Lorsque je travaille, j’utilise des boîtiers numériques: Canon pour filmer, Nikon pour la photo de concert, mais toujours en mode manuel… La GoPro est un outil complémentaire très maniable, discret, amphibie. En un mot, génial! Filmer avec elle rend les choses ludiques, faciles. Quant au Nikon F100, il reste mon préféré… J’adore le son de son déclenchement, son ergonomie. L’argentique entretient la magie de l’attente, de la surprise, de la découverte, de l’accident créatif. Je photographie mon entourage avec lui, en noir et blanc. J’aime aussi faire de la photo macro abstractive: interroger la matière, la caresser du regard, la caresser tout simplement. L’objectif macro AF 105mm1/2.8 est parfait.
L’ordinateur centralise tout: le traitement de l’image, le montage vidéo. J’écoute grâce à lui énormément de musique sur internet, au casque, pour alimenter mon blog et mon désir insatiable de nouveaux sons.
Je collectionne les disques, les films, les livres. Je peux dormir par terre, mais pas sans livres à portée de main. Bowie est le premier artiste que j’ai admiré. Warsawa est mon titre préféré sur Low, quand Philip Glass l’a retravaillé, je suis tombée à genoux.
Dans Agua viva, C. Lispector travaille la matière de l’écriture, la sensation, à la manière d’une plasticienne. J’aime l’intensité, la passion qui animent son oeuvre. Ce titre est doublement évocateur: je vis en bord de mer. Harold et Maude, parce que j’ai le goût des fleurs simples… Saul Leiter pour son usage virtuose du flou, des silhouettes et des reflets, extraordinairement poétique. Modern Architecture since 1900 a été acheté un soir à Los Angeles chez Borders, à Santa Monica, librairie fermée aujourd’hui. J’ai toujours été attirée par la conception d’espaces, et l’architecture contemporaine américaine. Par la conception dans l’espace aussi: en peinture comme en sculpture. Il me semble vital de se laisser traverser quotidiennement par la beauté, sous toutes ses formes. On peut mener une existence modeste mais vivre sans beauté me semble inconcevable.
On met un certain temps à trouver la plume parfaite, à la faire, comme on dit. Je note mes idées, griffonne mes croquis dans un carnet, mes rendez-vous dans un agenda, tout comme j’écris des histoires sur des cahiers à spirale: à l’encre noire de mon stylo fétiche.
J’ai hérité de cette montre à gousset et vraisemblablement de nombreuses aptitudes de mon grand-père. Je ne porte de montre que lorsque je travaille au contact des gens. Lorsque je suis seule, je sais parfaitement l’heure qu’il est. Parfois à la minute près. Je possède peu de bijoux, ne souhaite plus me maquiller. Un parfum dit beaucoup d’une femme, j’apprécie qu’il soit léger. J’aime l’intemporalité, les caméléons qui se transforment cycliquement, jouent avec leur image. Tout détail m’importe: le choix des matières, des coloris, des lignes. C’est la synthèse des influences, le référentiel, et la note de fantaisie qui me portent vers tel vêtement ou tel objet.
Le travail de François Quesnel, que l’on retrouve dans la boîte ronde en céramique, me parle énormément. François m’a transmis son goût de la pièce unique, de la relation poétique à la terre. Lorsque je jardine, je me relie souvent à lui en pensées, et à mon grand-père, aussi. Mon jardin est mon deuxième bureau.
Certes, il reste des objets que je n’ai pas commentés.
Il n’y a rien à en dire, j’y tiens, et c’est tout.
Je me rends compte aussi que la plupart des objets de cette sélection m’ont été offerts.
Un seul disque, à défaut d’en choisir cent. Il n’a pas été difficile à trouver. Le 1er Velvet, poétique et visionnaire, sauvage et sexuel, résume à lui seul tout ce que j’aime dans l’art en général.
Deux livres. Martin Eden de Jack London, grand roman désabusé, lu une seule fois à 15 ans, m’a laissé une trace indélébile tout comme Les Chants de Maldoror (et son pendant Les Poésies), découvert bien après, long poème en prose à côté duquel toute la production actuelle me paraît mièvre et mal écrite.
Goya et Les Caprices pour la noirceur et la vérité qui s’en dégage.
Un film. Répulsion, hypnotique et dérangeant, point d’orgue de la filmographie de Polanski et de celle de Deneuve (dont je suis très fan pour Belle de jour et les Demy notamment).
