Stéphane Constant

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LES ESSENTIELS DE STÉPHANE CONSTANT

L’essentiel est invisible pour les yeux ? Parfois si ! J’aimerai me souvenir de ma première lecture de 1984 de Georges Orwell, des épisodes de la 4e dimension rediffusés dans l’émission Temps X (justement en 1984 quand j’avais 11 ans), des Jules Verne ou L’histoire sans fin que je lisais fiévreusement au fond de mon lit. Ce sont toutes les petites choses qui m’ont ébloui, m’ont construit maintenant que je suis debout bien droit, juste un peu plus vieux, c’est tout. Je ne sais pas si vous êtes comme moi : à force d’empiler, il y a dans ma maison, un bazar de choses que je ne regarde même plus, car je sais qu’elle sont là bien rangées, précieuses.

Peter Gabriel avait dit dans une interview des Inrockuptibles (je n’ai pas retrouvé l’exemplaire) : “j’achète des livres que je ne lirai jamais, des disques que je n’écouterai probablement jamais… des films que je ne verrai pas… et dans tout ça je cherche ma voie.” Alors ici, je ne parlerais que des choses dont j’ai tourné cent fois les pages, que j’ai vues et revues ou écoutés mille fois, promis !

Ça ne va pas vous étonner, j’ai une affection particulière pour le papier, l’encre, les carnets, les stylos-plume (le mien est un Kaweco que j’adore), les histoires, alors forcement les livres je les aime, jusqu’à dénicher l’édition originale de mes préférés. Par exemple, mon exemplaire de 1984 chez NRF Gallimard date de 1950, il s’agit de la première édition française. Je ne sais pas si ce livre m’a donné un goût immodéré pour la SF, mais il en est la première pierre. Il est devenu une obsession, dès les premières lignes, il est impossible de s’arrêter : “Le hall sentait le chou cuit et le vieux tapis…”, ça y est vous êtes aspiré par le chef-d’œuvre absolu d’Orwell. Ce roman est une clé qui vous ouvre une compréhension sur la manipulation, le totalitarisme bien sûr… mais surtout, dans ce monde sale, décrépi, Winston Smith (le personnage principal) tente de conserver les objets, les livres, trésors d’un glorieux passé. Les clés des films Fahrenheit 451, Brazil, Bladerunner, etc.

Adolescent, mes parents me reprochaient le temps que je passais à jouer aux jeux vidéo sur Atari, mon penchant bizarre pour le mysticisme (ils croyaient même que je faisais parti d’une secte !) l’égyptologie et plein de trucs bien barrés que je lisais (du Schwaller de Lubicz pour les connaisseurs). Je dessinais même des signes “cabalistiques” (peut-être précurseurs de mon goût pour le graphisme). Forcément Dune de Franck Herbert fut une révélation, il y a avait tout ça la dedans ! La découverte de cette fresque monumentale fut tellement puissante, que je n’ai jamais osé la relire depuis. Je conserve précieusement mes éditions originales avec les célèbres couvertures argentées de la collection “Ailleurs et demain”.

Ça n’a pas été facile de choisir quelques livres, mais dans mon petit panthéon, je placerai L’exil et le royaume d’Albert Camus, ici dans sa version reliée rouge et numérotée 12043 de 1957. Un recueil de nouvelles fascinantes et surréalistes comme La pierre qui pousse ou cette histoire d’un artiste à la recherche de la perfection. Il finira, à bout de force, par peindre une toile blanche ! “[..] au centre de laquelle, Jonas avait seulement écrit, en très petits caractères, un mot qu’on pouvait à déchiffrer, mais dont on ne savait s’il fallait y lire solitaire ou solidaire.” Ce livre est un soleil.

Celui-ci est plutôt une plongée dans le dégoût, je veux parler de Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq. Dans cette première édition, j’y ai même conservé la lettre datée de 1996 que l’écrivain m’avait gentiment adressé (bon c’était avant qu’il soit connu). J’étais un jeune poète à l’époque et étudiant en informatique, je m’ennuyais ferme, alors autant vous dire que ce livre était fait pour moi ! A propos de poésie, j’en ai beaucoup écrit, sur la photo (à gauche dans sa pochette de kraft blanc) il y a le recueil que j’ai terminé en 1995 : L’ange de plomb, arrivé en 2e comité de lecture chez Seuil, mais jamais publié.

