Christophe Lavergne

Mes Essentiels pour Stereographics par Christophe Lavergne

LES ESSENTIELS DE CHRISTOPHE LAVERGNE

New Order ou Joy Division. Parce que ces 2 groupes m’ont particulièrement accompagné dans
mon cheminement artistique. Leur approche musicale et visuelle si souvent singulière favorise
l’imaginaire, ce qui m’a toujours enthousiasmé.

Elli et Jacno. Parce que le duo représente le vrai chic parisien depuis les Stinky Toys. Main dans la main
ils composaient de mémorables ritournelles électriques durant leur courte carrière.
Ici dans un album d’inédits magnifié par une peinture de Loulou Picasso, ex Bazooka, trublion de l’action
graphique qui m’a beaucoup marqué.

Orange Juice, parce que cette formation phare de la scène écossaise du début des années 80 aux
vertus énergisantes était le parfait croisement entre le Velvet Underground et Chic. Edwyn Collins, il n’y en
a qu’un comme toi.

Graphis, parce que petit, j’étais entouré de revues graphiques que possédaient mon père (directeur
artistique dans la pub) : Graphis ou bien Letraset, Mecanorma. Ce qui a grandement permis de développer
ma culture graphique. La source de ma vocation.

Factory, parce que ce fut le label de musique le plus singulier par son approche atypique très affirmée.
Elaboré entre autres par Peter Saville, l’emblématique créateur et son habile réappropriation de l’art et du
design, Central Station Design et 8vo, il a introduit dans la musique le concept de design de haute qualité
et d’avant-garde. Un plaisir permanent de découverte sonore et visuelle.

Brian Eno, parce qu’en création, les stratégies peuvent être obliques, J’utilise souvent la technique du
hasard pour agencer des réalisations. J’admire beaucoup le travail de cet artiste en solo ou bien avec
Roxy Music.

La débauche, parce que c’est la première pochette d’album que j’ai conçue pour le groupe de mon frère
Les Freluquets sur le label Rosebud. Grâce à son succès critique, cela m’a ouvert des portes à la capitale
pour me lancer dans la création graphique rémunérée.

The Face magazine. Parce que ce fut la plus belle vitrine de l’après punk. Superbement mis en forme
par Neville Brody. Ce fut le premier magazine avec ID à traiter de culture, mode et musique sur le même
plan. The Face et Neville Brody par leur innovation furent une véritable source d’influence. J’ai choisi le
numéro avec Terry Hall en couverture car je tenais à lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Jean-Paul Goude, parce que c’est l’un des artistes aux créations qui ont le plus marqué notre mémoire
collective. Tour à tour illustrateur, directeur artistique, photographe, réalisateur dans une approche
ludique, il crée un univers à la fois populaire et sophistiqué.
Mon choix s’est porté sur Grace Jones « Nightclubbing » l’album dont le contenu et le visuel sont aussi
indémodables.

Orelia, parce que l’un de mes premiers shootings, à l’époque face à l’appareil photo. Il s’agissait d’une
limonade du groupe Orangina. Ma carrière de « modèle » fut assez brève.

FC Nantes, parce que supporter prend vraiment tout son sens avec ce club.

J’aurais pu ajouter David Sylvian, le Banyuls, Paul Rand, Kraftwerk, Maurice Binder…

Christophe Lavergne
Octobre 2023


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Mes Essentiels pour Stereographics par Christophe Lavergne
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Anne Marzeliere


LES ESSENTIELS D’ANNE MARZELIERE
Notes d’été, Août 2022

Cher Pascal, j’ai une terrible envie de rebaptiser ‘Mes Essentiels’ en ‘My Favorite Things’.

 
LA MUSIQUE en général, le saxo et les cuivres en prise rapprochée.

John Coltrane toujours,

Miles Davis, Bill Evans, Sonny Rollins et Chet Baker, c’est la joyeuse bande son de mon enfance, la grand-messe du dimanche matin. Un père libraire et collectionneur de disques ; j’ai eu cette chance de grandir entourée de piles de bouquins à perte d’oblique et de vieux vinyles de Jazz qui tournent et craquent. J’avais 16 ou 17 ans quand j’ai suivi des cours de saxo, indolente et rêvant de solos interminables au son déchirant, fragmenté à l’infini. Raté…
 
Mais le Jazz est là, les musiciens, l’ambiance des clubs, dans ma tête…, les pochettes de disques, Blue Note s’il faut une ligne directrice. L’émergence du cool, les signatures respirées. Les archives photo de cette période me nourrissent ; Bill Evans, classe ultime. Qui sait, si dans une autre vie je ne m’éternisais pas tous les soirs à Greenwich Village au 178 de la Septième avenue, au temple Vanguard.

Le Jazz, corps secoué qui transpire et avale la lumière ; je le trouve partout. Dans le cinéma : Cassavetes, Jarmush et son compère John Lurie, revisitant Ornette Coleman ; addiction !

