“Je ne comprends toujours pas d’où est sorti Joy Division.” (Tony Wilson) Je ne sais pas comment j’ai eu Still vers l’âge de 12 ou 13 ans, je ne l’ai pas acheté, c’est une certitude. Qu’est-ce que c’est que ces disques ? Cet album m’a longtemps impressionné, adolescent je l’écoutais uniquement quand j’étais sûr d’être absolument seul. Presque 40 ans plus tard, Ceremony doit être la chanson que j’ai le plus écouté, que ce soit par Joy Division ou New Order.
J’ai un souvenir très vif de Changes à l’âge de 4 ou 5 ans. J’ai cette photo de Bowie depuis des années, trouvée dans un livre, elle sert de pochette au 45t Golden Years.
Je ne suis pas Beatles, plutôt Stones, surtout Kinks. Je connaissais le groupe, leurs chansons, mais je les avais un peu oublié, c’est ma fille qui les a remis sur mon chemin.
Quand j’ai découvert les Smiths, c’était presque terminé, et je dois bien avouer que leur séparation m’est passée un peu au-dessus de la tête, je n’avais que 14 ans au moment des faits. Hatful of hollow c’est la Bible.
J’ai gardé cette vieille compilation d’Otis Redding alors que j’ai à peu près tout de lui. C’est le seul qui me fait regretter de ne pas être né bien avant pour le voir sur scène.
Quelques mois après sa sortie Bone Machine m’a vrillé les oreilles dès la première écoute, aux premières secondes, ce premier coup de caisse claire est un séisme. J’aime tout ou presque ce que fait Frank Black avec les Catholics, les Pixies ou en solo. Dans un registre un peu différent du gueulard à guitares, écouter son Honeycomb est un véritable remède personnel.
J’écoute de plus en plus de musique classique, je me laisse guider par l’instinct, la chance, selon ce que je trouve dans les bacs d’occasions. Je suis incapable d’en parler. Je sais juste que quelques uns me font un bien fou à l’âme. Ces concertos de Mozart par Radu Lupu et la voix d’Alfred Deller sur les Leçons de ténèbres de Couperin en sont les meilleurs exemples. Ces musiques qui traversent le temps en continuant à émouvoir ont quelque chose de rassurant.
Je sortais du service militaire, à côté de Brest. Je ne voulais plus entendre parler de cette ville, et parmi les premières chansons que j’entends il y a Non Non Non sur Boire. Depuis j’achète les albums de Miossec, aveuglément, affectueusement. Ses chansons m’accompagnent, certaines illustrent ce que j’étais, ce que je suis.
Les Inmates n’ont rien de romantique, c’est pourtant durant le concert gravé sur ce disque qu’avec ma douce nous nous sommes embrassés la première fois.
Ce portrait de la petite sainte appartenait à ma grand-mère maternelle. Il était accroché dans le lavoir où elle travaillait. Je l’ai récupéré à sa mort, je ne l’aurais laissé à personne d’autre.
Mes béquilles : la sangle qui porte mon bras pour qu’il ne balance pas, la plaquette de cachets pour atténuer les douleurs permanentes. Et un sac, indispensable dans mon cas, celui m’a été offert par ma fille au retour d’un de ses voyages.
Je suis très amateur de nouvelles, de gens comme Marc Villard ou Léo Henry, d’auteurs de polars ou de SF, mais Raymond Carver est vraiment au-dessus. Je me sens parfois tellement proche de certains livres, certains albums, de certaines œuvres, qu’ils deviennent des personnes à mes côtés. Ce petit Bartleby, si discret, est bien plus qu’une nouvelle ou un personnage, cette sensation d’être toujours à côté, illégitime, m’est coutumière.
Je me suis souvent demandé comment je réagirai si à l’instar de Françoise Frenkel je me retrouvais ballotté par les tourments de l’Histoire. Elle a tout le monde contre elle, les allemands parce que francophile, les français parce qu’allemande. Elle sait ce qu’est se démener pour avoir une petite place.
La vie mode d’emploi, toute une œuvre et tant de vie(s) possible(s) dans ce seul livre de Georges Perec ; j’aurai tout aussi bien pu choisir Albert Cohen et sa Belle du seigneur ou 4,3,2,1 de Paul Auster, je retourne régulièrement vers ces trois romans, pour quelques pages ou quelques chapitres. C’est comme retrouver de vieux amis.
Les livres sur la musique sont l’occasion de creuser autour d’un sujet, d’un genre ou d’un groupe, d’un album ou d’une chanson, de resserrer l’écoute et d’approfondir. J’aime le recul procuré par l’écrit. Je ne suis plus autant avide de nouveautés musicales, je suis toujours un peu l’actualité grâce à une poignée de sites internet et surtout grâce à des amis virtuels qui sont de véritables vigies.
Il en manque, Tony Joe White, Marianne Faithfull, Sammi Smith, Lambchop, Chris Eckman, Wedding Present, Another life de Nadine Khouri et Veedon Fleece de Van Morrison. Jean-Patrick Manchette pour toute son oeuvre, les récits de Mario Rigoni Stern, Franquin et ses Idées Noires, le Cycle de Hain d’Ursula K. Le Guin. Et d’autres tas de disques et piles de livres encore. J’y ajouterai volontiers un bermuda, une paire de tongs, une chemise hawaïenne et une casquette, ma tenue préférée, mais la photo n’est pas assez grande.