Une paire de baskets (les seules chaussures que je porte) et des pulls uniformément noirs, gris ou bleus marine (en été, des t-shirts de la même couleur).
Duthé vert (2 sachets par tasse) et du chocolat, indispensables à une journée normale.
Des haltères. Parce qu’une journée sans activité physique (ça arrive souvent) est une journée où je me sens mal.
Des cassettes audio Par nostalgie (nos premiers enregistrements sur un Tascam 4 pistes, des quantités de souvenirs enregistrés).
Mon vieil Iphone 4 qui me suit véritablement partout.
Ma Takamine électro acoustique, petite et facile à jouer, la dernière guitare qu’il me reste.
Un médiator, toujours abandonné dans des endroits improbables.
Une rouleuse à tabac, cadeau qui m’est cher, à la fois talisman et boite de pandore.
“Mais bien sûr l’essentiel reste hors cadre … la promesse des matins, le soleil qui tape, les portes dérobées, les aires d’autoroutes, les étendues (les mers à boire), les sourires futiles (les amours d’un soir), les nuits blanches, le cœur qui bat … ”
En dehors des êtres chers, voici quelques-uns de mes essentiels.
Les Doc Martens: Depuis 25 ans, je n’ai porté que deux types de chaussures : tout d’abord des rangers pendant une dizaine d’années, et par la suite, des Doc Martens. On devine bien que je n’ai aucun attrait pour l’habillage du pied.
Les lunettes: À l’âge de 6 ou 7 ans, non content d’être un gamin enrobé, j’allais devenir binoclard.
Le Pod (le haricot rouge, sur le synthé): Le simulateur d’ampli est un outil très utile lorsqu’on vit en appartement et qu’on respecte un tant soit peu la quiétude de ses voisins. Toutefois, je me souviens d’une époque où j’enregistrais des prises de guitare électrique, à partir d’un ampli repiqué avec un micro, sans me soucier le moins du monde des nuisances sonores que cela pouvait provoquer. J’en profite ici pour faire mon mea culpa !
Les guitares: Ce ne sont pas précisément les guitares qui figurent sur la photo mais l’instrument – l’outil – qu’elles représentent qui m’est essentiel, surtout pour composer (à la guitare acoustique), et pour faire du bruit (la guitare électrique) car je suis un piètre guitariste et je pratique très peu. Cela dit, ce n’est pas un hasard si j’ai choisi de faire figurer sur la photo ma Telecaster. Elle est le fruit d’un heureux concours de circonstances, puisqu’il y a plus de… 25 ans, je l’avais vue dans la vitrine d’un magasin de guitares d’occase, à Pigalle, et elle m’avait bien tapé dans l’œil. Cependant, je venais de m’acheter une superbe électrique chez un luthier qui avait développé des modèles avec des caisses en métal ; l’achat d’une autre guitare électrique n’était donc pas d’actualité. Quelques mois plus tard, en assistant à un concert d’un collègue de travail de Mikaël (une « grosse bête » à la guitare, comme on dit, et un bon chanteur, qui plus est) à l’Espace Ornano, je revois la Telecaster en question sur la scène, comme guitare d’appoint. Encore quelques mois plus tard, le collègue de Mikaël décide de la revendre, et là, je me suis dit qu’elle serait pour moi ! Voilà pour l’anecdote.
Le synthé: Suite de la panoplie du bricoleur musicien : un clavier. Rien de très original, mais essentiel afin de piloter les banques de sons pour les arrangements « orchestraux » (à défaut de pouvoir se payer un ensemble symphonique, ou même un quatuor à cordes).
Le micro (sur le synthé, à gauche): Fin de la séquence « matériel de musique » avec un microphone. C’est plutôt utile quand on ne sait pas écrire la musique et qu’on veut retenir les mélodies trouvées… Jusqu’à il y a 3 ans, j’enregistrais guitare acoustique et voix à l’aide d’un vieux micro Shure SM56 donné par une âme charitable à une époque où je n’avais pas encore touché un manche de guitare autrement qu’avec des doigts tremblants, tout fébrile et impressionné que j’étais, perdu devant un monde à domestiquer (je devais juste savoir faire un Mi mineur). Récemment, j’ai fait l’acquisition d’un micro un peu plus performant (celui de la photo), qui m’a permis de me sentir un peu plus à l’aise avec ma voix. Et depuis, j’ai quand même appris quelques accords supplémentaires.