René Char, c’était indispensable qu’il figure ici, mon maître absolu ! Il est indissociable des artistes Braque, Matisse, Nicolas de Staël, etc. Poète de l’intimité, de la terre, de la résistance, il n’a cessé toute sa vie de créer des livres d’artiste où la peinture, la gravure et le texte se répondent.

Paul Auster – avec sa trilogie Cité de verre – est mon auteur préféré , son sens de la narration, de l’errance, du surréalisme et de la poésie est unique. C’est aussi avec la complicité de Art Spiegelmann, une entrée dans le roman graphique noir et blanc avec cette adaptation du livre. Les illustrations de David Mazzuchelli y sont géniales, riches en trouvailles scénographiques, en métaphores visuelles. Bref j’aime que les romans soient bizarres, étranges, décalés. Dans ce registre non-conventionnel, je placerai au sommet La Maison des feuilles, le roman que Mark Z. Danielewski a mis 4 ans à écrire : l’histoire d’une maison plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur !

Bladerunner de Ridley Scott est le film que j’ai vu le plus de fois dans ma vie, parce qu’il réunit à la fois la science-fiction, la poésie, une esthétique fascinante et sombre. L’intrigue linéaire presque conçue comme un jeu-vidéo donne l’impression que chaque plan est un tableau, une création visuelle d’une rare perfection malgré son âge. Mieux que Star Wars ! On voit sur la photo, le coffret définitif sous le contrôle du maître : 7 années de méticuleuse restauration ! On y retrouve les 4 versions du film. Ah, le mystère des petites licornes en papier !

Coté filmographie, j’ai trois réalisateurs qui me viennent aussitôt en tête : Krzysztof Kieslowski d’abord avec la trilogie Trois couleurs : bleu-blanc-rouge et aussi la Double vie de Véronique, Le Décalogue. La force émotionnelle de ses films, leur esthétique, est servie par la musique bouleversante de Zbigniew Preisner. Après il y a David Lynch dont un film en particulier : Lost Highway. Complètement déjanté avec une maîtrise totale, le film est comme une poupée russe qui s’emboîte sur elle-même, ou une bande son qu’on rembobine, un chef-d’œuvre ! Le dernier réalisateur auquel je vous une véritable adoration, c’est Wong Kar-Wai et surtout Les anges déchus, c’est violent et drôle à la fois. Ici encore, l’esthétisme photographique, les mouvements de caméra, transforment le cinéma en œuvre visuelle intense.

The New Real Book est un gros recueil de standards de jazz très pratique avec sa notation de ligne mélodique et des accords. Une bible pour tous les pianiste jazz (j’ai commencé à 9 ans) dans lequel il y a plein de morceaux que j’adore jouer et improviser : Monk’s mood de Thelenious Monk, Re: Person I knew de Bill Evans, etc. C’est bien plus tard que je me suis mis à la guitare puis aux percussions.

Le premier choc musical ? C’est Pink Floyd, pourtant à 14 ans, je n’aimais pas le son de Dark side of the moon, je préférais écouter Momentary lapse of reason, mon premier CD (en 1987) avec ce son incroyable à l’époque (DDD!). Maintenant c’est le contraire ! Sur la photo, je vous présente un coffret pirate tout noir enregistré au Playhouse Theatre de Londres en 1970 Libest spacement monitor avec des titres comme Embryo, Green is the color, etc. Petite particularité de ce coffret, il y a un énorme cochon en carton qui se déplie quand on l’ouvre ! Depuis j’ai conservé un penchant pour la musique psychédélique : Grateful Dead, Jefferson Airplane, etc.

