Stéphane Auzenet

My essentials for Stereographics © Stéphane Auzenet
Si on recherchait une juste définition du mot élégance dans un dictionnaire, nul doute que The Reed Conservation Society seraient cités en exemple. D’ailleurs, ne devrions-nous pas lire au fil des chroniques de disques : « Ce titre à l’élégance d’un morceau de The Reed Conservation Society ».
En effet, cette élégance n’a rien de fabriquée, de feinte. Non, Stéphane Auzenet est né avec. Je l’ai toujours connu bien habillé. Pas une seule faute de goût vestimentaire depuis qu’on se fréquente, au milieu des années 90. L’ourlet de ses pantalons est indéniablement parfaitement remonté. Je le revois venir avec sa bande des Pillows, enregistrer ses maquettes dans notre studio de Clamart, le Lutécia Garden Studio. L’usure du temps n’a assurément pas d’emprise sur “Robber Of The Sun”.  Entre les pauses, les rires de ses compagnons d’aventures amicales et musicales, Pollux, Charlotte et Thibaut, résonnent à l’unisson aux blagues fines de notre sémillant bassiste. Car oui, avant d’égrener des arpèges sur sa guitare acoustique, Stéphane tâtait de la quatre cordes. Que ce soit avec mon propre groupe, Meek, ou bien avec les copains de Superdrug, avec les Lollipops (futurs Vérone), ou encore avec les Pillows, nous trouvions chacun notre place dans l’International Pop Underground. Nous étions de tous les fanzines, de toutes les compilations cassette, de tous les concerts en Clarks et Harrington. Nous jouions les uns avec les autres, les uns pour les autres. Toujours élégants ! Aussi, ce ne fût pas une surprise de voir Stéphane rejoindre Vérone dès l’introductif EP, Jericho, aux premières lueurs des années 2000. Il accompagne alors le duo en tournée, il co-écrit des titres. Le groupe étoffe sa folk lettrée.
En secret, Stéphane se rêve en Lou Reed, s’imagine en Nick Drake, aspire aux harmonies qui résonnaient jadis dans les quartiers de Laurel Canyon. Et c’est ainsi qu’en 2018, il initie le projet de The Reed Conservation Society. Il s’associe à Matthieu, tranquille guitariste-trompettiste, qui signe également les arrangements des cordes. Toujours, ciselées et délicates, les mélodies de The Reed Conservation Society sont touchées par la grâce et s’ancrent définitivement dans notre cœur. Encore une fois, Stéphane aura l’élégance de dire que j’exagère. Absolument raide dingue des Reed !  —Jean-Noël Dastugue

LES ESSENTIELS DE STÉPHANE AUZENET

Le disque vinyle.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été hypnotisé par cet objet.

Au mitan des années 80, j’ai d’abord été happé par le hard rock et surtout par ses pochettes. Avant la musique, il y a donc le graphisme, et pour ça, le hard rock savait y faire. Des logos, du cuir, des cheveux longs, des filles, du feu, du sang, des monstres et tous les stéréotypes de l’enfer. Je ne savais pas par où commencer, et évidement, dans ce cas, il faut soit avoir des grands frères ou des grandes sœurs, et de ce que côté là c’était l’impasse, soit avoir des copains, qui eux, par chance, avaient des grands frères ou plutôt, en ce qui me concerne des grandes sœurs.

Je passais mes après-midi du mercredi et du samedi à squatter la chambre de deux filles que je ne connaissais pas, et qui, bien sûr n’étaient pas au courant que mon pote et moi restions des heures à écouter de la musique, à décortiquer les pochettes et leurs symboles subliminaux. Je me souviens précisément de Powerslave de Iron Maiden et sa pochette « Egyptienne ». Mais il y a eu aussi le Kill’em all de Metallica qui m’a marqué à vie. Tant sur le graphisme que sur la musique. C’est avec eux, que j’ai su qu’ils n’avaient pas envie de me divertir, mais de me bousculer.

Et puis grâce aux disques, il y a eu les revues musicales, Enfer Magazine, Hard Rock Magazine. Et puis comme une évidence, il y a eu la première guitare achetée par mes parents dans un dépôt vente de ma ville de la banlieue sud. Une guitare électrique noire sans marque. Pas les moyens d’avoir l’ampli qui allait avec alors je la jouais en acoustique.

Le disque vinyle mène à tout.
Depuis cette époque, j’ai une mémoire compulsive concernant les crédits sur les pochettes, les paroles, les photos. Je n’écoute plus du tout de Hard Rock ou de heavy metal, mais j’ai énormément de respect pour ce qui représente maintenant un sous-genre musical.

J’ai basculé vers la fin des 80’s vers d’autres horizons et je crois que le changement radical s’est fait avec The Clash, U2 et Hubert Felix Thiéfaine. 3 artistes découverts au hasard chez mon cousin, de trois ans mon ainé. Et là encore le même mode opératoire que pour les disques de Hard Rock, il fallait tout regarder, analyser, interpréter et imaginer :
– La photo de Paul Simonon qui est sur le point d’exploser sa basse sur scène. Je m’imaginais la suite. La musique du double London Calling donne une réponse auditive à la photo.
– Le Under a Blood Red Sky avec cette couleur orange, ce profil dans la fumée, la musique qui va avec donne aussi des indications sur l’ambition du groupe.
– Le Thiéfaine était super énigmatique : 2 enfants dans une décharge avec des regards qui ne sont pas de leur âge, des attitudes de « grands ». La musique, elle aussi collait bien à la pochette. J’aurais pu prendre des centaines d’exemples, mais ceux-là sont révélateurs de ma formation musicale.

On entre comme on peut dans la musique, je vous ai fait découvrir mes portes.
Une fois les fondations solides, on découvre ce qui restera.

Après, ce n’est plus du « guilty pleasure ». Ce sont des groupes, chanteurs ou labels que j’écoute encore, et ce depuis des décennies. Les plus fameux : 4AD, avec une identité visuelle, et un catalogue d’artistes exceptionnels ! Combien de temps à regarder les pochettes de Red House Painters, en écoutant les chansons ? Un pont, un Rollercoaster, un lit … Un photographe, un typographe, un graphiste, des musiciens, et une tête pensante : Ivo Watts-Russel. L’Art visuel et auditif, dans son entier.

Factory Records, Sarah, Mute… D’un coup d’œil, il était facile de différencier les labels ! Sur la foi d’un label, j’achetais tout ! Sans écouter. Un groupe qui cohabitait avec « Brighter » ne pouvait qu’être bon ! j’achetais donc tous les 45T (ou presque) de Sarah. L’œil et l’oreille se trompent rarement

Plus loin de nous, Elvis, Byrds, Nick Drake… Et là encore, les pochettes disent beaucoup, influencent une époque, une mode vestimentaire, une coupe de cheveux, une attitude !!!
Sonic Youth a fait connaitre des artistes contemporains grâce à leurs pochettes ! Pavement a relancé la mode du « collage ». Warp a réussit à intellectualiser la musique avec ses visuels ! Plus proche de nous, il y a encore et toujours de superbes logos de « maisons de disques ». Des graphismes improbables, des artisans  qui transforment l’objet disque en une œuvre d’art. La musique passe, évidement en premier mais, pas loin derrière, il y a l’image.

Et quitte à contredire les paroles d’un groupe référence : « Le mal du siècle, ce n’est pas forcément l’emballage ».

Stéphane Auzenet
Mai 2022

Plus d’informations sur Stéphane Auzenet
facebook.com/stephane.auzenet
facebook.com/TRCS
thereedconservationsociety.bandcamp.com

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