Matthew Edwards

My essentials for Stereographics © Matthew Edwards

LES ESSENTIELS DE MATTHEW EDWARDS

1 — New York Tenderberry by Laura Nyro. In so much as one can consider a record essential so I consider this to be. I have never been without it wherever I have lived and I have bought copies for many of my most loved people. For me it is indispensable – It made me fall in love with the idea of New York as a passionate English schoolboy. This is the first copy I owned so excuse it’s tattiness.
2 — A key ring with my childhood address etched into a steel disc by my father. My Dad loved making things and had a very utilitarian aesthetic. I carry it with me always.
3 — A St Christopher that was given to me by my Grandmother on the day I was born. Nan had 30 grandchildren and for some reason I was the favoured one. It is always on my person.
4 —The Green Book – When I have a song 90% written it goes into this green wallet. It’s from the 1930’s and was a bookmakers racetrack diary/ note-book. I found it in a barn years ago.
5 — A 1963 Guild Parlour acoustic guitar. Bought in Santa Rosa a few years ago from a man who’d owned it from new. Sometime in 1967 he changed the headstock logo to a carved rose. As I walked away from his house with it I turned around and saw he was crying. It was precious to him and it is precious to me.
6 —The Unfortunates by BS Johnson. It gave me the name of my group. I love Johnson although this is not my favourite of his. That would be ‘Trawl’.
7 — A Season Ticket to watch Birmingham City FC. I am a Birmingham City supporter from birth. All my family are from within half a mile from the ground in Small Heath and we all supported the Blues. Being a Bluenose is an awful curse – we snatch defeat from the jaws of victory over and over again. BCFC are my only religious affiliation.

Matthew Edwards
Décembre 2017

Plus d’informations sur Matthew Edwards
www.facebook.com/MatthewEdwards
To buy the record – https://matthewedwardsandtheunfortunates.bandcamp.com/releases

My essentials for Stereographics by Matthew Edwards
© Matthew Edwards / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Helena Noguerra

My essentials for Stereographics © Helena Noguerra

LES ESSENTIELS D’HELENA NOGUERRA

Mes essentiels ?

Tu sais,
Mon canapé rouge.
Ma Brigitte.
Mes anges.
Les photos.
Mon bureau.
Rezvani.
Le vin.
Les cigarettes.
Ma guitare et mon Bambi.
Mes rouges à lèvres et mes vernis rouges.
Mes vinyls et mes papillons.
Ma guitares et mes chansons.
Le Bleu.
L’amour.
Dumbo.
Mes souvenirs.
Duras.
Mon futur, mon présent, le passé.
Un homme, deux hommes, un homme.
Mes briquets.
Le feu.
Les fleurs.
Une pirate.
Un grand amour.
13 rue de l’Espoir.
Pierre et Gilles.
Un parfum, deux parfums, trois, quatre.
Le tempo.
Pizzicato Five.
Emmanuel Bove.
Un ami. Deux amies, cinq, six.
Ma main.
Ta main.
Une alliance.
Un sourire.
Elle avait le rire discret de celles qui ont trop espéré…..

Helena Noguerra
Novembre 2017

Plus d’informations sur Helena Noguerra
www.facebook.com/helenanoguerra

My essentials for Stereographics by Helena Noguerra
© Helena Noguerra / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Matthieu Malon

My essentials for Stereographics © Matthieu Malon

LES ESSENTIELS DE MATTHIEU MALON

A force de répéter que je ne suis pas matérialiste, je me rends compte – en répondant à ce petit exercice – qu’il y a finalement des objets auxquels je tiens et qui forment mon quotidien.
Ce fut relativement aisé de les rassembler et, contrairement à mes craintes, je n’ai pas eu besoin de retourner la maison, ils sont bien là, à portée de main tous les jours.
Et même si je ne les touche pas régulièrement – pour certains – ils me sont tous indispensables.

