Guillaume Stankiewicz

My essentials for Stereographics © Guillaume Stankiewicz
Cette tentative de chronique serait différente si écrite hier ou demain. Elle est donc toute soumise à l’humeur du jour. Dehors il fait très froid, mais si beau. Ça aide. Nonobstant cette considération anecdotique et néanmoins d’importance, je m’y colle et me lance. Du sir sus-mentionné Guillaume Stankiewicz, je ne connais qu’un magnifique petit album que des mains charitables ont bien voulu mettre entre les miennes. Fort de ces écoutes dont je ne me lasse pas, que vois-je ici ? Quels échos, quelles correspondances m’apparaissent entre la poésie délicate et toute musicale de cet artiste et ce qui s’étend là devant nos yeux ? Sur un parquet qui m’évoque immédiatement celui de « The Madcap Laughs » avant que Syd ne se mette en tête d’en repeindre une latte sur deux en noir, s’étalent quelques objets de goût, aux valeurs visiblement hautement symboliques. Ça commence donc plutôt bien. Posés à même le sol, entre divers livres et recueils, quelques vieilles connaissances retiennent ensuite mon attention : Jaccottet, Dostoïevski, Gracq, pour ne citer qu’eux. Nous sommes donc en terrain ami. Mais aussi au pays des âmes torturées, qui cherchent. Plus loin, à peine dissimulé sous un Neil Young de référence, que ce petit clavier Casio ne vous trompe pas : Guillaume Stankiewicz n’en fait pas moins des arrangements somptueux avec des cordes comme on en entend peu, discrètes et pourtant amples, inventives et gracieuses. Plus haut, je ne parviens pas à distinguer s’il s’agit d’un disque ou d’un livre – probablement un disque. Là comme ça, ça ne me dit rien ; et ce n’est pas grave. Je n’ai pas envie de savoir ; la cohérence esthétique qui règne ici me suffit. Et j’aime que certains mystères demeurent. Ressortons donc discrètement de l’intimité que ce garçon nous a offerte le temps d’un cliché, et laissons-le poursuivre sa route, son travail. Nous aurons tous à y gagner….  Nesles

LES ESSENTIELS DE GUILLAUME STANKIEWICZ

Une Guitare acoustique Martin D1 gaucher. A part en concert et en répétition, je ne joue quasiment jamais de guitare électrique. Cette guitare est MON instrument, le seul que j’utilise quotidiennement, le seul dont je sache jouer correctement, et celui sur lequel je compose toutes mes chansons, mon véhicule en somme. Pour ceux qui ne connaissent pas, Martin est une des marques de guitares folk les plus réputées. Le folk c’est en quelque sorte la trame de ma musique, le fil conducteur qui court de manière plus ou moins évidente dans chaque chanson. C’est sans doute un peu naïf, mais pour moi, jouer sur une Martin, même s’il s’agit d’un modèle relativement bon marché, était un peu un moyen de m’arrimer à cette musique, de me légitimer comme songwriter d’une certaine manière… Et bien sûr, c’est la marque utilisée depuis toujours par Neil Young.

Deux disques vinyles, « Time fades away » et « On the beach » de Neil YoungCes deux albums ont une histoire un peu particulière : pour des raisons un peu obscures, Neil Young a longtemps refusé de les rééditer en cd ou vinyle. Pendant longtemps ils étaient très difficiles à trouver alors qu’ils forment avec “Tonight’s the night” une sorte de trilogie noire qui est ce qu’il a fait de mieux. Je les avais achetés dans une « foire au disque » il y a bien longtemps, bien avant le retour du vinyle. Je me souviens que j’étais très fier de mon achat, la musique devenait un truc vraiment sérieux pour moi, pas juste un truc d’ado qui passerait une fois atteint l’âge adulte comme pour la plupart des gens. Je m’engageais.