Gainsbourg, j’en ai beaucoup parlé récemment, l’Histoire de Melody Nelson et un disque que je peux écouter cent fois sans jamais me lasser : la ligne de basse, les envolées de cordes sont splendides, un coup de maître ! Ici j’ai oublié de mettre un disque des Doors ou de Patti Smith, mais je me rattrape avec Harvest de Neil Young dans une version vinyle française de 1972, les chansons y sont incroyables, poignantes. Il était une fois en Amérique, un homme, une voix, une guitare et un harmonica,
Si vous avez remarqué le petit vinyle, pochette blanche (en haut à droite sur la photo), il s’agit d’un 45 tours dédicacé de Drugstore, le groupe anglais créé par Isabel Monteiro. Je possède toute leur discographie depuis Gravity : inutile de vous dire que j’adore leur musique.
Vous avez vu la banane d’Andy Warhol ? Bien oui elle est là sur le coffret avec son sticker repositionnable. Dedans on trouve tous les albums du Velvet Underground et des maquettes pas toujours écoutables. J’avais même un portrait de Nico dans ma chambre d’étudiant, une femme fatale !

Man Ray, artiste de la lumière, a tout inventé ou presque ! Le coffret This is Man Ray est particulièrement émouvant, car en plus de contenir un petit livre reproduisant le texte de ses conférences en 1956 et 1966, il renferme un documentaire avec Juliet Man Ray sur l’atelier du photographe, un lieu encore hanté par la présence du maître et laissé intact avant sa destruction en 2008. “La porte du 2 bis rue Férou s’ouvrait sur un petit couloir ; au fond il y avait une seconde porte sur laquelle un écriteau punaisé avertissait : danger haute tension.”
Je n’ai pas pu me résoudre à me séparer de mon labo photo complet et installé à l’étage de ma maison, avec son agrandisseur Foca Autoplex (un chef d’œuvre de mécanique des années 50) un peu laissé à l’abandon. De mes années de pratique photographique et argentique, il me reste des photos de concert et la collection intégrale Time Life La Photographie en 20 volumes. Il y a aussi mon bon vieil appareil photo Nikon FA de 1973 (l’année de ma naissance !).

Après l’écriture de mon article L’histoire secrète de la sérigraphie, j’ai acheté un exemplaire de L’écran de soie écrit par Igor Pruzan : le premier manuel consacré à la sérigraphie en français. Il date de 1952 et contient des tirages en 2 couleurs, un véritable morceau d’histoire !

J’ai une fascination particulière pour le graphisme californien (surtout Saul Bass). L’exposition Earthsquakes & Aftershocks (École des beaux-arts de Rennes en 2005) réunissait des affiches créées et imprimées par les étudiants du département de design graphique de CalArts (California Institute of Arts). J’ai gardé le très beau catalogue de 160 pages et aussi le livre de Michel Bouvet East Coast West Coast. Je ne dirais pas que cette exposition a changé ma vie (quoique…), elle m’a juste mis dans la bonne direction en me donnant pour la première fois envie de m’intéresser à la sérigraphie. 10 ans plus tard, je possède avec Dezzig mon propre atelier pour imprimer des affiches en édition limitée.

Il y aussi ma paire de running Mizzuno taille 44 pour aller prendre l’air et la petite chatte qui s’appelle Moon
Ça y est, j’ai dit l’essentiel !


Stéphane Constant
Juillet 2016

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Chan Masson

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LES ESSENTIELS DE CHAN MASSON

Mes essentiels gravitent autour de la musique et des livres, du thé et de la mer, selon une orbite bordélique et fusionnelle.

Je lis à haute dose depuis que je sais lire, toujours deux livres en même temps, l’un de jour posé sur le canapé, l’autre de nuit posé à côté du lit – j’aime lire allongée. Je ne pars jamais sans bouquins dans mon sac. Je ne m’endors jamais, quelle que soit l’heure, sans avoir lu au moins quelques pages.

Je suis tombée dans la musique depuis les 80s en Grande Bretagne et les années n’ont pas émoussé mon plaisir. Je ne suis pas nostalgique d’une époque, j’écoute bien sûr toujours mes vieux disques mais je découvre aussi beaucoup de jeunes groupes qui me surprennent, me font décoller et me donnent envie de continuer. Je ne suis pas collectionneuse, je prête volontiers disques et livres, je n’ai pas une vocation de gardienne de musée.