Et puis il manque ce qui ne tient pas sur une photo, la mer que j’ai la chance infinie de contempler chaque jour, la vie virtuelle, Dalva ma chienne.
New Order ou Joy Division. Parce que ces 2 groupes m’ont particulièrement accompagné dans mon cheminement artistique. Leur approche musicale et visuelle si souvent singulière favorise l’imaginaire, ce qui m’a toujours enthousiasmé.
Elli et Jacno. Parce que le duo représente le vrai chic parisien depuis les Stinky Toys. Main dans la main ils composaient de mémorables ritournelles électriques durant leur courte carrière. Ici dans un album d’inédits magnifié par une peinture de Loulou Picasso, ex Bazooka, trublion de l’action graphique qui m’a beaucoup marqué.
Orange Juice, parce que cette formation phare de la scène écossaise du début des années 80 aux vertus énergisantes était le parfait croisement entre le Velvet Underground et Chic. Edwyn Collins, il n’y en a qu’un comme toi.
Graphis, parce que petit, j’étais entouré de revues graphiques que possédaient mon père (directeur artistique dans la pub) : Graphis ou bien Letraset, Mecanorma. Ce qui a grandement permis de développer ma culture graphique. La source de ma vocation.
Factory, parce que ce fut le label de musique le plus singulier par son approche atypique très affirmée. Elaboré entre autres par Peter Saville, l’emblématique créateur et son habile réappropriation de l’art et du design, Central Station Design et 8vo, il a introduit dans la musique le concept de design de haute qualité et d’avant-garde. Un plaisir permanent de découverte sonore et visuelle.
Brian Eno, parce qu’en création, les stratégies peuvent être obliques, J’utilise souvent la technique du hasard pour agencer des réalisations. J’admire beaucoup le travail de cet artiste en solo ou bien avec Roxy Music.
La débauche, parce que c’est la première pochette d’album que j’ai conçue pour le groupe de mon frère Les Freluquets sur le label Rosebud. Grâce à son succès critique, cela m’a ouvert des portes à la capitale pour me lancer dans la création graphique rémunérée.
The Face magazine. Parce que ce fut la plus belle vitrine de l’après punk. Superbement mis en forme par Neville Brody. Ce fut le premier magazine avec ID à traiter de culture, mode et musique sur le même plan. The Face et Neville Brody par leur innovation furent une véritable source d’influence. J’ai choisi le numéro avec Terry Hall en couverture car je tenais à lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Jean-Paul Goude, parce que c’est l’un des artistes aux créations qui ont le plus marqué notre mémoire collective. Tour à tour illustrateur, directeur artistique, photographe, réalisateur dans une approche ludique, il crée un univers à la fois populaire et sophistiqué. Mon choix s’est porté sur Grace Jones « Nightclubbing » l’album dont le contenu et le visuel sont aussi indémodables.
Orelia, parce que l’un de mes premiers shootings, à l’époque face à l’appareil photo. Il s’agissait d’une limonade du groupe Orangina. Ma carrière de « modèle » fut assez brève.
FC Nantes, parce que supporter prend vraiment tout son sens avec ce club.
J’aurais pu ajouter David Sylvian, le Banyuls, Paul Rand, Kraftwerk, Maurice Binder…
Cher Pascal, Merci pour ton invitation. C’est un honneur pour moi de participer à cette jolie initiative qui nous fait entrer dans la quasi-intimité de certains de nos « héros », ou dans celle de ceux qui ne le sont pas encore. Pour ma part, je n’ai pas cette prétention (d’être un héros). Mes indispensables, donc, tournent principalement autour de la Musique. La Musique est un carburant pour créer, partager des sensations et d’incomparables émotions. Mais pas seulement. Avec la musique, par exemple, nous nous sommes aussi constitué une solide culture visuelle (de Peter Saville à Art Chantry), nous avons fait des rencontres, vécu mille aventures… Etc. Je dis « nous » car, comme toi, je suis un passionné.
Voici :
• Une Rickenbacker 4800 (et un mini-clavier Yamaha) Cette guitare, c’est toi qui me l’as vendu (il y a 35 ans, peut-être). J’ai attendu longtemps, mais je l’ai finalement fait restaurer en choisissant une couleur qu’un groupe de hard rock des années 90 n’aurait pas reniée. Les guitares sont une passion, même si je reste un très mauvais instrumentiste. Au fil du temps, j’ai aussi accumulé un certain nombre de claviers, dont un SH101 acheté à l’époque (et tout un tas de « gadgets » et autres jouets pour enfants).
• Une sélection de CD À la naissance de mon fils, j’ai décidé d’arrêter d’amasser. Le support physique n’ayant, finalement, que peu d’importance. Je n’ai gardé que quelques « pierres blanches » qui comptent. L’album des Shaggs, les ultimes championnes de « l’outsider music ». Les compilations ReSearch (et leurs livres « compagnons ») qui ont fait mon éducation tardive quant à cette musique étrange faite par des génies forcément incompris. Un Scott Walker aussi. « Till The Band Comes In » est son album inachevé et inédit qui devait être le N°5. J’adore son imperfection formelle et « Thanks for Chicago Mr. James ». En vieillissant, j’ai commencé à creuser un peu plus profondément dans les grandes poubelles « trash » françaises et américaines. Les Cramps (et surtout leur collectionnite aiguë) sont devenus une source ininterrompue de joies quasi-enfantines. De la même façon, JB Wizz et ses compilations n’ont pas cessé de me réjouir. L’intégrale des Chaussettes Noires car c’est là d’où je viens (et c’est une passion que j’ai partagée avec l’un de tes frères). Les Chaussettes sont l’archétype du groupe rock qui continue d’alimenter mon imaginaire musical. Enfin, plus récent, le concert des Specials à l’Olympia en 2019. Un concert que j’ai attendu presque 40 ans pour un groupe que j’ai toujours aimé et écouté. La musique live est aussi une passion.
