Nesles (Live Report)

NESLES / Photographie © Renaud de Foville

NESLES
Médiathèque Violette-Leduc, Paris
13 Décembre 2024

Il règne une douce pénombre dans la salle : une lampe tempête brille faiblement sur le côté, une roue de vélo ornée d’une guirlande, comme rescapée d’une fête foraine déglinguée, illumine une scène en clair obscur. Nesles est venu ce soir présenter en avant-première les chansons de son nouvel album à venir dans un showcase intimiste et semi-acoustique.

Je suis un spectateur privilégié ayant eu la chance de pouvoir écouter ce nouvel album dans sa version studio. Il m’a laissé sur le carreau, comme lorsque j’ai découvert son album « Permafrost », il y a 7 ans déjà. Ce merveilleux electronica-folk aux paroles ciselées où chaque mot trouve sa place, comme une révérence à une langue française dont on a trop vite oublié la subtile richesse et le pouvoir évocateur. La prestance d’un dandy lettré qui entretient la flamme toujours brulante d’un manifesto punk.

Ce soir, Nesles, seul en scène, déroule un set organique, analogique, sans temps d’arrêt, parfois entrecoupé de pauses sonores en guise de décor (« 1976 »). Une suite d’instants maximisés, musicalement millimétrés, où se côtoient l’intimité d’une guitare en équilibre sonique (« Quelque chose brille »), les éclairs timbrés d’un thérémine qui électrisent « Agfa Chromes », l’incroyable pulsation rythmique de « Beckett» ou encore le tournis vertigineux du fantastique « Carquois » au final envoûtant.

À chaque fois que je vois Nesles sur scène, je ressens ces coups de poing qui mélangent avec tant de brillance la mise en scène romanesque et l’essai philosophique.
Ce soir encore, j’ai des bleus à l’âme.


Pascal Blua
14 Décembre 2024

Photographie : Renaud de Foville

Set list :
Quelque chose brille
Antilopes
Canon-fleur
1976
Agfa Chromes
Blanche
Carquois
Anatomie (Rien à Foutre)
Beckett

Plus d’information à propos de Nesles
nesles.bandcamp.com
instagram.com/neslesofficiel
facebook.com/NeslesNesles

 

Nesles

My essentials for Stereographics © Nesles

LES ESSENTIELS DE NESLES

Il y a sans doute autant d’essentiels que d’heures dans une vie.
Cette photo aurait pu être une autre.

J’aime le bordel. Ce qui bouge. Le mouvement.
C’est une sorte d’équilibre.
Trop d’organisation me rend cinglé.
Mais trop de foutoir m’étouffe. Plus d’air.Une photographie c’est d’abord un cadre, et j’ai horreur des cadres.

Ici bien sûr, il y a ce qui est montré, mais surtout ce qui est « hors-cadre », à côté, en-dessous, enfoui dans les couches, les sous-couches – pour peu qu’on ait envie d’y passer du temps.

Prendre de la hauteur c’est se libérer d’une finitude – en l’occurrence, de celle d’une photographie.
De l’air encore.

Livres, bibelots, disques, instruments, carnets, crayons, pinceaux, radio, gommes sont autant d’organismes vivants, incessamment découverts, touchés, caressés, parcourus, lus, relus, scrutés, trimballés, écoutés, aimés, choyés, utilisés, oubliés, repris. Des milliers de fois. Sans aucune lassitude. Ou parfois si. Et sans hiérarchie aucune.
C’est une succession de cycles, de priorités ou d’abandons qui cohabitent, se chevauchent, s’annulent ou se complètent.

Bonne balade.

Nesles
Février 2017

Plus d’informations sur Nesles
www.facebook.com/NESLES
nesles.bandcamp.com
waldenmusique.bandcamp.com

My essentials for Stereographics by Nesles — Photographie  © Jauris Casanova
© Nesles / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Guillaume Stankiewicz

My essentials for Stereographics © Guillaume Stankiewicz

LES ESSENTIELS DE GUILLAUME STANKIEWICZ

Une Guitare acoustique Martin D1 gaucher. A part en concert et en répétition, je ne joue quasiment jamais de guitare électrique. Cette guitare est MON instrument, le seul que j’utilise quotidiennement, le seul dont je sache jouer correctement, et celui sur lequel je compose toutes mes chansons, mon véhicule en somme. Pour ceux qui ne connaissent pas, Martin est une des marques de guitares folk les plus réputées. Le folk c’est en quelque sorte la trame de ma musique, le fil conducteur qui court de manière plus ou moins évidente dans chaque chanson. C’est sans doute un peu naïf, mais pour moi, jouer sur une Martin, même s’il s’agit d’un modèle relativement bon marché, était un peu un moyen de m’arrimer à cette musique, de me légitimer comme songwriter d’une certaine manière… Et bien sûr, c’est la marque utilisée depuis toujours par Neil Young.