Ma Guitare préférée
C’est un modèle plutôt rare de Fender Telecaster. Je l’ai découverte un jour de l’an 2000 dans un magasin de Pigalle à Paris. A l’époque, elle était neuve et je n’avais pas les moyens de l’acheter. 2 ans plus tard, ayant économisé et cette fois-ci décidé à m’acheter une bonne guitare, je suis retourné dans le même quartier (mais dans un autre magasin) et je suis tombé nez à nez avec elle… Exactement la même ! C’était une chance incroyable (le destin ?) et depuis c’est la guitare qui me suit partout, à la maison, en studio, sur scène. Certains la surnomment “doudoune” et je l’aime d’amour.

Un casque
Vivre en ville et faire de la musique bruyante, c’est rarement compatible. Et quand en plus on travaille la nuit, il faut un bon casque, précis et qui ne fatigue pas les oreilles. Celui-ci est irréprochable et m’évite pas mal de querelles inutiles avec mon voisinage.

Une Magic 8 Ball
Je ne suis pas du tout superstitieux, je ne lis jamais l’horoscope mais j’avoue que je lui demande souvent conseil à cette boule, comme ça juste pour voir. Elle trône dans le salon, je l’ai ramenée d’un voyage à Los Angeles, elle parle donc anglais, mais on trouve désormais une version française depuis quelques années par chez nous !

Des livres
Je lisais beaucoup, je lis moins. C’est un constat qui me rend souvent triste et j’essaie de m’aménager du temps disponible pour lire. Avec mon grand âge, je m’endors au bout de quelques lignes le soir dans mon lit, alors il faut trouver d’autres moments dans la journée. J’aime particulièrement la littérature américaine et John Fante est sans doute l’écrivain qui m’a le plus touché ces 30 dernières années.

Un Ipad
Je m’arrange avec le temps mais je reste un geek. Ca fait râler pas mal de proches, ça me fait râler aussi parfois, mais je suis accro aux machines depuis des années. J’ai eu mon premier ordinateur au collège (un TO7) et au fil du temps j’ai adoré bidouiller des boites à rythmes, des ordinateurs, des samplers, des pédales d’effet, des synthétiseurs etc… L’arrivée de l’Ipad a été une vraie bénédiction pour moi car c’est l’outil parfait, nomade, qui me permet de rassembler toutes ces passions dans un seul outil ultraportable. Ca n’a vraiment rien d’un gadget, comme je l’entends dire souvent. Grâce à lui, j’écris, je compose, je programme des rythmes, des mélodies, je fais des démos, je programme des séquences pour mes concerts. Je lis aussi, je vais sur internet, je regarde des films ou des séries, où que je sois. Il me serait bien difficile de m’en passer…

Des films
Mes parents ont eu très tôt un magnétoscope et j’enregistrais beaucoup de films. J’ai été un spectateur assidu entre 15 et 30 ans. J’allais beaucoup au cinéma, j’achetais des dvd etc… Comme pour la lecture, j’ai moins de temps à y consacrer alors je suis plus sélectif. Mes goûts n’ont pas grand chose d’original et je suis un adorateur (pas très objectif) de Brian de Palma, ce doit être un des rares réalisateurs dont j’ai vu tous les films. J’aime aussi beaucoup les dvd et documentaires musicaux.

Des disques
La musique, c’est toute ma vie. Depuis tout petit d’abord comme auditeur, j’ai ensuite appris le piano dès 6 ans avec un professeur qui m’a donné l’amour de la musique et des mélodies. Du plus loin que je me souvienne, j’ai également toujours chanté, pour moi d’abord, pour des repas de famille, pour un petit magnétophone que mes parents m’avaient acheté… La musique a toujours rempli mon quotidien.
Il y avait pas mal de disques chez mes parents et j’ai acheté mon premier à 10 ans : c’était “Beat It” de Michael Jackson, au centre commercial du coin. Depuis, j’achète toujours beaucoup de disques, il y en a partout dans la maison et j’espère que ça va durer encore longtemps !

