Top 10 albums 2016 / Magic rpm

10 bonnes raisons d’aimer (quand même) 2016…
L’intimité d’un single devenu un refuge, comme une autre cabane à Liverpool — Les vertigineux méandres avant gardiste du tryptique de David Thomas Broughton — La sublime pop-folk baroque 70’s de Whitney — Les sommets du folk majestueux de Kevin Morby — La découverte fascinante du compositeur russe Mikael Tariverdiev — La magnifique extravagance de l’homme-orchestre-objet-disque (Chevalrex) — L’incandescence musicale d’Ellery Roberts avec son nouveau projet LUH (Lost Under Heaven) — Le classicisme instantané du premier album de Michael Collins (Drugdealer) — La (re)naissance du phoenix Will Sheff — La confirmation de l’immensité du talent orchestrale de Jóhann Jóhannsson.
Et puis l’éternel “Michael Head and The Strands” qui, comme chaque année, est mon meilleur album du monde.

1 – Cabane “Wooden Home / Here, In The Wind” 7″ (self edited)
2 – David Thomas Broughton “Crippling Lack” (Song, By Toad/Paper Garden Records/Le Noize Maker Records)
3 – Whitney “Light Upon The Lake” (Secretly Canadian)
4 – Kevin Morby “Singing Saw” (Dead Oceans)
5 – Mikael Tariverdiev “Film Music” (Earth Records)
6 – Chevalrex “Futurisme” (Vietnam / Because Music)
7 – LUH “Spiritual Songs for Lovers to Sing” (Mute)
8 – Drugdealer “The End of Comedy” (Weird World)
9 – Okkervil River “Away” (ATO REcords)
10 – Jóhann Jóhannsson “Orphée” (Deutsche Grammophon)

Ecouter la playlist sur Spotify

 

Ce classement a été initialement publié dans le calendrier de l’avent 2016 de Magic, Revue Pop Moderne.
(merci Vincent !)

thomas jean henri (jour 5)

LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

pascal, rencontré à paris un vingt deux septembre 2016, est un homme qui écrit.

A l’encontre

les gens sont bizarres.
suis-je ma normalité ?
sont-ils si différents ?

j’aime les gens.
je ne m’aime pas assez,
ou peut-être trop ?
défier les habitudes,
jouer avec son danger,
regarder ailleurs.

j’aime la différence.
courir sur l’horizon,
bousculer le confort.
le jeu des 7 erreurs n’en est pas un,
c’est une chance.

j’aime la rencontre.
la première.
briser le miroir.
se confier mais pas trop,
on ne sait jamais.

j’ai rencontré thomas dans sa cabane,
j’ai craqué une allumette
et nourri le feu.

pascal
novembre 2016


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thomas jean henri (jour 4)

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LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

julien, rencontré à nantes un vingt et un novembre 2015, est un homme qui écrit.


je ne sais pas très bien ce qui fait que l’on se rencontre. la plupart du temps on se manque. on se passe à côté, tout empêtrés que nous sommes dans nos vies respectives (et distraits, il faut le reconnaître).

et puis parfois, la mer s’efface, nous voilà libérés de nos insurmontables insularités, et on se rencontre. il me semble que c’est ce qui nous agite au fond, atteindre l’autre qui habituellement se dérobe. on se doute, quoique confusément, qu’il n’y a rien de plus important que ce tressaillement de l’âme et du cœur.

une première rencontre répète les suivantes, celles que très vite on vient à espérer et qu’il nous faudra provoquer ou attendre.

c’est une répétition mais quand elles sont réussies, (on peut rater une première rencontre, ce n’est pas forcément rédhibitoire) on ne joue pas la comédie, c’est inutile et cela obligerait à différer la rencontre.

c’est une répétition mais on y chérit nos erreurs et nos maladresses, elles nous ressemblent et il est doux de s’y rencontrer soi-même.
on s’y reconnaît mutuellement comme l’autre qui comptera, sur qui l’on pourra compter et qui pourra compter sur nous.

cet autre qui aura à nous en raconter (sur nous aussi).

cet autre dont le cœur content suffira à nous contenter nous mêmes.

le 21 novembre 2015, à 700 kms de marseille et de bruxelles (il fallait bien cela), et alors que la tristesse recouvrait presque tout, j’ai rencontré thomas.

julien
novembre 2016


plus d’informations sur  julien : www.facebook.com/Orso-Jesenska
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thomas jean henri (jour 3)

LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

coraline, rencontrée un douze décembre 2015 à schaerbeek, est une femme qui écrit.