Deux disques vinyles, « Time fades away » et « On the beach » de Neil YoungCes deux albums ont une histoire un peu particulière : pour des raisons un peu obscures, Neil Young a longtemps refusé de les rééditer en cd ou vinyle. Pendant longtemps ils étaient très difficiles à trouver alors qu’ils forment avec “Tonight’s the night” une sorte de trilogie noire qui est ce qu’il a fait de mieux. Je les avais achetés dans une « foire au disque » il y a bien longtemps, bien avant le retour du vinyle. Je me souviens que j’étais très fier de mon achat, la musique devenait un truc vraiment sérieux pour moi, pas juste un truc d’ado qui passerait une fois atteint l’âge adulte comme pour la plupart des gens. Je m’engageais.

Un Synthé casiotone CT-605. Acheté 50 euros sur Le bon coin il y environ un an à un type assez étrange. Je m’en sers beaucoup sur mes derniers morceaux et en concert. Les sons sont un peu cheaps mais ils ont un certain cachet et puis il y a une touche « sustain » qui met une sorte de fondu général très utile quand comme moi on ne sait pas jouer du clavier !

Mon EP « Sans cesse et sans bruit ». Si j’ai inclus mon disque ici, ce n’est pas tant pour l’auto-promo (encore que…) que pour l’illustration qui figure sur la pochette. Elle est l’œuvre de Yannis Frier. Pour ce disque, n’étant pas particulièrement fasciné par mon physique, ça ne m’intéressait pas tellement d’utiliser une photo de moi et les dessins de Yannis me parlaient. Je lui ai indiqué un certains nombre de références, la direction dans laquelle je souhaitais aller. Je voulais retrouver le mélange de naïveté et de mystère voire de gravité que je trouve par exemple dans les illustrations des contes russes par Bilibine, dans les mosaïques dorées des églises grecques ou encore dans les BD de David B., quelque chose qui renvoie à des émotions d’enfance, sans tomber dans un sentimentalisme facile. Nous avons pas mal tâtonné pour arriver à ce dessin et – je peux le dire vu que je n’en suis pas l’auteur – j’en suis très content. Bravo Yannis.

Un cahier. Ce cahier est rempli du début à la fin des notes organisant les sessions et le mixage de mon EP l’an dernier. Le budget étant serré, il fallait que tout soit précisément planifié… Bon à l’arrivée ce n’était pas si bien planifié que ça… J’ai retrouvé ce cahier en préparant cet inventaire et ça m’a amusé de m’y replonger : les notes sont limites illisibles, pleines d’incises, de flèches, de ratures, de schémas incompréhensibles… on pourrait les croire écrites par un fou. Ça me replonge dans cette période très intense. J’ai hâte de pouvoir travailler à nouveau en studio.

Un ordinateur portable et une carte son. Je n’ai bien sûr aucun attachement sentimental vis-à-vis de ces deux objets mais je les utilise tellement souvent qu’il était difficile de ne pas les citer. Comme tous les musiciens aujourd’hui ils font partie de mes principaux outils de travail. Ils permettent de penser un morceaux d’une façon globale, au risque de verser dans une approche un peu trop cérébrale, trop éloignée du geste du musicien, de l’engagement physique que suppose l’acte de jouer ou de chanter.

Un mug japonais. Je bois énormément de thé. En préparer est une sorte de minuscule rituel qui vient scander chacune de mes journées. C’est une habitude que je dois à ma mère et que je n’ai jamais perdue. Ça fait sans doute partie de tous ces gestes, expressions du visage, intonations de voix, habitudes que l’on décide presque consciemment d’adopter, comme pour rendre secrètement hommage à ceux dont on les tient.

Des recueils de poésie, des romans. Je n’ai pas une énorme culture littéraire à la base. Je suis un lecteur tardif, notamment pour ce qui est de la poésie. Mais mes textes ont parfois pour point de départ une lecture, non que je m’en inspire directement mais certaines déclenchent quelque chose dans mon cerveau, et je sens (comme à chaque fois que l’inspiration vient) que quelque chose demande à être créé, à sortir. Alors je sais que je dois me mettre au travail.

Guillaume Stankiewicz
Janvier 2017

 

Mostla Tape “Les années” à découvrir chez La Souterraine


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guillaumestankiewicz.bandcamp.com

My essentials for Stereographics by Guillaume Stankiewicz
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