• Un peu de culture graphique Un livre sur Alex Steinweiss, un génie du design qui travaillait bien avant la généralisation de la photogravure. Lassé de travailler pour Columbia, Alex céda sa place à un petit nouveau qui n’était autre qu’Andy Warhol. « L’édition musicale » devint alors un art majeur et le lien entre art moderne et pratiques graphiques. Cet art est aussi ton art. Si nos 20 premières années professionnelles sont intimement liées, j’ai su dès le départ, en t’invitant à rejoindre mes premières aventures entrepreneuriales, que tu avais le supplément d’âme des grands. Le temps m’a donné raison.
Également, un livre sur les grands courants graphiques du XXe siècle. Ça, c’est mon côté « prof », une source pour mes cours de culture graphique. Enseigner est une de mes plus grandes joies professionnelles. J’ai eu l’opportunité de former des graphistes dont certains font, aujourd’hui, des carrières extraordinaires. Je crois leur avoir transmis une légitimité professionnelle qui nous a souvent fait défaut. C’est ma façon de « renvoyer l’ascenseur ».
Enfin, la seule BD à laquelle je tienne vraiment, Les Watchmen d’Alan Moore. Géniale et visionnaire, elle décrit, d’une certaine façon, l’hégémonie actuelle de l’industrie Marvel. Cette dystopie est aussi une réflexion sur la légitimité des surhommes autoproclamés « justiciers », aussi passionnante que graphiquement aboutie.
• L’intégrale de mes “œuvres”musicales En tant que producteur d’abord, avec les deux Neon Campfire ou avec la période pré-salsa d’Antoine Lauth. En tant que musicien ensuite, avec la « triplette » des Nouveaux Monstres, fourre-tout électro lâché et décomplexé. Un long apprentissage qui m’a mené jusqu’à Jean_Marc, mon groupe d’aujourd’hui. Celui qui me permet enfin de faire la musique dont j’ai toujours rêvé avec mes meilleurs amis (que demander de plus ?). Pour diffuser toutes ces belles productions, nous avons créé les Disques Abrasifs, un support pour produire tous nos potes et nous-mêmes : Jean_Marc, LYAR///, Seaton ou la Bande Abrasive. En tant que vieux routier de la chose, tes conseils m’ont été d’une grande aide.
• Mon blog Bouloup (bouloup.com) est un blog sur la new-wave des années 80 et sur (entre autres) nos aventures musicales. J’y ai partagé des milliers de raretés et tes admirateurs y trouveront l’intégrale de tes œuvres instru-new-wave avec Bibi et les Fricotins. Puis les Etc’s et bien plus tard les Chinaski’s. Un clin d’œil à Cérémonies (via la gargouille de Notre Dame), groupe proto-gothico new-wave dont je suis le fan n°1 et sans qui tout ceci n’aurait pas été possible.
• Mon Mac Pour finir, voici mon outil de prédilection. Celui avec lequel je travaille, j’écris, je produis, je retouche, je compose, j’écoute, j’arrange, je regarde, je communique… Etc.
Par un heureux hasard, Noctali, mon chat de sorcière, s’est invitée sur cette photo. Elle est un rappel du vivant : ma famille, mes amis et mes copains sans qui je n’existe pas et qui, au-delà du matériel, sont surtout, pour moi, essentiels.
Le X : première lettre de mon prénom, je l’utilise également pour mon sobriquet lorsque j’officie derrière les platines vinyles (forcément) pour ambiancer les soirées. Etant un piètre danseur, je préfère faire danser les gens à l’instar du cuisinier qui prend du plaisir à concocter des plats pour les autres. Et si le cuisinier à son tablier, en tant que dj je prends soin de bien choisir mon tee-shirt (ici celui des Petsh’ sic) ou ma chemise, à fleurs de préférence. Je prends autant plaisir à être derrière les platines que derrière les fourneaux, et la gastronomie italienne (affiche des bons produits italiens) me fait le même effet que l’intro d’un morceau qui vient vous retourner le dance-floor : une délectation ! Cette lettre est également celle du groupe de super-héros le plus célèbre de l’univers Marvel, les X-Men dont Serval est mon personnage préféré. Et je dis bien Serval et non Wolverine, car gamin c’est bien sous cette appellation qu’il apparaissait dans les comics que j’achetais le dimanche à la sortie de la messe (éducation catholique de campagne oblige). Si on poursuit dans le 9ème art, on retrouve une dédicace réalisée par Julien Loïs, graphiste attitré du label Chinese Man Records.
Un ballon de basket, tout simplement pour représenter le sport que je pratique.
Le poste de radio : sans aucun doute c’est par ce média que tout a commencé. Il m’a permis de me forger une culture. Encore maintenant, j’aime à découvrir les radios locales pendant les vacances. Tout à commencer avec RTL et ces animateurs (Francis Zégut, Max Meynier,…) puis France Inter et Bernard Lenoir. Qui dit Lenoir, dit Les Inrockuptibles et sa période bénie de mensuel dans lesquels beaucoup ce sont forgés leurs références cinématographiques, musicales et littéraires citées autant par les artistes interviewés que par ces journalistes.
Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais certains artistes représentés ici (plus ou moins cachés) sont vraiment les fondements de mes goûts musicaux et pour certains d’entre eux correspondent aussi à une histoire d’amitié qui ne s’est jamais arrêtée. Pêle-mêle on retrouve outre les Pet Shop Boys, New Order, Dominique A (dont le disque est posé sur la platine de droite), PJ Harvey, The Smiths, la BO de Twin Peaks (et donc David Lynch) ou dj Shadow.
En parlant d’amitié, il y a celle plus récente avec la bande du Mange Disque (allez jeter un oeil dans la rubrique “rencontres” de ce site) dont l’un d’entre eux, professeur en art graphique, réalise avec ces élèves des gigs posters (ici celui de Jean-Louis Murat). Les relations humaines n’est-ce pas là l’essentiel d’une vie ?
Pour finir on aperçoit Rachid Taha qui nous observe, et qui manque au paysage musical. Et comme le dit mon ultime essentiel, ma chérie qui partage mon quotidien et responsable de la mise en scène de la photo : “Rachid Taha ça s’écoute fort ou ça ne s’écoute pas !”
AU DÉBUT — Quels sont tes premiers émois musicaux et/ou graphiques ? Quels souvenirs en gardes-tu ? Alex — Mon tout premier émoi phonographique, c’est « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band» des Beatles que j’écoutais au casque religieusement dès mes 8 ans. Je découvrais plein de choses en même temps : la musique pop, la langue anglaise, le mode de fonctionnement d’un électrophone… La profusion de personnages, de détails sur la pochette, m’a complètement fasciné. J’ai passé des heures à essayer de déchiffrer cette pochette, à essayer de trouver un sens à ces textes et ces images… La richesse visuelle me semblait constituer un écho naturel à celle de la musique. C’était (et demeure) un disque-monde, suggérant une grande variété de paysages, de situations et d’émotions. J’adorais aussi la planche cartonnée avec les accessoires à découper (moustache, galons, badge…) insérée dans la pochette…
Plus tard, j’ai acheté mes premiers disques et ils avaient, eux aussi, tous un univers graphique fort (Depeche Mode et les incroyables photos de Brian Griffin, les travaux de Peter Saville pour Joy Division et New Order, ceux de Vaughan Oliver pour Cocteau Twins, les pochettes des disques des Smiths).
“ Mon tout premier émoi phonographique, c’est « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band » des Beatles que j’écoutais au casque religieusement dès mes 8 ans.”
Quand on assiste régulièrement à des concerts, on comprend rapidement que l’expérience dépasse largement le musical pour englober tout un tas de paramètres : L’attitude des musiciens, leurs tenues, leurs instruments, leur humeur du jour, celles du public, le cadre, la qualité de la sonorisation, celle des éclairages scéniques, la place qu’on s’est dégoté dans la salle, la compagnie (ou pas) des amis, la qualité et le prix de la bière… Il me semble qu’il en va de même pour le disque : la pochette fait partie intégrante de l’expérience du disque, au même titre que l’endroit où on l’achète, celui où on l’écoute, les gens à qui on le prête, etc… La particularité, c’est que c’est un paramètre sur lequel les musiciens ont (ou devraient avoir) le contrôle.
Y a t’il des liens entre ta sensibilité graphique et ta passion pour la musique ? Alex — Oui, c’est évident. Il m’est arrivé plus d’une fois d’acheter un disque sur la foi de sa pochette, et j’ai, à vrai dire, été très rarement déçu.
J’ai une anecdote à ce sujet : je me suis offert mon premier CD bien avant d’avoir accès à un lecteur qui m’aurait permis de le lire. Ça en dit long sur mon rapport à l’objet disque. C’était « Life is hard and then you die » du groupe anglais It’s Immaterial. Je l’avais acheté parce que tout m’intriguait dans ce disque : le nom du groupe, le titre de l’album, le design graphique de la pochette avec sa tête de clown énigmatique. Le CD contenait un livret avec les paroles des chansons. J’ai dû écouter le disque pour la première fois plus d’un an après son acquisition mais j’en connaissais déjà quasiment les textes par cœur…Je n’en avais jamais entendu la moindre note auparavant mais je savais que ça me plairait. Ce fut le cas.
” La pochette fait partie intégrante de l’expérience du disque, au même titre que l’endroit où on l’achète, celui où on l’écoute, les gens à qui on le prête, etc… .”
Je suis très sensible au soin et à l’exigence qu’on peut mettre dans la conception comme dans la réception de ces signes. Je peux être rebuté avec la même intensité par un crénage mal réglé que par un son de caisse claire disgracieux. A l’inverse, une belle typo utilisée avec finesse peut me donner envie à elle seule de feuilleter un bouquin ou écouter un disque. A ce titre, le boulot de Reid Miles, notamment pour les disques du label Blue Note, constitue pour moi une sorte de mètre-étalon de l’élégance.
J’ai cru comprendre que tu avais un intérêt particulier pour la typographie… Alex — Je n’ai pas de culture graphique académique ou de compétences avérées en graphisme mais j’ai développé une fascination croissante pour la typographie. Je passe des plombes sur des sites comme Fontsinuse. J’ai même composé et enregistré (avec mon ami Stu Kidd) une chanson qui s’appelle « Bodoni » pour mon projet musical Pauvre Glenda ; une chanson d’amour à propos de typographie et de calligraphie ! J’ai réalisé que la pop music et la typographie avaient énormément en commun en ce sens que l’une et l’autre sont partout dans nos quotidiens, qu’on peut difficilement y échapper et qu’ils ont tous deux un impact plus ou moins subliminal mais très important dans le paysage émotionnel et esthétique de chacun.