La photo de mon bureau et des ordinateurs (à gauche, au-dessous du synthé): Travaillant à domicile, je passe le plus clair de mon temps dans ce capharnaüm organisé. Longtemps réfractaire à l’informatique (probablement l’une de ces stupides postures qu’il m’arrive parfois d’adopter), mon activité professionnelle m’a pourtant amené à devoir maîtriser cet outil il y a à peine une quinzaine d’années. Aujourd’hui, il me serait impossible de m’en passer, tant du point de vue professionnel que du point de vue de la musique. Et voilà comment on se retrouve avec, en gros, un PC majoritairement dédié au travail et un Mac pour la musique.
Le casque : Sûrement pas la meilleure chose pour les oreilles, surtout lorsqu’on en porte un 8 à 10 heures par jour, mais essentiel pour le travail.
La bouteille d’eau: C’est impératif ! Vital !
L’imper de Colombo: Enfin, disons, dans le style Colombo. Des années durant, j’ai porté celui de mon père. Je pense qu’il était devenu encore moins frais que l’imper de ce cher lieutenant (voire même, que Peter “Colombo” Falk lui-même). J’ai dû le remplacer.
L’écharpe : Complètement accro. Une bonne drogue quand on est sensible de la gorge.
Les CD (photo en bas, à droite): Pendant quelques années, j’ai connu une relative précarité, sans avoir réellement à en souffrir grâce à mon peu d’appétence pour la consommation. Seul gros point noir, je le reconnais: ne pas pouvoir acheter d’albums. J’empruntais des CD à la médiathèque municipale ; j’avais également des amis bienveillants qui m’en prêtaient et parfois m’en gravaient. C’était la fête ! Au sortir de cette période de disette, quand j’ai pu à nouveau me procurer des albums, une sorte de boulimie compulsive s’est emparée de moi. Devant le ridicule de la situation, j’ai fini par me calmer, mais il me reste encore une pléthore de CD dont le contenu n’a fait qu’effleurer mes tympans. L’ensemble occupe un mur entier de mon appartement. Ce n’est pas malin lorsqu’on habite dans un petit appartement! À vrai dire, j’avais surtout faim de musique, bien sûr !
Les vinyles: J’ai rapatrié, de chez mes parents, quelques vinyles qui me sont chers : ces BO de Morricone (et de Michel Magne, aussi…) que j’écoutais, enfant, et dont la musique et les pochettes ouvraient les horizons du petit banlieusard de rien que j’étais.
Le sac noir: Avant ce sac – et ses prédécesseurs, du même acabit – j’utilisais des sacs FNAC. La grande classe.
Les livres sur le Portugal: Ça, c’est un petit clin d’œil au Portugal, un pays que j’adore et qui me manque.
Le bloc-notes: J’en ai usé, des blocs notes ! Grands, petits, tout me va. Je note des tas de choses différentes dessus, et quand j’en cherche une en particulier, je mets toujours un temps fou à la retrouver.
Quelques ouvrages de Céline & Kafka: Là encore, rien de très original. Céline, je n’en suis toujours pas revenu. Quant à Kafka, c’est un peu grâce à lui – si, si ! – et beaucoup grâce à un ami metteur en scène, que j’ai repris un semblant de confiance quand cet ami m’accorda la sienne, de confiance, en me chargeant de la musique d’une adaptation théâtrale de « La colonie Pénitentiaire », une formidable nouvelle de Kafka. À l’époque, j’avais plus ou moins laissé tomber la musique. Mais je m’égare… D’une manière générale, la lecture tient une place importante dans mon quotidien, sous diverses formes, cependant pour être franc, pas autant qu’elle le devrait. Je cède un peu trop souvent aux sirènes du 7 ème art.
AU DÉBUT
— Quels sont tes premiers souvenirs musicaux et/ou (photo)graphiques ? Quelle(s) image(s) en gardes-tu ?
Stéphane — Le premier souvenir musical, celui qui rentre dans la catégorie “a marqué” , remonte à l’adolescence. Je devais avoir 15 ans. Je passe l’après-midi chez un copain, qui habite pas loin de chez moi, un peu plus âgé (je ne rappelle même plus son prénom et son nom), beaucoup plus “punk” surtout. Je repars de chez lui avec une K7 de The Smiths (en face A) et de In the Nursery (en face B). C’est ce jour là, que j’ai compris qu’il existait d’autres musiques, d’autres groupes, d’autres alternatives. Je pense que cette K7 est ma pierre de Rosette musicale. Sans elle, je n’aurais pas eu cette curiosité pour la découverte musicale qui m’anime encore aujourd’hui. Le tout 1er cd que j’ai acheté, n’aurait sans doute pas été The Jesus & Mary Chain, et je n’aurais même jamais écouté, quelques années plus tard, les Pixies ou Dead Can Dance.