L’asso dont je fais partie, Sabotage, organise des concerts à Dijon. J’héberge les groupes, occasion de belles rencontres qui perdurent, d’échanges passionnés et de soirées prolongées. La musique est un lien intergénérationnel et ignore superbement les frontières.

Qui dit musique dit badges. Je fais des badges depuis quelques années, ce mini support qu’on perd, qu’on retrouve dans une poche, qu’on offre. Les groupes qui passent à la maison dessinent leurs propres modèles et veulent absolument tester la machine. “Oh my god, it works!”. J’aime l’idée que mes badges se baladent à Londres, New York, Wellington ou sur l’île d’Eigg.

La mer est indispensable à mon équilibre. Quand je dis la mer, c’est principalement en Bretagne et au Pays de Galles, je n’ai pas d’affinités avec les palmiers et les cieux trop bleus. J’habite si loin dans les terres, les retrouvailles maritimes sont d’autant plus attendues et jouissives.

Et je ne pourrais vivre sans thé because tea is a warm caress.

Voilà mes essentiels, dans le désordre qui est aussi un essentiel.
Livres, musique, badges, Bretagne, Pays de Galles, tout est arrimé autour des amitiés qui se nouent au fil des années.

« On a thousand islands in the sea
I see a thousand people just like me »


Chan Masson
Juillet 2016

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Jérôme Sevrette

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LES ESSENTIELS DE JÉRÔME SEVRETTE

Un boitier numérique et son objectif
Un canon 85 mm, 1.2 monté sur un 5D Mark III pour être exacte, mes fidèles alliés auxquels pourtant, je mène la vie dure (chutes diverses, ramassage en vrac dans le sac photo…) mais ils tiennent le choc et c’est avec ce type de matériel que je réalise tous mes portraits, indispensable donc.

Un vieux Polaroid
Pour celui-là, je n’y suis pour rien, ce vieux Pola était déjà mal en point quand je l’ai trouvé dans une brocante. Malgré son état, il m’a permis de réaliser quelques belles séries et les 2 volumes de « Terres Neuves ». Mais au-delà de ça, le Polaroid reste un type, un style de photographie auquel je suis très attaché.

Des livres de photographies & artworks
Anton Corbijn, Magdi Senadji, Vaughan Oliver, pour ne citer qu’eux.
C’est par la lecture de ce type d’ouvrage et celle des magazines musicaux des années 80/90 que je suis arrivé à la photographie. L’imprégnation et l’influence des travaux d’autres grand photographes & artistes était pour moi autodidacte, la seule façon d’apprendre et de développer une vision propre et un style plus personnel.

Une station de travail
Mon bureau, mon laboratoire, ma machine de torture…
Bien évidemment indispensable lorsqu’on travaille en photographie numérique.
Entre le traitement d’image, la paperasse administrative, la facturation, la gestion des mails et des commandes, la veille des réseaux sociaux, je passe énormément de temps à ce poste de travail, surtout la nuit.

Une discothèque
Impossible pour moi de travailler sans musique, même si j’écoute de plus en plus de musique au format numérique, j’aime bien ressortir mes vieux disques de temps en temps.
Je ne vais pas faire la liste ici des groupes ou artistes que j’écoute le plus, il y en aurait trop mais Il y a toujours un style de musique, une ambiance sonore adaptée à mes travaux du moment.

Un smartphone
Le couteau suisse de l’homme moderne… parait-il.
Peut-être, le fait est que je suis très attaché à ce petit appareil.
Même si à la base, ça reste un téléphone, j’ai plaisir à l’utiliser comme une station de travail miniature et portative. Je l’utilise aussi de plus en plus souvent comme un appareil photo d’appoint pour quelques créations que je présente exclusivement sur ma page Instagram. La photo au smartphone est aussi devenue pour moi un style de photographie, un type de création à part entière au même titre que le polaroid par exemple. La série photo « Roma Amor » a d’ailleurs fait l’objet d’une publication aux Editions de Juillet dans la collection Villes Mobiles (collection de livres sur la base de photos réalisées au smartphone)

