disintegrate. Nuclear war or virus outbreak. Maybe a product of having grown up in the early 80’s. But in my fantasy I stay alive because I’m in my bunker. And I manage to survive on the cans of lentilsoup I’ve got stocked in my fridge here, and the Wasa crackers and the peanutbutter that I’ve been hoarding at the local market around the corner. I cover the windows for radiation and looters and while I open another can of lentilsoup I keep working on that beat I’ve been working on for weeks. The world has ended and I can just keep making music. No one to bother me with silly press requests or family dinners. Just me, my music and 300 cans of lentilsoup. What a dream.
4 This is the golden key I had made for my tours in 2009. I started wearing one just like that on stage and people asked me what it was for and I didn’t know. But they wanted to buy them so I said sure and I found this guy who could produce them and had my name inscribed on them. They sold pretty well and I managed to figure out what they stood for before I released them – they are a token of confidence and certainty. You put it on when you know you need to be brave and make a big decision or steer your life in a very specific direction. It reminds you to not chicken out, not this time buddy! I still keep this with me wherever I go, sometimes I need it myself.
5 This is the key to the fridge where I keep all my lentilsoup.
Jens Lekman March 2017
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In collaboration with Article originally published inMagic RPM #203 (march/april 2017)
Depuis leurs débuts, le groupe australien The Apartments, emmené par le songwriter Peter Milton Walsh, est un trésor partagé par quelques milliers de personnes à peine.
Il l’est encore aujourd’hui, mais cela pourrait peut-être bien changer dans les mois à venir…