Matthieu Malon
Octobre 2017

Plus d’informations sur Matthieu Malon
www.facebook.com/matthieu.malon
www.matthieumalon.fr
www.breakingthewave.fr


My essentials for Stereographics by Matthieu Malon
© Matthieu Malon / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Sauf-conduit #2

Un sauf-conduit est un document accordé par l’autorité d’un gouvernement à une personne de nationalité étrangère et qui garantit à cette dernière la sécurité et la liberté de mouvement à l’intérieur et à travers les frontières de la juridiction de ce gouvernement.

 

Sauf-conduit #2

/ La musique nous habitue aux retours des voix. Ces voix qui, avec le temps qui passe, désignent des morts. C’est souvent un vertige lorsqu’après un évènement merdique – un document CAF à remplir, une rupture amoureuse, une veste trop courte, une partie de bowling imposée et autres complications – notre réflexe premier est d’aller placer sur la platine la face A de Vivadixiesubmarinetransmissionplot. Petite voix de toujours, aigre et mélancolique, trafiquée, travestie, modulée, massacrée, cachée. Mark Linkous, aujourd’hui, est une bouche d’ombre, une absence piétinée et increvable. Sa mélancolie collante manque atrocement. Et que dire de Jason Molina ? Si jeune, perdu et lamentablement trimbalé par une lune opaque, terrible – un alcool trop fort. Une mort soudaine que je réécoute invariablement comme me le confirme mon amoureuse. Voilà venir ces réunions bouleversantes où l’on délivre les moments crûs de nos vies à ceux qui ne sont plus. Ecouter Hold On Magnolia et établir des bilans à la con, des comptes-rendus tristes, puissants, savoureux, magnifiques – vivants. //

/ Je pourrais aligner une suite de phrases considérables, fidèles, débiles, sur ces grands absents mais je crois que de manière imperceptible, à chacune de leur renaissance, ils me soumettent l’idée d’aller voir ce qui se passe chez les présents.
On est ingrat avec nos contemporains, c’est ce que nous indique nos morts. //

/ En travaillant, un peu, sur Dan Bejar – le poète caché derrière Destroyer – j’ai redécouvert un groupe que j’avais laissé un peu en plan pour des raisons absolument artificielles. Je n’écoutais plus ce groupe en question car il n’était plus présent dans les cahiers critiques des journaux spécialisés. C’est un réflexe très con de décréter qu’un groupe n’est plus valable car il ne se remarque plus médiatiquement. C’est un peu comme tous ces gens condamnant des écrivains qu’ils n’ont pas lu. //

/ C’est une question d’appel la musique; une vocation, une voix qui tonne ou que l’on étouffe. Frog Eyes s’est donc de nouveau invité dans mon quotidien, de manière tenace et sans compromis. Carey’s Cold Spring m’avait été conseillé par Dan Bejar lui-même lors d’une interview. Je n’ai jamais écouté ce disque de glace et de prières, de volonté coulée dans le métal le plus pur. Par paresse et pour les raisons indiquées précédemment. Carey Mercer a perdu son père lors de l’enregistrement de cet album tout en apprenant qu’il souffrait d’un cancer de la gorge. Ah ! Ces défis connus, pressentis que nous distribue la vie, de manière groupée, toujours. Longtemps Mercer a pensé perdre sa voix – il a écouté celle des autres: Cohen, Dylan et Jason Molina. Molina et sa gorge tapissée de blues, de tragédies et beautés, a maintenu les cordes vocales de Carey Mercer. Les émotions sont éternelles, elles transpercent et façonnent nos paroles. //

/ Écoutons nos disparus, nos frères inchangés qui nous manquent tellement mais jetons nos oreilles, également, vers ces héros ordinaires; Carey Mercer et Frog Eyes sont revenus avec un disque splendide, étrange – Pickpocket’s Locket. On a l’impression d’entendre Captain Beefheart s’essayer à des reprises du répertoire de Debussy. Immanquable folie pour une incroyable voix retrouvée. //

 


Lyonel Sasso
Septembre 2017

 

 

Illustration : Claude Debussy sur la plage d’Houlgate (© BnF)