Un Synthé casiotone CT-605. Acheté 50 euros sur Le bon coin il y environ un an à un type assez étrange. Je m’en sers beaucoup sur mes derniers morceaux et en concert. Les sons sont un peu cheaps mais ils ont un certain cachet et puis il y a une touche « sustain » qui met une sorte de fondu général très utile quand comme moi on ne sait pas jouer du clavier !

Mon EP « Sans cesse et sans bruit ». Si j’ai inclus mon disque ici, ce n’est pas tant pour l’auto-promo (encore que…) que pour l’illustration qui figure sur la pochette. Elle est l’œuvre de Yannis Frier. Pour ce disque, n’étant pas particulièrement fasciné par mon physique, ça ne m’intéressait pas tellement d’utiliser une photo de moi et les dessins de Yannis me parlaient. Je lui ai indiqué un certains nombre de références, la direction dans laquelle je souhaitais aller. Je voulais retrouver le mélange de naïveté et de mystère voire de gravité que je trouve par exemple dans les illustrations des contes russes par Bilibine, dans les mosaïques dorées des églises grecques ou encore dans les BD de David B., quelque chose qui renvoie à des émotions d’enfance, sans tomber dans un sentimentalisme facile. Nous avons pas mal tâtonné pour arriver à ce dessin et – je peux le dire vu que je n’en suis pas l’auteur – j’en suis très content. Bravo Yannis.

Un cahier. Ce cahier est rempli du début à la fin des notes organisant les sessions et le mixage de mon EP l’an dernier. Le budget étant serré, il fallait que tout soit précisément planifié… Bon à l’arrivée ce n’était pas si bien planifié que ça… J’ai retrouvé ce cahier en préparant cet inventaire et ça m’a amusé de m’y replonger : les notes sont limites illisibles, pleines d’incises, de flèches, de ratures, de schémas incompréhensibles… on pourrait les croire écrites par un fou. Ça me replonge dans cette période très intense. J’ai hâte de pouvoir travailler à nouveau en studio.

Un ordinateur portable et une carte son. Je n’ai bien sûr aucun attachement sentimental vis-à-vis de ces deux objets mais je les utilise tellement souvent qu’il était difficile de ne pas les citer. Comme tous les musiciens aujourd’hui ils font partie de mes principaux outils de travail. Ils permettent de penser un morceaux d’une façon globale, au risque de verser dans une approche un peu trop cérébrale, trop éloignée du geste du musicien, de l’engagement physique que suppose l’acte de jouer ou de chanter.

Un mug japonais. Je bois énormément de thé. En préparer est une sorte de minuscule rituel qui vient scander chacune de mes journées. C’est une habitude que je dois à ma mère et que je n’ai jamais perdue. Ça fait sans doute partie de tous ces gestes, expressions du visage, intonations de voix, habitudes que l’on décide presque consciemment d’adopter, comme pour rendre secrètement hommage à ceux dont on les tient.

Des recueils de poésie, des romans. Je n’ai pas une énorme culture littéraire à la base. Je suis un lecteur tardif, notamment pour ce qui est de la poésie. Mais mes textes ont parfois pour point de départ une lecture, non que je m’en inspire directement mais certaines déclenchent quelque chose dans mon cerveau, et je sens (comme à chaque fois que l’inspiration vient) que quelque chose demande à être créé, à sortir. Alors je sais que je dois me mettre au travail.

Guillaume Stankiewicz
Janvier 2017

 

Mostla Tape “Les années” à découvrir chez La Souterraine


Plus d’informations sur Guillaume Stankiewicz
www.facebook.com/guillaume.stankiewicz
guillaumestankiewicz.bandcamp.com

My essentials for Stereographics by Guillaume Stankiewicz
© Guillaume Stankiewicz / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Newsletter Stereographics

Pour ne rien manquer d’Essentiels et tout suivre de Stereographics.

Autres à lire

Il est des gens avec lesquels on est lié d’amitié avant même de les avoir rencontrés. Dans les années 80, à quelque huit cents …
Marianne Dissard se rêve à la frontière des mots, du chant et des images, quelque part entre l’ouest américain et le vieux continent. …