GRAPHISME ET MUSIQUE — Que penses-tu du « retour » en force du vinyle face à la dématérialisation de la musique et de sa distribution ? Alex — J’ai grandi en achetant du vinyle. J’ai donc une tendresse un peu irrationnelle pour ce format, où le support graphique occupait matériellement une place importante. Mais je n’aime pas du tout l’idée que le disque soit un produit de luxe. Je n’aime ces objets que dans la mesure où ils demeurent accessibles. Je suis très attaché à l’idée que la pop permet d’enchanter ou réenchanter le quotidien du plus grand nombre et que le design (graphique ou autre) puisse jouer le même rôle. Je ne suis donc pas friand des coffrets collector qui coûtent un bras, des éditions limitées qui cultivent l’idée du luxe et de la démonstration de richesse. C’est un truc qui me met mal à l’aise. Du coup, les vinyles qui coûtent deux ou trois fois le prix du CD, c’est sans moi. Pour moi, le plus intéressant, c’est justement de parvenir à faire de belles choses avec une certaine économie de moyens. De nombreux éditeurs de bouquins et labels de disque font ça très bien.
ARTWORK — En tant que « discophage » et que musicien, quelle importance accordes-tu à une pochette de disque ? Doit-elle être une véritable réflexion sur la mise en images de la musique où une démarche purement artistique et/ou graphique ? Alex — C’est une question passionnante. J’ai peur de la redondance. J’ai tendance à craindre qu’en cherchant à mettre en image la musique, on prive l’auditeur d’une part de liberté imaginative. J’ai tendance à penser que l’idéal est que la pochette propose un contenu artistique additionnel, singulier et séduisant, qui dise quelque chose de la musique sans la dévoiler complètement, sans en restreindre la portée. Aussi, je pense que graphistes et musiciens doivent avoir une bonne connaissance de leurs travaux respectifs et une vraie complicité si on veut que le résultat soit réussi et ait du sens.
J’ai tendance à penser que l’idéal est que la pochette propose un contenu artistique additionnel, singulier et séduisant, qui dise quelque chose de la musique sans la dévoiler complètement…“
Un musicien, un groupe ou un label doivent-il avoir un univers visuel et graphique qui leur est propre ? Alex — Je ne crois pas que ça doive constituer une règle. Parmi les groupes que j’aime, il y en a qui ont opté pour une continuité graphique inflexible (je pense à Talk Talk, à Passion Fodder ou à Penguin Café Orchestra, pour n’en citer que trois) et d’autres où les pochettes se sont succédées sans se ressembler, mais en maintenant un niveau d’exigence singulier sur la question graphique (New Order, par exemple, où le seul fil rouge, finalement, c’est que la pochette va être « arty » d’une façon ou d’une autre). D’autres groupes voient l’univers graphique de leurs disques évoluer davantage que leur style musical. Tant que le design graphique et la musique se répondent, je crois que tout doit être permis. A l’échelle d’un label, c’est tentant, comme ça a pu être fait avec Blue Note, ou plus récemment avec Sacred Bones et sa charte graphique en frontal, d’apposer une sorte de « sceau » graphique, parce que ça valorise la cohérence du label et que ça favorise l’esprit de collection, dont certains fans de musique sont friands. Mais ça à tendance à écraser un peu la personnalité artistique des groupes, je trouve….
” Tant que le design graphique et la musique se répondent, je crois que tout doit être permis.“
HALL OF FAME —
Quels sont les productions actuelles qui attirent ton attention en terme de graphisme ? Alex — Je suis de près les travaux de Rémy Poncet (a.k.a. Chevalrex), que ce soit pour son propre label ou d’autres. Egalement les travaux de Pascal Blua (je ne crois pas trop au hasard des rencontres… et je le devine partant pour fonder avec moi une Amicale du Bodoni !),
J’ai aussi beaucoup aimé les visuels très sobres qu’a produits Jo Anatole pour les récentes productions de Rémi Parson. J’adore aussi le label Catapulte Records et ses superbes pochettes exotiques et colorées. C’est marrant parce qu’en faisant le point pour répondre à cette question, je me suis rendu compte de l’incroyablement faible nombre de belles pochettes qui sont produites chaque année, au regard de la quantité de disques qui sortent…
Ton Top 5 des plus belles pochettes ?
Eric DOLPHY – Out To Lunch (Blue Note / Design de Reid Miles) Un exemple parmi des centaines du genie de Reid Miles. Cette pochette est un point cardinal pour moi.
SPARKS – Propaganda Faire le choix du portrait photographique d’un groupe pour la pochette d’un disque s’avère souvent l’une des idées les plus convenues et les moins stimulantes qui soit. Sauf si le groupe est aussi puissant visuellement que Sparks et qu’il s’amuse à se mettre en scène dans des situations improbables.