Un exemplaire de « Terres Neuves »
Que je le veuille ou non, mon nom sera encore pour un bout de temps associé à « Terres Neuves ».
J’aurai passé plus de 6 ans de ma vie à travailler sur cette série composée d’une quarantaine de polaroids et qui aura fait l’objet de 2 publications aux Editions de Juillet, « Terres Neuves » en 2013 et « Terres Neuves [Re] Visions » qui paraitra en septembre prochain.
Mais le cœur, le moteur de ce projet reste les échanges et les rencontres avec les musiciens, groupes, auteurs qui auront apporté leurs contributions musicales & littéraires sur ces 2 volumes, il n’y aurait jamais eu de « Terres Neuves » sans eux.

Une clé de voiture
Je me rappelle que sur le statut de ma première page Myspace (là je parle pour les vieux comme moi qui ont connu cette époque) j’avais juste mis en occupation : « conduire ma voiture… »
Le besoin d’évasion, d’autonomie et de liberté est une chose essentielle dans mon processus créatif.
Est-ce que finalement, je vois ma voiture comme un outil de création ? Allez savoir…
Dans tous les cas, il me serait impossible d’être réactif et de me rendre sur mes shootings en transport en commun, de même pour tous les endroits désertiques, abandonnés que j’ai plaisir à visiter et à photographier, difficile d’y aller en bus où en co-voiturage.
Le « pas de bras = pas de chocolat » ramené à mon cas serait plutôt : « pas de voiture = pas de photos ».


Jérôme Sevrette
Juillet 2016

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Timothy Hunt

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LES ESSENTIELS DE TIMOTHY HUNT

« Other than food and water, I think a sketchbook, a pencil are my true essentials »
by Timothy Hunt, illustrator.


Timothy Hunt
Juillet 2016

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Michel Valente

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LES ESSENTIELS DE MICHEL VALENTE

Je n’ai pas réfléchi longtemps pour choisir mes essentiels. Par contre, je me suis longtemps questionné pour savoir comment j’allais les représenter ces essentiels. Après des semaines de tâtonnements, d’expérimentations, d’échecs, j’ai finalement choisi cette image que je m’imagine être un négatif de mes essentiels. Un négatif de moi-même.

Dr MARTENS : Je ne m’imagine pas vivre sans une paire de Dr Martens. Les chaussures parfaites. Celles-ci, ce sont les premières que j’ai juré à ma mère de garder toute ma vie.

Feuille BLANCHE / Feutre NOIR : Brel disait que sans travail, un don n’est rien qu’une sale manie. Je ne sais pas si j’ai un don mais oui, j’ai une sale manie : celle de dessiner partout sauf chez moi. En cours, en réunion, au bureau. Partout où je ne devrais pas. Le bruit du feutre sur la feuille a sur moi, le même effet que le diamant se posant sur le vinyle. Il m’apaise.

Fernando PESSOA / Le livre de l’intranquillité : Daniel Darc disait que plus fort que ce livre, il n’y avait pas. Je l’ai lu, c’est certain, où je ne sais pas, impossible de retrouver l’interview. Peut-être l’a-t-il dit pour d’autres livres, peu importe. Quand je dessine au bureau, je pense souvent à Pessoa et plus particulièrement à son hétéronyme, Bernardo Soares, le personnage du Livre de l’intranquillité. J’aimerai que mes dessins aient la même force que ses écrits même si je sais que c’est un vœu pieux.

AMALIA Rodrigues / Canta Portugal : Pour ne pas oublier d’où je viens. Pour ne pas oublier d’où vient ce disque. Pour cette pochette mélancolique qui résume à elle seule, la saudade. Parce que cette saudade vieille de plusieurs siècles et qui coule dans mes veines m’a, j’en suis convaincu, conduit vers cette pop mélancolique que j’aime tant.

MOTOWN Complete Singles / 1966 : Non pas pour ce que représente 1966 dans l’histoire de la pop mais plutôt parce que ce coffret contient mes deux chansons préférées de la Motown : Heaven must have sent you et Beauty is only skin deep. Ce ne sont pas les plus grandes chansons de ce label incroyable. Ni les plus belles d’ailleurs. Seulement mes plus belles à moi.