Retour sur mes années lycée section Lettres & Arts. Rennes, rues bourgeoises mais le rock submerge la ville. Je fréquente l’Ubu, traîne chez Rennes Musique où l’on attend fébrilement, chaque mercredi, l’arrivée des nouveautés du catalogue Sarah Records – empreinte indélébile…

Ma chambre d’ado, c’est Field Mice, Blueboy, qui tournent en boucle, tripes secouées. Souvenir d’affiches maintenant fanées des Smiths, de pâles numéros du Melody Maker. On devine des traces de rouge à lèvres sur des pochettes de disques ; ma nature.

Plus tard, je n’aurai de cesse de chercher des accents de sax, des renforts de cuivres partout et dans tous les genres musicaux ; ça remue, ça embarque plus loin.

Il suffit que j’écoute Roxy Music, les Dexys, Orange Juice ou Pale Fountains, et je jubile puis fonds. Ce même héritage retrouvé chez Violette avec la jeune et enthousiaste génération Tigers & Flies. La musique est omniprésente dans ma vie, c’est ainsi. Je me trouble face aux arrangements et au phrasé de Whitney K, Perio. Enceinte nomade partout, addict sans états d’âme. 


LA PHOTOGRAPHIE, ma respiration.

Je flashe ici à l’improviste, là à l’instinct, sur la trace de ce que j’ai lu, écouté, comme si tout devait avoir un sens finalement ; ce cinéma intérieur.
J’aime de plus en plus filmer – j’ai installé une application caméra Super 8mm sur mon téléphone. Prête à raconter.
Déclencher, zoomer, cadrer, surexposer, c’est mon truc ; l’œil s’installe à l’extrémité du procédé.
Je ne suis pas une collectionneuse d’appareils photos, j’en possède plusieurs toutefois, sans y compter.
Je ne résiste pas aux livres d’Art en général, de photographie en particulier. Étourdie, parfois je m’offre des tirages numérotés, c’est mon dada, plus que les bijoux !     
Je suis toujours en quête d’une édition du Rock Diary d’Hedi Slimane, dans sa version originale, épuisée à date. Faîtes offre svp. 


LIRE – ECRIRE
Mes carnets d’écriture.

On l’entend siffloter et conseiller un client, des pinces double clip sur son bureau, le parfum de la colle à reliure, et celui de son écœurant tabac brun qui flotte dans l’air.

C’est lui, mon père qui a su me transmettre sa passion des livres, l’objet si précieux – et le goût de lire comme on embarque pour un voyage, avec ses escales, ses errances, ses rencontres.

J’aime les correspondances passionnées, la poésie italienne. Je suis aussi Beat Génération, je suis libre. 

J’admire ceux qui savent mettre en mots, les émotions, les textures.

J’empile des cahiers que je nomme affectueusement nightscapes, petits carnets saturniens, journal de rêves. J’écris très mal, c’est parfois même indéchiffrable, mais je laisse ces traces. Flashs foutraques et fulgurances, ça réfère à l’urgence, c’est éphémère et volatile, comme un baiser volé. Mais c’est là.

Et je collectionne ces éclats de mots, paroles de chansons, étincelles, comme les pièces d’un puzzle abscons et …. j’en fais des photographies.


LE TEMPS DE L’ADOLESCENCE.
J’ai été très touchée par ce poème d’ouverture, rédigé depuis Mexico par mon ami Gwenaël, véritable soulmate dès nos années lycée.
Je reste fixée sur cette période mais pas de façon nostalgique.
Car tout recommence, tout revient, et nous sommes toujours curieux, en appétit.  
J’ai retrouvé une partie de notre correspondance, sur papier Xerox style. Il m’écrivait à l’été 88, lézardant sur la pelouse de Regent’s Park ; on esquissait alors nos horizons.
Je suis fière de son parcours ; artiste reconnu, esthète et passionné, il est un comme un miroir, une boussole.
Rester connectés avec nos aspirations, rêves et désirs de jeunesse, vérifier que l’on ne s’en éloigne pas trop finalement, je trouve ça essentiel.       

 
MARCHER.
Il parait que je suis une génératrice d’énergie, j’ai du mal à m’arrêter de gamberger, et même quand je semble contemplative, ça bouillonne à l’intérieur. Pour calmer cette frénésie, je marche, je marche beaucoup et longtemps, fais l’éloge des chemins de la lenteur.

CONDUIRE.
C’est grisant de conduire, j’adore ma voiture ; je roule trop vite en campagne et pas assez sur autoroute, je me sens libre et inspirée quand je suis au volant. J’entretiens d’ailleurs, depuis quelques années, une relation épistolaire brûlante avec les agents de la sécurité routière. Labyrinthique et dispendieuse.