THE STYLE COUNCIL – Our Favourite Shop A dire vrai, je ne suis pas fan de toutes les chansons de ce disque mais j’adore sa pochette, qui propose un inventaire incroyablement excitant des objets préférés du duo. Ça préfigure bien la série des « Essentiels » de ce site ! Des années avant Pinterest, et d’une façon aussi élégante qu’astucieuse, le Style Council proposait sur cette pochette un « moodboard » qui ressemble aussi au départ d’un jeu de pistes… Avec la photo en bichromie alliée à une typo efficace, on n’est pas loin non plus de l’esprit des pochettes des Smiths, auquel je suis viscéralement attaché…
HAROLD BUDD & COCTEAU TWINS – The Moon and the melodies (4AD) Sans doute pas le meilleur disque de ses protagonistes, mais la pochette est splendide. Je n’ai toujours pas compris ce que représentait l’image (sans doute la vue au microscope d’un textile ?) mais c’est justement cette abstraction et ce mystère qui rendent ce visuel intemporel.
WILCO – A Ghost Is Born (Design par Peter Buchanan-Smith) Comme un pendant symétrique au fourmillement de « Sgt Peppers » ou de « Our Favourite Shop », il y a la splendide épure de quelques pochettes qui ont fait le choix du minimalisme. Celle-ci m’a particulièrement marqué. Pas juste la « front cover » mais aussi tout le reste du design, évidemment (les photos du nid, de la coquille ouverte, etc.).
Parler de ses propres essentiels est quelque chose de particulièrement effrayant en ce qui me concerne. Notamment à cause de la lourde tâche de préparation : il faut trier, sélectionner, organiser, chercher une cohérence, une cohésion. En théorie, je suis familère de ce genre d’exercice, lorsqu’il ne ME concerne pas. Ce qu’il faut savoir c’est que je suis quelqu’un de particulièrement dispersée. Ranger n’est pas forcément quelque chose de naturel pour moi.
Le soir même j’ai commencé à rassembler les objets. Je me suis donc retrouvée avec une montagne de livres. Une redécouverte plus qu’intéressante pour moi-même. Donc merci déjà pour cela.
En toute honnêteté je n’ai pas trop su par quoi commencer, alors j’ai fini par m’arrêter à la sélection la plus restreinte possible, et déjà je trouve qu’il y en a bien trop !! J’ai disposé ces objets à plusieurs endroits de l’appartement, afin d’essayer de prendre la photo la plus avantageuse, la moins brouillonne possible. Sacré challenge.
Commençons par le début. Enfin, décidons de façon arbitraire qu’il s’agit du début de l’histoire, car sur la photographie ce n’est pas forcément évident.
Le téléphone J’ai pris des notes sur mon téléphone. Il ne figure pas sur la photo puisqu’il m’a servi à la prendre. Cela commence bien n’est ce pas… J’en suis esclave. Consciemment. Il me sert à peu près à tout. J’écris, je fais des photos, des recherches, des images, je regarde des vidéos, j’écoute de la musique. Bref sans cette chose j’imagine que je serai perdue, car il s’agit clairement d’un doudou destiné à combler l’angoisse. Il remplit le vide et mon esprit. Je suis une hyperactive molle. J’ai peur de m’ennuyer. Je fais cinquante choses à la fois. Je me passionne aussi vite que je me lasse. Je parlais de doudou, en fait je crois que cet appareil me fait plutôt office de baby-sitter ainsi que d’animateur de loisirs. Le casque je l’ai toujours avec moi. Pour écouter de la musique, notamment lorsque je marche.
La musique Évidemment, si je devais choisir un groupe emblématique cela serait New Order. Ce groupe m’accompagne depuis 25 ans, avec plus ou moins de fidélité. J’en fait une source d’inspiration pour à peu près tout dans ma vie : je m’inspire de leur iconographie , je les ai tatoués sur mon bras, Substance est le titre de mon blog, je vénère Barney plus que n’importe qui dans ce bas monde, bref : l’abominable fanatisme au premier degré dans toute ce qu’il a de plus risible. Mais j’assume complètement. Je pourrais parler de Joy Division aussi, ou d’autres groupes qui ont participé à ma construction personnelle. Mais le but n’est pas d’écrire un roman je crois. Quoi qu’il en soit, la musique est importante, elle a constitué d’ailleurs pendant de longues années l’essentiel de mon activité professionnelle. Acquérir, conseiller, échanger : tel était mon quotidien pendant assez longtemps, au sein d’une médiathèque municipale.
La musique m’a permis aussi de rencontrer, virtuellement et «IRL» des personnes d’une énorme valeur. La plus importante rencontre sur le réseau social est sans conteste celle avec Matthieu Malon. De cette amitié est née Brûlure. Un projet poético musical déjanté (s’il fallait le définir) orchestré à des centaines de km de distance. J’écrivais les textes, les enregistrais, les envoyais, il faisait la musique. C’était drôle. Un vrai bon moment.
En musique les querelles de clochers me dépassent un peu… les discussions sérieuses, les gens qui s’écharpent comme si leur vie dépendait de la conversion du monde entier au fanatisme qui les concerne, je ne pige pas trop. Mais j’aime m’en amuser. Quelle perte de temps franchement, alors que tout le monde sait que le meilleur groupe du monde est New Order!
Les images J’ai commencé par faire vaguement de la photo. Ensuite, temps libre disponible à l’infini aidant, je me suis prise de passion pour la gravure et la sérigraphie, suite logique finalement lorsqu’on aime les images. Mes photos sont essentiellement réalisées à partir de mon téléphone, mais depuis peu j’ai un « vrai » appareil. Je n’ai aucune idée de la manière dont fonctionne la bête. Je fais ça au hasard. C’est ce que je dis tout le temps, j’ai le hasard avec moi. Et je le remercie de m’accompagner en toutes circonstances. Cette photo de l’Atomium de Bruxelles est la première que j’ai faite développer et affichée dans mon intérieur. C’est un morceau de ma ville natale qui trône bien en évidence.