à force de se croiser, d’échanger ou de partager des cafés, il peut arriver aux humains de se rencontrer.
à la faveur du hasard, par le truchement de circonstances mal définies, d’émotions vaguement digérées: la chose a lieu.
elle fait irruption, arrimée à l’instant, et ce n’est qu’à posteriori, à contretemps, qu’il devient possible de la nommer.

ce que dévoile cette occasion ne ressemble à rien de connu, de promis ou d’espéré. rien d’autre que la vérité d’un lien qui n’exige pas mais impose un constat: le mystère de qui nous sommes momentanément dévoilé.

face à face, côte à côte, cernés par le silence et le verbe alternants, nous empruntons une fréquence et une acuité inédites qui se dissoudront aussitôt l’instant passé.

nous-nous rencontrons à l’endroit précis où nos impossibilités se rejoignent. chacun laissant l’autre au bord de sa fracture à se demander comment cette fois il sera possible de la contourner, de la réduire ou pour un temps s’y noyer. nous restons interdits, implacablement isolés face à la solitude de l’ami, l’amant, le parent approché. infiniment condamnés à rester sur la rive de sa propre complexité habitée par les ombres, les congères, les lumières du passé : ce terrain vague où une mécanique s’est au fil des ans dessinée, cette zone grise à laquelle sans cesse nous revenons parce que c’est tout ce qui jusqu’ici nous a été enseigné.

nous-nous rencontrons quand sur la table offrandes et limites sont déposées. simultanément, généreusement, fermement. quand il n’y a plus personne à sauver, à maudire, à implorer. à l’instant où quelque chose en soi, en l’autre, s’est conjointement incarné. par la précision des mots, la présence, la minutie des gestes et des regards plantés. justes. juste plantés dans cet irrésistible présent qui dit me voici. tel qu’en moi-même, me voici. tu peux parcourir mon corps, retourner ma peau de bête et d’enfant mal né. tu peux investiguer, investir l’arrière de mes pensées, les tiroirs de mon appartement, la face cachée de mes rêves. tu peux le faire mais cela t’épuiserait parce que tu n’y verrais rien. rien d’autre. aucune autre réalité. pas de plus grande sincérité ni de meilleure possibilité qu’à cet instant précis, ce moment donné où par la grâce d’une quelconque vérité nous-nous sommes vus, dévoilés.

ici un risque. ici un miracle. un don. une fragilité.
ici un fanion vaillamment planté sur la cime de notre humanité.

il arrive que ces rencontres premières aient lieu et libèrent un espace où le lien se noue, ou se défait ; quand tour à tour reconnus et reconnaissants, renonçant à la fuite, nous est enfin donnée la possibilité d’aimer.

coraline
novembre 2016


plus d’informations sur coraline : breche.org
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thomas jean henri (jour 2)

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LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

jean, rencontré un deux septembre 1972 à braine l’alleud, est un homme qui écrit.


si les pavés sont toujours les mêmes, un peu plus luisants que la veille à cause de la pluie battante de la nuit, mes pas ne sont plus tout à fait les mêmes.

me suis-je dit, il devrait toujours pleuvoir ces matins-là pour mieux camoufler la pudeur des larmes de joie.

hier, il n’était pas là.

maintenant, il habite mes pensées jusque dans mes pas.

d’apparence, plus assurés que la veille mais je sais qu’il faut se méfier des enjambées nerveuses qui accompagnent la béatitude des premières rencontres.