Un JEAN : J’ai une quantité, comment dire, non négligeable de jeans. Je me suis mis à les acheter comme les disques : avec obsession.

Une paire de TONGUE : Je souffre tellement des pieds qu’il m’est impossible d’imaginer une vie sans tongue. Plus qu’essentiel, indispensable.

Bret Easton Ellis / LUNAR PARK : Le livre que j’aurai aimé écrire.

Yves Adrien / Novövision : Un livre qui est plus qu’un livre. C’est une œuvre d’art. Rien de moins.

Un Tire-BOUCHON : Pour le plaisir d’ouvrir une bouteille de vin.

Une boîte avec les dents de laits de mes ENFANTS : Je sais que plus tard, quand ils seront partis, je regarderai cette boite pour me souvenir de leurs rires d’enfants.

BIRDIE / Some Dusty : C’est le disque vers lequel je reviens le plus souvent. Il est, pour moi, mon disque parfait. Il est la synthèse de mes obsessions musicales. L’élégance et la douceur de cette voix féminine, la mélancolie des refrains, la douceur des instruments. Ce disque est un rêve. Ou plutôt, allez soyons égoïste, mon rêve musical qui serait devenu réalité.

FELT / Let The Snake Crinkles Their Head To Death : Dans la liste de mes projets que je ne réaliserai jamais, il y a ce film sur l’enfance. Je n’ai pas l’histoire précise je n’ai en tête que la scène d’ouverture : Le printemps. L’après-midi. Un enfant sur un vélo, zigzaguant. Musique de fond, Song for William S. Harvey.

Elvis PRESLEY / The Complete 50’s Masters : Louis Skorecki a écrit que le rock était né en 1954 et mort en 1958. Je ne voyais pas où il voulait en venir jusqu’au jour où j’ai découvert les Sun Sessions d’Elvis Presley. J’ai alors compris où il voulait en venir. Je ne peux que lui donner raison.

IPHONE : Comment je faisais avant ?

IPOD : Xavier de Maistre a écrit Voyage autour de ma chambre, je rêverai d’écrire Voyage avec mon Ipod.

Un appareil PHOTO : Pour enfin, franchir le pas et oser l’argentique.

The SOPRANOS : Ma madeleine de Proust.

Jean-Jacques SCHUHL / Intégrale : Il est à la littérature ce que The Velvet Underground est à la musique. Un monument. Peu de personnes ont lu Rose Poussière mais tous ceux qui l’ont lu se sont lancés dans la littérature.

The VELVET Underground / Peel Slowly and see : Ils sont à la musique ce que Jean-Jacques Schuhl est à la littérature. Un monument. Peu de personnes ont acheté The Velvet Underground & Nico mais tous ceux qui, à l’époque, l’ont écouté ont monté un groupe.

Une CRAVATE : Je ne conçois plus de me rendre sur mon lieu de travail sans porter une cravate.

The BEATLES / Intégrale MONO : Qui n’a pas écouté Rubber Soul en Mono n’a jamais écouté Rubber Soul.

Un badge MONO : Parce que Phil Spector.

Marvin GAYE / Let’s Get It On : Marvin Gaye au somment de son art. Amoureux. En souffrance.

Un tourne-DISQUE : Tourne, tourne et tourne encore.

Louis SKORECKI / D’où viens-tu Dylan ? : J’aime le Louis Skorecki qui parle cinéma mais je préfère le Louis Skorecki qui parle musique et ce petit livre sur Bob Dylan, recueil d’articles sur le bonhomme, est non seulement fascinant mais il est, outre un autre regard sur Dylan, une porte d’entrée vers d’autres musiques.

Jean-Pierre GEORGE / Le Diable et la Licorne : Un livre d’une élégance rare. Un livre culte.

Sharleen SPITERI / Melody : Le plus beau des disques-hommages. Et puis, il y a cette pochette, magnifique, qui résume à elle seule toute la musique que j’aime.

The RONETTES / Presents Veronica : Pour, entre autres mais surtout, le cataclysmique Be My Baby, sommet inatteignable de la pop.