Les publier ces images a été une véritable épreuve pour moi. J’ai créé donc un blog, Instagram m’occupe pas mal en ce moment. Tout cela je le dois particulièrement à Matthieu qui a su m’encourager et me filer un coup de pied au cul. J’ai commencé avec les pochettes de Brûlure en fait. Et maintenant je continue….
Les livres A la base, c’est mon métier. Je crois que ceux qui m’ont le plus marqué sont ceux que j’ai lu plus jeune. Mon principal problème, c’est que je ne me souviens pas toujours de ce que j’ai lu. En fait la plupart du temps j’oublie. Les deux ouvrages que j’ai choisis ont été lu bien plus récemment.
Je voue une admiration sans failles à Houellebecq dont les livres résonnent en moi comme une évidence. J’ai vraiment l’impression que le type écrit pour moi, il y a une connexion. En plus je le trouve terriblement drôle. L’humour c’est tellement important.
J’ai aussi choisi Blackhole de Charles Burns. C’est une bande dessinée d’une noirceur absolue, un vrai chef d’œuvre qui pour moi doit absolument figurer dans tout bonne bibliothèque.
Le reste…. La couture, la cuisine, les jeux vidéo, les lunettes que je ne mets jamais (j’aime le brouillard), le petit livre rouge (clin d’œil à mon soi-disant militantisme fantasmé d’extrême gauche) et Sainte Rita. Cette fameuse sainte est à l’origine du pseudo que je traîne depuis quelques années sur Internet. Elle est la patronne des causes désespérées. Attention, je ne m’attribue absolument pas la qualité du désespoir. En revanche, être la patronne, c’est une idée qui me plait bien.
Cinq albums île déserte Choix cornélien et injuste de partir avec seulement quelques disques si je décidais un jour de m’isoler sur une île déserte. Pour ma part, cela serait Forever Changes de LOVE, ce live datant de 1963 (mais sorti en 1985) et peut-être le meilleur à n’avoir jamais été publié de SAM COOKE, Closer de JOY DIVISION, Technique de mon groupe préféré de tout l’étang NEW ORDER et surtout Vilosophe de MANES auquel je suis viscéralement attaché au point que j’utilise le titre de cet album comme pseudo. En effet, lorsque j’ai découvert ce disque, j’ai passé tout un week-end cloitré dans ma chambre à le passer en boucle — soit à peu près une cinquantaine de fois ! — et cela reste l’expérience auditive la plus intense que j’ai vécu dans toute ma vie. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant et cela ne se reproduira certainement pas.
Un blazer Ugo Baldini, un polo Gran Sasso, une pochette Simmonot-Godard, une cravate tricot Howard’s Paris, des souliers Barker England, une besace 48h Leon Flam Ce que l’on nomme parfois le “sartorialisme” est mon autre grande passion avec la musique. Auparavant, je me ruinais en vêtements de marques beaucoup trop chers, vous savez celles qui dépensent en millions en espaces publicitaires, et ce n’est que depuis quatre ans que je me suis réellement penché sur le sujet. Il s’agit ici de certaines de mes pièces favorites qui ce ne sont pas forcément parmi les noms les plus connus. Je fais désormais attention à la matière, la coupe, la fabrication ou les couleurs (majoritairement dans les tons bleus ou gris), m’inspirant autant du style britannique que celui preppy des universités américaines. Bref, j’assimile la recherche du beau vêtement comme le “digging” de vinyle. Les gens sont souvent étonnés de me voir habiller ainsi, d’ailleurs au boulot on m’appelle toujours “Monsieur le Directeur” (rires) !
Quelques classiques hip-hop Le hip-hop à été le premier véritable univers musical auquel je me suis confronté durant mon adolescence, c’est pour cela qu’il était obligatoire que quelques classiques du genre fassent partie de ces essentiels. Le rap a réellement pris son essor en France durant la moitié des années 90 grâce à l’influence du boom bap new-yorkais et à cette époque j’avais toute la panoplie : je me sapais en t-shirt Helly Hansen et en baggy Triangle, j’écoutais religieusement Génération 88.2 et je voulais être rappeur ! Je me faisais appeler MC Ekinox et j’avais même enregistré sur K7 quelques freestyles avec des potes ! Par la suite, je me suis intéressé au black metal et me suis ouvert à d’autres courants musicaux. Même si je me suis ostensiblement éloigné de cet univers, je n’ai jamais renié le rap et je me suis remis à en réécouter massivement depuis cinq ans. Aujourd’hui, je considère tout ce qui touche au hip-hop ou au r’n’b contemporain comme la nouvelle norme pop, les productions sont ce qu’il y a de plus audacieux dans la musique actuelle.
Ma carte UGC illimitée Je suis à la base un grand cinéphile et j’ai accumulé au fil des années près d’un millier de dvds que je revends au fur et à mesure. Cependant à partir de 2009, par manque de temps et surtout parce que je commençais parallèlement ma collection de vinyles, j’ai dû seulement mater une dizaine de longs métrages dont la moitié chez moi. Il aura fallu que j’aille voir Interstellar au cinéma en 2014, qui m’aura bouleversé, pour reprendre goût à cette passion et à me faire une carte d’abonnement mensuelle. Depuis, je vais en moyenne 8 à10 fois par mois en salles (en plus des films que je regarde à la maison) et j’essaye d’être plus curieux et de découvrir des petits films indépendants, étrangers ou français, chose que je n’aurais jamais pensé faire auparavant.