Kevin Krauter

Kevin Krauter / Photographie © Katherine Thomas

Stereographics — You play with the band Hoops. What prompted you to make a record of your own songs?
Kevin Krauter — I started writing songs when hoops started basically. Before then I would try and write songs but end up hating them the next day. I wrote a couple songs with hoops back in high school but we took a break when everyone went off to university. Around that time I was spending a lot of time alone in my dorm room and started teaching myself how to use GarageBand. I was in university choir at the time so I started writing little tunes and adding harmony parts on top which eventually turned into full songs. I put those demos up on soundcloud and Facebook and started getting some positive feedback from my friends and family so started thinking “hey I’m not that bad at this!”, haha!

Changes and Magnolia both started out as demos and were recorded over time. Did you have a project in mind or just the idea to record these songs for your own personal project? How did you meet the Winspear label and how did you meet Joe Trinite who produces Changes?
Changes and Magnolia were both recorded at my school with Joe Trinite. We met in choir and he was studying music production. At the end of my second year there he asked if I could help him record some of my songs for a final project, and that was how Magnolia came about. Almost all the songs on that EP were demos I had been working on the year before and I kind of just threw it all together. Around that time, Ben was starting Winspear and when I told him I was recording some solo material he asked if I wanted to put out a tape on his new label. So he started putting out my music and managing me from that point forward. The next year, Joe had to do the same final project so we both sent the whole year in between kind of preparing for how we wanted to record everything, and I spent that time writing songs specifically for this EP. So Changes feels more complete to me because I sort of had a more concrete vision going into it, whereas Magnolia felt more like a happy accident.

Photography by Demi Fenicle / Artwork by Nathaniel Russel


Changes
seems to mark an evolution from Magnolia, where you differentiate and deepen a very refined folk writing. It reminds me of early recordings from English artists like The Pale Fountains and Ben Watt. Do you know them? What are your musical references, the artists you love, your sources of inspiration?
I’ve never listened to The Pale Fountains or Ben Watt, but I’ve heard the comparison before. There’s a record store in Indianapolis where I live called Luna Music, and the owner, Todd, is a friend/fan of mine and a HUGE fan of Ben Watt.
I’ve alway s loved very melodic and soft folk music, as well as chamber choral music so I think that goes into whatever I make. Specifically though, around the time I was writing for Changes, I was listening to a ton of Brazilian artists like Caetano Veloso and Joao Gilberto. I still love the music so much but at the time I was totally obsessed with the tropicalia and bossa nova sound. One of my favorite bands of all time is called The Clientele, and I think I draw influence from them a lot. Lately I’ve been really into Nick Drake.

The cover of Changes is an illustration of Nathaniel Russel. How was your collaboration? You left him free to do what he wanted for the artwork. The open window and the sky that seems to go in smoke contrasts with the internal photo where you seem trapped by a tree. A double personality? A desire to escape?
Nathaniel Russell is an artist from Indianapolis who’s work I’ve always really really enjoyed. I gave him a bit of direction on what I wanted out of the cover but he mostly took the lead on it. He sent me one draft that I gave him a bit feedback on, and the next draft he sent back was perfect. Super friendly guy and really great to work with. His personal artwork is incredible, and I encourage everyone to check it out.
The insert photo is a picture that my girlfriend took of me at a nature conservatory in Indianapolis, and I just really liked it so I put it in the album. No deep meaning behind it, haha!

What are your plans for the future?
For the near future, I’ll be touring with Hoops as well as doing a small bit of touring for my solo music as well. Other than that, I’m trying to write as much as I can for Hoops and myself.

Kevin Krauter
July 2017

More informations about Kevin Krauter
kevinkrauter.bandcamp.com
winspear.biz/kevinkrauter
hoops.bandcamp.com

Merci à Fred Valion grâce à qui j’ai découvert ce trésor…

Sauf-conduit #1. Des bâtiments neufs s’effondrant.

Un sauf-conduit est un document accordé par l’autorité d’un gouvernement à une personne de nationalité étrangère et qui garantit à cette dernière la sécurité et la liberté de mouvement à l’intérieur et à travers les frontières de la juridiction de ce gouvernement.