Otto PREMINGER / Le Cardinal : Dans cette fresque humaine, il y a les deux plus beaux, les deux plus admirables, les deux plus douloureux portraits de femmes que j’ai vu au cinéma. Romy Schneider n’a jamais été aussi belle et émouvante. Jamais.


Michel Valente
Mai 2016

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Marianne Dissard

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LES ESSENTIELS DE MARIANNE DISSARD

Sorry but I do get noticed. I am energy. My hair matters, what I look like. I am queen.
What I put in my body and who you are to me. What do you think of me? Not everyone can get close. I am damaged easily. Not everyone can stand with me. Break my heart but I don’t have a room. I have many, adding to one.
Here now, gone already. Anger and too much of a few good things. But I am stubborn, oh dear, and ambition for the finer things and unlofty ideals. I am boss, I run your world if you let me, and mine stealthily, with so much joy, a kid. Let’s do it!

I can do anything. Are you ready too? Hear me out, I joined the circus! Together, we can be any grand young and old story! Let’s play! I love you, love me and we’ll be fine.


Marianne Dissard
Mai 2016

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Jarvis Platini

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LES ESSENTIELS DE JARVIS PLATIINI

“L’ essentiel, c’est le reste moins l’intime…
C’est une mémoire précaire, changeante, limitée, pleine de brouillons déjà morts et de projets en sursis…
Un contenu invisible aux autres, l’essentiel c’est l’opacité lumineuse d’une chanson non encore écrite, les mots dissimulés et  calamiteux d’un roman sur l’évidence…
Mon essentiel, c’est tout ce qui cherche à sortir de moi, tout ce qui en sort, tout ce que je parviens à en maîtriser, tout ce que j’abandonne après l’avoir chéri …
Mon essentiel n’est pas l’amour des miens – qui est mon essence intouchable – l’essentiel c’est juste ce qui me brûle, ce qui me mord, ce que je tue après l’avoir désiré, créé, poli, puis oublié, tout ce qui me pousse à profiter de la valeur fluctuante de l’existence, sans jamais aucune obligation de résultat”.


Jarvis Platini
Mai 2016

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soundcloud.com/jarvis-platini

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Take A Look At Me Now…

Subtile manoeuvre pour opération marketing en quête de visibilité ou simple démarche artistique d’un artiste qui assume son âge ? “Take a Look At Me Now” est au départ, une simple opération de réédition des albums solos de Phil Collins, remastérisés et enrichis de titres bonus pour cette occasion.
Pour dépasser cette approche classique, Phil Collins a souhaité apporter une touche plus personnelle pour ces rééditions, en récréant le plus fidèlement possible, les pochettes d’époque (très largement des portraits de lui) mais avec son visage d’aujourd’hui.

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L’idée semble évidente et facile à première vue, mais en y réfléchissant, on imagine alors la difficulté du projet pour recréer les conditions originales du shooting
: la pose de Collins lui-même, l’expression de son visage, son regard mais aussi les conditions techniques du studio (sources de lumière, type d’éclairage, traitement du tirage) voir la nature même des appareils et des pellicules utilisés par les photographes à l’époque (très certainement de nature argentique).

Le projet a d’abord nécessité une analyse technique minutieuse de chaque prise de vue originale. Ensuite, une équipe dédiée (directeur artistique, photographe et retoucheur) a recréé en studio les conditions techniques du shooting initial pour chaque pochette. Les directives artistiques sont d’utiliser au minimum les possibilités techniques de la retouche (le projet aurait alors pu être considéré comme une simple performance de retouche) et de s’approcher au plus près de l’image originale lors de la prise de vue.

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Pour cela, une collaboration étroite s’est installé entre Phil Collins lui même, le photographe qui a dirigé le shooting et le studio digital (pour l’occasion directement relié à l’appareil photo).
Pour garder une certaine “fraîcheur”, l’équipe décide que le choix de la photo se fera au jugé, et donc quasiment en instantané lors de la prise de vue. On retient donc l’image la plus proche de la pochette originale et qui necéssite le minimum de retouche. La typgraphie utilisée et la mise en page de la pochette originale sont respectées.
La pochette est ré-éditée.