EN VRAC.
Un vieux pull marine tout déchiré aux coudes,
Des écouteurs,
Mes badges A Love Supreme et Pasolini,
Le livre ‘Le cas Coltrane’ d’Alain Gerber.
Des horribles sucrettes,
Un tee-shirt Basquiat trop petit pour moi,
Mon médaillon symbole soleil,
Un tube de lipstick, couleur Red Hot ou Cinéma.  
Des crayons noirs yeux charbons, 
Deux parfums adorés, un d’hiver, un d’été.



Fin de notes et avant derniers mots.
“Love is a stream, it’s continuous, it doesn’t stop”
John Cassavetes.

Anne Marzeliere
Janvier 2023

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My essentials for Stereographics by Anne Marzeliere
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Philippe Lavergne

My essentials for Stereographics © Philippe Lavergne

LES ESSENTIELS DE PHILIPPE LAVERGNE

Rickenbacker 330 Jetglo : ma première “vraie” guitare. Un rêve depuis que je passais des heures à dévorer du regard les pochettes des Jam et des Chords.
A mes côtés depuis 1985 mais je la redécouvre en quelque sorte aujourd’hui, comme une ancienne fiancée perdue de vue un long moment et que l’on rencontre à nouveau. Et, agréable surprise, elle est toujours aussi belle.

MacBookPro : sans ordinateur, pas de connexion avec la France, les amis, la famille, l’actualité. Ma fenêtre vers l’extérieur, ma vie américaine étant plutôt confinée. C’est aussi ma TV, mes archives, etc. Un outil devenu indispensable.

Fouet : outil de travail. Aucun rapport avec le métier que j’exerçais en France mais ma famille a toujours eu le goût pour les bonnes choses donc quand il fallu me lancer sur le marché du travail américain, cette solution s’est imposée d’elle-même. Bilan provisoire : la restauration est une profession de névrosés.

CDs : j’ai toujours besoin d’un support physique pour la musique que j’aime. Mais je ne fais pas partie des fêtichistes du vinyle, même si c’est un bel objet, surtout le 25 cm. L’instant où l’on insère l’objet dans le lecteur a toujours quelque chose de magique ou de sacré. J’ai laissé mes vinyles chez mon ami Jérôme Mestre et j’espère qu’il pourra leur donner une deuxième vie. Ici, une très petite sélection de mes groupes chéris : Orange Juice (indispensable intégrale) et The Jam (mes deux LPs favoris). Cette semaine, mes groupes préférés sont Light Fantastic et Ablebody, des Californiens.

Tableau : mon regretté père était peintre à ses heures (et graphiste de profession). Ma région natale, le Roussillon, était sa principale source d’inspiration. J’y pense souvent. Quand je m’y rendais en train, j’avais des frissons au moment de passer les Corbières, cette quasi frontière naturelle entre l’Aude et le Roussillon.

Echarpe du PSG : Paris la ville a toujours exercé une fascination pour le Perpignanais que j’étais. Mes parents s’y sont rencontrés et mariés, mais je n’y suis allé que quatre fois (dont une fois pour voir le premier concert français du Style Council au Palace) avant de m’y installer pour de bon, en 1989. J’ai mis du temps à aimer le foot, qui ne me l’a jamais rendu, et c’est le PSG que j’ai choisi après que feue ma mère nous ait acheté le maillot Le Coq Sportif/RTL chez Just Fontaine à Toulouse. Me rendre au Parc est l’une des choses qui me manquent de ma vie française (l’excitation en sortant du métro, les frissons en se rapprochant du stade). Mais aussi les barquettes au marron, les quenelles, le boudin blanc, le confit de canard, les pommes dauphine et les merguez.

Album photo : mes frères et moi le lendemain de Noël. Je dois avoir 7 ans sur celle-ci. Un signe que j’allais finir aux USA : je porte une panoplie de cow-boy. Ils ont été essentiels à l’acquisition de ma culture musicale. Sans eux, pas de disques importés d’Angleterre, pas de NME, pas de Bernard Lenoir. Je leur dois beaucoup. La famille a toujours été quelque chose d’important pour moi. Être loin d’eux et des amis est difficile à vivre. Nous ne sommes pas vraiment bavards mais la musique et le foot ont toujours été comme un langage entre nous.

Livres : depuis quelque temps je lis essentiellement des biographies de groupes, mais aussi des auteurs tels que Colin MacInnes, Alan Sillitoe, Arto Paasilinna, Tim O’Brien ou Nick Flynn. Je suis plutôt obsédé par les Smiths en ce moment. Cela devrait se ressentir dans mon projet d’album avec le fameux Jarvis Platini.

Carton : j’ai déménagé 22 fois dans mon existence, donc les cartons ont une importance majeure. Ma maison en est encore remplie, au cas où je doive encore bouger. J’aimerais me fixer quelque part mais il est important d’être réactif.

Philippe Lavergne
Octobre 2016

 


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www.facebook.com/philippe.lavergne
countryclub.bandcamp.com

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