 

Sauf-conduit #1
Des bâtiments neufs s’effondrant.

/ J’aimerais, de nouveau, me concentrer sur un moment particulier d’un disque et le réécouter jusqu’à ne plus y déceler aucunes nouveautés. Je me faisais cette réflexion en regardant La Bataille de San Romano de Paolo Uccello, ce fantasme d’affrontement où les chevaux de craie, entourés d’armures piquées de rouilles et de sang, présentent une chorégraphie unique. Les armes brisées, pourpres ou ivoires, semblent sorties d’un décor de théâtre. Mais dans ce tableau, ce que je peux voir dans le moindre détail, les yeux pourtant clos, c’est ce lévrier argenté courir après un lièvre, à travers des champs de labour. Les arrières plans, voilà ce qui m’a toujours fasciné dans la peinture de la Renaissance italienne. Ce goût de l’observation demande du temps, les vertueux appellent cela de la contemplation. S’adonner à une écoute frénétique d’un disque et de surcroît à un moment précis de ce disque, nous amène à une forme particulière de satiété, vidant l’œuvre de toute vitalité. Je me souviens avoir ressenti cette émotion ambivalente lorsque vint le crépuscule de mes écoutes d’un album comme Vauxhall & I de Morrissey. Jeune homme et absolument mûr pour les amours imaginaires, j’étais écœuré d’avoir appris par cœur cet ensemble de compositions – une véritable petite mort. C’était pourtant un grand enseignement, cette petite mort. //

/ Une grande bataille, très contemporaine, oppose ceux qui ont conscience que les éléments, les villes, les humains et leurs œuvres puissent mourrir un jour aux si touchants enfants du déni. Kafka disait : « Le meilleur de ce que j’ai écrit se fonde sur cette aptitude à pouvoir mourir content ». Cette tension produite par l’acceptation d’une fin et d’un trait définitif est le charme perdu de la musique. Ressentir cette tristesse qui nous prend lorsque l’on réalise que l’on n’écoutera jamais plus un disque d’une telle façon – dévorante et comme mendiant la moindre note – comprendre, aussi, que le groupe aimé – les Pixies, Slowdive ou encore Grandaddy – va mourir ou plus exactement est bien mort. //

/ On reproche beaucoup de choses aux retrouvailles musicales. Elles tiennent souvent de l’insupportable remake hollywoodien. Des musiques refaites plan par plan, à l’identique. Les albums de Slowdive et de Grandaddy sont moins la reprise d’une œuvre qu’une simple répétition. Pour ce qui est de la reprise d’une œuvre, il faut aller consulter le cas Don Bryant. J’ai donc essayé d’écouter, jusqu’à l’écœurement, le dernier Grandaddy. Aucun arrière plan, jamais de basculement me plongeant de l’état passion à une satiété proche du dégoût, dégoût qui me forçait jadis à ne plus écouter un album durant un temps donné pour mieux m’y replonger après une période de jeûne nécessaire. Non, désormais, il s’agit d’une simple fréquence – l’ennui, l’ennui des groupes qui ne changent pas pour satisfaire des enfants qui ont vieilli. Voilà un bouleversant paradoxe, celui de la pop moderne. Cette impression qu’autrefois les disques nous façonnaient et qu’aujourd’hui, nous leur demandons de nous ressembler.
J’aurais aimé que Grandaddy ne sorte jamais cet album, étant entendu que le groupe était allé au bout de sa proposition musicale avec The Sophtware Slump. Il faut savoir disparaître. Parfois, j’ai l’impression que nous sommes responsables de ces retours pathétiques, nous, pareils à de grands capricieux ne voulant pas croire aux choses qui finissent. Quels mélomanes sommes-nous devenus ? Plus que la qualité de ces retours musicaux, voilà la véritable question. //