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Prenez le temps de regarder la pochette originale et la pochette de la réédition, et vous mesurerez le travail accompli, qui d’un coup d’oeil rapide aurait pu vous sembler un simple pastiche, voir passer totalement inaperçu !

 


Pour plus d’informations : philcollins.com

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Être là…

Soirées Walden, 14 Mai 2016
La Manufacture Chanson / Paris

Les soirées Walden sont des rencontres musicales sur le principe d’une double affiche. Elles sont organisées par le chanteur et compositeur Florent Nesles, qui partage chaque soir la scène avec un invité différent.

L’invité de ce soir est Naim Amor, chanteur et compositeur français, qui vit à Tucson (Arizona), depuis 20 ans.

Accompagné de sa guitare, Naim nous balade dans les grands espaces américains, tels des Tumbleweed virevoltants dans le souffle de son inspiration. Ses chansons, chantées en français ou en anglais, sont entrecoupées de morceaux instrumentaux qui sont autant de bandes-son de films imaginaires.

Un moment rare.

Naïm Amor est en tournée française du 14 au 30 mai 2016.
Une belle occasion de le voir. Soyez là.

14.05 • Paris (ACP La Manufacture Chanson) + Nesles
17.05 • Saint-Lô (Hôpital Mémorial France-USA) + Lewis Evans
18.05 • Nantes (Jardin des Plantes) – 16H00
19.05 • Bordeaux (Concert en appartement)
20.05 • Toulouse (Le Bol Rouge)
21.05 • Rodez (Musée Fenaille) + Saåad
22.05 • Albi (Maison d’hôtes Les Platanes)
24.05 • Lyon (Le Bal des Fringants) + Riegler Girl & The RG’s
25.05 • Saint-Étienne (Le Remue-Méninges)
27.05 • Lausanne (La Datcha)
28.05 • Dijon (La Maison Perrichet) + Alexi Ponçot
30.05 • Paris (Le Pop In)

Plus d’informations:
www.naimamor.com
www.naimamor.bandcamp.com
Interview Pop, Cultures et Cie

Photographie Naim Amor © tucsonpeoplelife.com

 

Y. Monerie

My essentials for Stereographics © Y. Monerie

LES ESSENTIELS DE Y. MONERIE

1. La musique avant tout : une des pochettes qui me font les plus regretter le vinyl et les années 70-80. Purement esthétique.
2. Narcisse et Goldmund : hésiter entre la rigueur et l’appel de la création. Toujours.
3. … et l’appel du dehors. Aussi souvent que possible.
4. Dans la poche, en permanence : un médiator, un Ganesh – le trublion – pour la vigilance.
5. Le travail du bois, comme un contact charnel et l’idée d’un métier qui aurait pu être manuel.
6. Le surf et la beauté sauvage des vagues. Les landes, au moins une fois par an. Le bruit sourd d’un glissando en apesanteur.
7. Drift, The Apartments : l’album que j’ai probablement le plus écouté avec The Fugitive Kind des Swans Way, Baby, The Stars Shine Bright des Everything But the Girl et Pacific Street des Pale Fountains. L’album du retour et de la solitude. Mon album préféré de The Apartments reste All You Wanted – un trajet Montpellier/Genève pour l’acheter en Vinyl (une autre époque !) – mais Drift m’a suivi si longtemps…
8. Le chapeau de mon grand père : une idée de la famille et une pensée pour mon épouse.
9. Les amis, les apéros entre amis et l’essuie-main à l’espagnole qui va avec.
10. Une matrice de police en plomb pour une longue tradition familiale autour de l’imprimerie, la typographie, le journalisme.
11. Mon outil de travail quotidien.
12. Une belle chimère : mi-faire-part de bonne année (l’annonce d’un renouveau), mi-renouveau (l’annonce de quelques bonnes années). Et surtout de belles rencontres.
13. (hors cadre) Photo de mon mariage.


Y. Monerie
Avril 2016

My essentials for Stereographics by Y. Monerie
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