demain, déjà, je sais qu’elles se feront plus mesurées, plus fragilisées, plus attentives aux petits pas espiègles qui me suivront.

dans une inébranlable permanence: que les pavés des rues glissent sous les généreuses averses ou brillent sous un soleil accablant n’y changera rien.

je ne marche désormais plus seul.

jean
novembre 2016


Plus d’informations sur jean : www.vudelavallee.be
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thomas jean henri (jour 1)

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LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

une fois par jour, juste le temps d’une semaine (jour 1)

et si, nos essentiels se trouvaient là.
juste là,
à l’aube de la première rencontre,
de cette idée,
de cet instant fragile,
de ce moment intensément précis,
où l’on a ouvert les yeux sur l’autre.

quel mot,
silence,
hésitation,
maladresse,
blague pourrie,
yeux baissés ou regards affrontés,
ont créé l’émoi,
la naissance d’un sentiment amoureux

avons nous consciemment choisi entre l’intense passion
et l’amitié profonde ?

qu’est ce qui nous a si intimement troublés
dans cet instant tangible et flottant ?

qu’est ce qui nous a vraiment appartenu ?

et puis,
puis, avec le recul des jours passés,

qu’avons nous gardé en mémoire de nos premières rencontres?

quels souvenirs avons-nous retenus pour construire notre propre histoire ?

et puis enfin,
peut-être répondre à celle qui.

celle qui si souvent
me demanda de lui écrire quelques mots,
quelques mots choisis sur notre première rencontre.

ce que,
par la force des choses,
je ne fis jamais.


en ce mois de novembre deux-mille seize,
j’ai proposé à quatre personnes qui écrivent.
de m’envoyer quelques mots,
quelques mots choisis sur l’idée de la première rencontre

thomas jean henri
novembre 2016


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“Là, sous le vent…”

Sur son nouveau single, le songwriter belge, Thomas Jean Henri, nous invite à partager une nouvelle fois, l’hospitalité de Cabane. En compagnie d’ami(e)s chers, il entretient avec passion, la douceur des moments partagés.

Il y a peu de temps, tel un petit caillou blanc sur le chemin d’un conte de Perrault, Thomas Jean Henri avait discrètement publié une très belle relecture du (déjà) magnifique Efface la mer d’Orso Jesenka. J’y avais retrouvé, comme une évidence, un lien de parenté, une délicatesse empreinte de simplicité et de chaleur. La brûlure du moment magique , si rare en fait, que l’on sait la reconnaître et l’apprécier.

Sur ce nouveau single, on retrouve les fidèles, Caroline Gabard, Bonnie Prince Billy et Kate Stables au chant, Sean O’hagan aux arrangements. Et à nouveau, cette même impression de partager à l’unisson un moment merveilleux d’équilibre, de simplicité et de délicatesse.
Comme un ami que l’on n’osait espérer se joindre à eux, c’est François Marry qui s’invite en bonus à ce single, et nous offre Là, sous le vent, magnifique version française de “Here, in the Wind”.

L’artwork des deux singles, signé du duo belge boldatwork, est une extension sensorielle de l’univers musical de Cabane.
La pochette du premier single figurait cette fameuse cabane, que l’on imaginait comme un frêle refuge entre ciel et terre. La pochette du second, nous ouvre l’espace : l’air, la terre, la mer… et le feu d’une flamme intacte, qui brûle une nouvelle fois, dans ces deux nouveaux titres.

Ces morceaux me sont déjà indispensables. Comme une autre cabane à Liverpool, je ne cesse d’y revenir, d’y apprécier chaque note, chaque mot, chaque silence, de retourner une face, puis l’autre, de m’y réchauffer, l’âme et le coeur.

En deux singles et six chansons, Thomas Jean Henri est devenu cet ami inconnu — ce “frère” comme disait Daniel Darc — avec qui je partage discrètement une partie de mon intimité.

Il ne le sait pas, mais je me devais de lui dire.


Pascal BLUA
Avril 2016

 

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