/ Ce que j’aime en écoutant les albums des Smiths, c’est qu’à chaque étape de ma vie, leur approche se métamorphose. Voilà le bien précieux de la musique: elle a beau, parfois, appartenir au passé, elle se fait pourtant actuelle et nécessaire, pour chacun d’entre-nous, à un moment donné. Ineffable liberté qui rend la voix d’un mort plus incarnée que notre voisin de table lors d’un déjeuner.
Je crois que mon pire cauchemar serait d’apprendre un matin, sur un quelconque réseau social, la reformation des Smiths. Chacun irait de son commentaire puis viendrait le moment du teaser de l’album que l’on regarderait sur Youtube et pour finir, on écouterait en streaming cette production référencée et bien mise comme un musée. La bataille sera, ce jour là, définitivement perdue et on y sera pour beaucoup. //

 


Lyonel Sasso
Juillet 2017

 

 

Illustration : Paolo Uccello, La Bataille de San Romano (extrait) – Vers 1440

Theo Lawrence & The Hearts (Live Report)

Theo Lawrence & The Hearts / Photographie © Pascal Blua

Theo Lawrence & The Hearts
Fête de la musique, Hôtel de Matignon, Paris — 21 Juin 2017

Il y a des personnes qui rêvent de monter les marches de Matignon… Pour ma part, je m’y rend ce soir pour assister à un concert. Et le souvenir ému que j’en garde, dépasse celui d’une chouette soirée musicale.

Le concert commence. Un jeune garçon passe à côté de moi, s’avance vers la scène, poussé par sa mère, qui lui a visiblement donner l’autorisation de s’en approcher. Il s’agrippe à la barrière et lui fait signe qu’elle peut repartir. Il doit bien avoir une petite dizaine d’années. La casquette qu’il porte, rivée sur la tête, ne lui enlève pas son air sage et timide.

Il n’est pas très grand et la scène est un peu haute. Il a les yeux rivés sur le groupe et plus particulièrement sur Theo, qui occupe le devant de la scène. Droit comme un i, sans bouger d’un quart de millimètres, il ne le quitte pas des yeux. Il est figé, comme « émerveillé ».

Il m’entend murmurer les paroles d’une chanson, se retourne et nos regards se croisent. Je perçois un mélange de concentration et de bonheur dans ses yeux. Il me sourit et d’un coup d’oeil, nous sommes devenus complices.
Je m’interroge… est-ce son premier concert ? …une sortie longuement négociée ou le hasard d’une déambulation dans les rues un soir de Fête de la musique ?

Sa mère viendra le voir plusieurs fois. Ses allers-retours nous agace. Je me pousse pour la laisser passer, il se retourne pour lui dire que tout va bien. A chaque fois, j’entends son regard me supplier : « S’il vous plait monsieur, dites lui qu’elle me laisse tranquille ».

Nous n’aurons finalement pas trouver l’occasion de nous parler. Mais ce que nous nous sommes dit ce soir là, à travers nos regards passionnés, dépasse les mots.


Pascal Blua

Epilogue.
En partant,  je ne peux m’empêcher de penser à cette soirée de 1978 où j’ai assisté médusé à mon premier concert. Après, plus rien n’a été pareil. J’espère de tout coeur que ce sera la même chose pour lui.

Ce  texte est dédié à Theo Lawrence & The Hearts.

theolawrencemusic.bandcamp.com

 

Bertrand Lapicorey

My essentials for Stereographics © Bertrand Lapicorey

LES ESSENTIELS DE BERTRAND LAPICOREY

“ Demandez-moi mon film, mon disque préféré, les livres que j’emporterais sur une île déserte, ou les choses dont je ne pourrais pas me passer (le fameux “jamais sans mon/ma/mes…”) et instantanément je me tétanise comme le hérisson, le lièvre, le renard, le sanglier, la biche, la chèvre, le cerf, le chamois, ou le bouquetin (je suis bien évidemment complètement indécis question totem animal) la nuit pris dans les phares d’une voiture. Mon cerveau se fige avant de repartir au ralenti, c’est en général le moment où après un long silence gêné je sors des noms qui me passent par la tête en poussant un soupir de soulagement, équivalent à une sortie d’apnée, une fois la tâche accomplie.
C’est dire ma réaction quand j’ai reçu un email de Pascal Blua me proposant de participer à son projet des “Essentiels”. Incapable de choisir comme dans une pièce de Corneille, de trier ou de réduire à l’essentiel, j’ai fini par faire une liste touffue, baroque, de bric et de broc, de lieux, de films, de livres, de disques et d’artistes qui cartographient mon univers et jalonnent mon parcours toujours en mouvement, poussé par la découverte, la curiosité, l’échange et le partage. Elle me dévoile autant qu’elle me dissimule, c’est peut-être pour ça qu’elle est très longue.