Ma collection de Blut aus Nord BLUT AUS NORD est certainement mon groupe préféré actuellement et je considère Vindsval, initiateur du projet, comme l’un des rares génies dans la musique. Par le passé, j’ai déjà tenté de collectionner TOUS les disques de certains de mes artistes/groupes favoris, je pense notamment à New Order ou Prince, mais j’ai finalement décidé de me ruiner uniquement pour BaN et je dois en posséder plus d’une cinquantaine pour le moment.
Des livres sur la musique, des mangas et des comics En réalité et c’est parfois tabou de l’avouer, mais je déteste lire et j’ai vraiment du mal à stimuler mon imagination devant un bouquin. Par contre, je suis friand des livres au sujet de la musique: le black metal, ÉTIENNE DAHO, BILL CALLAHAN, la MOTOWN, FACTORY RECORDS et bien entendu PRINCE et DAVID BOWIE qui nous ont quittés cette année. Il est difficile de voir disparaitre coup sur coup deux de ses idoles en un si peu laps de temps. Pour ce qui est des mangas, je n’en achète plus autant qu’auparavant et le seul que je suis encore régulièrement est Coq de combat.Gen d’Hiroshima fait partie de mes essentiels, car il est à ce jour le seul manga à m’avoir fait pleurer. Quant aux comics, j’en ai plus d’un millier, VF et VO, collectés en près de 25 ans. Je suis surtout très super héros, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier des choses plus “mondaines” telles que le mythique Maus.
Mon coffret COIL Colour Sound Oblivion COIL est un de mes groupes préférés et lorsque Peter “Sleazy” Christopherson prit la décision de sortir en 2010 un coffret en bois de 16 dvds retraçant quelques concerts, dont beaucoup filmé par des spectateurs, je n’ai pas hésité un instant malgré son tarif un brin exorbitant. Je reçois finalement le magnifique objet quelques mois plus tard en provenance de Thaïlande (Sleazy s’étant notamment établi là-bas dû à sa passion pour les jeunes hommes) et de devoir payer les frais de douanes s’élevant à un tiers du prix du coffret ! Bon je suis heureux de le posséder, c’est mon artefact à moi, et il vaut à priori quatre fois le tarif que j’ai dépensé à présent, mais cette taxe six ans après me reste toujours en travers la gorge (rires) !
Un maillot de l’équipe de France de football Cela fait 25 ans que je suis fan de foot et ceux qui me connaissent à travers les réseaux sociaux ne se doutaient pas de cette passion puisque je n’en parlais quasiment jamais alors que je regarde des matchs toutes les semaines. Il aura fallu que j’évoque l’Euro cet été pour voir ressurgir tous les clichés éculés sur les footballeurs et leurs supporters, ça m’avait assez chagriné et j’ai tenu à faire une mise au point sur le sujet. C’est un mal uniquement français, si ce n’est pas le football, c’est un autre phénomène qui sera désigné coupable idéal des maux de notre société actuelle.
Mes essentiels gravitent autour de la musique et des livres, du thé et de la mer, selon une orbite bordélique et fusionnelle.
Je lis à haute dose depuis que je sais lire, toujours deux livres en même temps, l’un de jour posé sur le canapé, l’autre de nuit posé à côté du lit – j’aime lire allongée. Je ne pars jamais sans bouquins dans mon sac. Je ne m’endors jamais, quelle que soit l’heure, sans avoir lu au moins quelques pages.
Je suis tombée dans la musique depuis les 80s en Grande Bretagne et les années n’ont pas émoussé mon plaisir. Je ne suis pas nostalgique d’une époque, j’écoute bien sûr toujours mes vieux disques mais je découvre aussi beaucoup de jeunes groupes qui me surprennent, me font décoller et me donnent envie de continuer. Je ne suis pas collectionneuse, je prête volontiers disques et livres, je n’ai pas une vocation de gardienne de musée.
L’asso dont je fais partie, Sabotage, organise des concerts à Dijon. J’héberge les groupes, occasion de belles rencontres qui perdurent, d’échanges passionnés et de soirées prolongées. La musique est un lien intergénérationnel et ignore superbement les frontières.
Qui dit musique dit badges. Je fais des badges depuis quelques années, ce mini support qu’on perd, qu’on retrouve dans une poche, qu’on offre. Les groupes qui passent à la maison dessinent leurs propres modèles et veulent absolument tester la machine. “Oh my god, it works!”. J’aime l’idée que mes badges se baladent à Londres, New York, Wellington ou sur l’île d’Eigg.
La mer est indispensable à mon équilibre. Quand je dis la mer, c’est principalement en Bretagne et au Pays de Galles, je n’ai pas d’affinités avec les palmiers et les cieux trop bleus. J’habite si loin dans les terres, les retrouvailles maritimes sont d’autant plus attendues et jouissives.
Et je ne pourrais vivre sans thébecause tea is a warm caress.
Voilà mes essentiels, dans le désordre qui est aussi un essentiel.
Livres, musique, badges, Bretagne, Pays de Galles, tout est arrimé autour des amitiés qui se nouent au fil des années.