Bertrand Lapicorey
Juin 2017

Plus d’informations sur Bertrand Lapicorey
www.facebook.com/bertrand.lapicorey
culturismeblog.com

My essentials for Stereographics by Bertrand Lapicorey
© Bertrand Lapicorey / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Visuel créé à partir d’une peinture de Carmen Herrera (b. 1915), Green and Orange, 1958.
Acrylic on canvas  (152,4× 182,9 cm). Collection of Paul and Trudy Cejas © Carmen Herrera

JC Brouchard

My essentials for Stereographics © JC Brouchard

LES ESSENTIELS DE JC BROUCHARD

Mon premier réflexe pour ces Essentiels a été de commencer mentalement une sélection de disques et de livres qui comptent pour moi. Un pari impossible. Ne serait-ce que pour les disques. J’en chronique régulièrement dans mon blog depuis onze ans et demi maintenant, soit plus de 1.350 disques. Ils ne sont pas tous essentiels, mais ils ont tous une histoire et m’ont tous intéressé à un moment ou un autre. Alors, trier dedans, à quoi bon ? Sans parler de tous les autres qui n’ont pas eu droit à leur chronique.
Très vite, j’ai changé d’avis et je me suis dit que, à la rigueur, je pourrais me passer si je le devais de ma discothèque et de ma bibliothèque, mais il y a une chose qui est devenue essentielle pour moi, c’est mon ordinateur, avec ses données sur le disque dur et sa connexion à Internet. Avec ça, si le chat me laisse y accéder, je peux écouter de la musique, rédiger des textes et les publier en ligne, communiquer avec les amis et des inconnus, m’informer, faire des achats… Ça me va bien !

JC Brouchard
Mai 2017

Plus d’informations sur JC Brouchard
vivonzeureux.blogspot.fr

My essentials for Stereographics by JC Brouchard
© JC Brouchard / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Cathy Claret

My essentials for Stereographics © Cathy Claret

LES ESSENTIELS DE CATHY CLARET

J’ai pris 3 ou 4 objets à la volée sans trop réfléchir, je suis très instinctive. Ensuite, j’ai fait une photo avec mon téléphone et j’ai vu que tout mon monde était là… c’est étonnant !

Dans ce petit monde (le mien) on peut voir :

Au sol, le drapeau gitan : le bleu et le vert représentent le ciel et la terre et la roue rouge, le nomadisme.
C’est le seul drapeau que j ‘aime car il ne représente pas un pays mais au contraire, la liberté totale !

Un disque de Camarón de la Isla, mon idole, un vrai rockeur gitan.

Un funambule car j’adore me jeter dans le vide sans savoir ou je vais. J’aime le cirque.

Le métronome représente la musique. qui est ma vie et ma passion.

Le cendrier Perrier représente les sources d´eau du département du Gard d’où je suis originaire.

Une petite TV, comme le symbole de mon amour pour les réseaux sociaux.

Et la petite danseuse qui pourrait être ma fille….

C’est fou, j’ai choisi ces objets quasiment au hasard et après analyse, c’est tout a fait moi !

Cathy Claret
Juillet 2017

Plus d’informations sur Cathy Claret
www.facebook.com/cathyclaretoficial
www.instagram/cathyclaret
www.twitter.com/cathyclaret
www.facebook.com/cathyclaret

My essentials for Stereographics by Cathy Claret
© Cathy Claret / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author