Le premier souvenir (photo)graphique interviendra quelques années plus tard, début 90, quand je découvre le travail de Vaughan Oliver et de Simon Larbalestier sur le label 4AD. Les artworks de V23 à cette époque m’ont tellement marqué, que pour la 1ère fois, je regarde les crédits des disques pour en découvrir les auteurs, chose que je n’avais jamais faite avant.
“Les artworks de V23 […] m’ont tellement marqué, que pour la 1ère fois, je regarde les crédits des disques pour en découvrir les auteurs”
Y a t’il des liens entre ton parcours photographique et ta passion pour la musique ? Stéphane — Oui forcément, puisque je découvre la photographie par le biais de mon travail (je bosse dans un service de com à l’époque) et que rapidement après, je fais la rencontre d’Erik Arnaud. J’ai donc mis le 1er quasi de suite au service du 2ème, quand Arnaud (son vrai prénom) m’a demandé si je pouvais m’occuper de l’artwork de son 3ème album “l’armure”.
L’occasion de participer, à ma manière, à la sortie d’un disque pour un artiste de son talent était trop belle, pour ne pas être saisie. Ma 1ère vraie série photographique (de(s)composition) en découle.
Autodidacte, je n’ose pas aller à cette époque vers un travail photographique “conventionnel” parce que j’ai peur d’être jugé par ceux qui sont “photographes” et qui parlent technique avant tout (diaph, ouverture, point, etc). Comme je ne suis pas vraiment graphiste non plus, cette série qui mélange les deux aspects, me permet de ne pas être jugé sur l’un ou sur l’autre aspect, c’est commode.
Toutefois Arnaud, qui sait ce qu’il veut, me demande de lui présenter des “vraies” photographies. Je passe donc le cap grâce à lui, et je fais les séries “renaissance” et “darkness”. Plus tard, quand on se lancera un week-end de septembre 2008 dans les photos pour son disque, je ferais l’expérience du portrait. Mon apprentissage photographique et la musique sont donc intimement liés, puisque le 1er découle du second. Sans cette rencontre avec Arnaud, je ne répondrais pas à ces questions aujourd’hui ; je lui dois beaucoup.
Comment as-tu associé la musique et la photographie ? Est-ce une démarche volontaire ou le fruit du hasard des rencontres ? Stéphane — Je n’ai jamais eu l’ambition de faire de la photo, pour exposer ou vendre mon travail, et je ne me suis jamais considéré comme un artiste, je trouverais ça extrêmement prétentieux de ma part.
Il se trouve juste que j’ai ce savoir faire là, et surtout la chance de réaliser des clichés qui plaisent à un petit nombre de gens, et, en tout cas suffisamment, pour que quelques artistes me demandent à l’occasion, d’illustrer leur propre travail musical.
Qui plus est, quand tu es passionné de musique comme je le suis, sans être musicien (à mon grand regret), avoir la possibilité d’être associé un projet tel qu’un disque, pour des personnes que tu admires en plus, c’est une opportunité qui ne peut pas ne pas être saisie.
Aujourd’hui encore, quand je commence un travail photographique, j’ai toujours en tête qu’il pourra illustrer un jour une sortie de disque. C’est pour cette raison aussi que j’ai toujours travaillé dans l’esprit de séries, pour avoir de la matière dans l’hypothèse d’un travail graphique, pour illustrer la pochette, mais aussi son dos et son intérieur.
GRAPHISME ET MUSIQUE
— Certains mouvements musicaux ont accordés une place essentielle à l’image et au graphisme.
Que penses-tu de cet aspect “visuel” de la musique ? Stéphane — Je dis toujours que le 1er contact avec un disque, bien avant son écoute (pour le public j’entends), c’est la pochette, donc l’image qui y sera associé pour toujours. Il est donc important, mais pas primordial en ce qui me concerne. C’est la cerise sur le gâteau en somme, parce qu’un disque ça reste avant tout de la musique pour moi. Je ne me suis jamais vu ne pas acheter un disque, parce que je n’aimais pas la pochette. A contrario, je ne me suis jamais vu acheter un disque, parce que la pochette me plaisait mais pas la musique.
Toutefois, une pochette peut donner envie de découvrir la musique qui se cache derrière, si on ne connaît pas l’artiste ou le groupe, donc c’est quelque chose qui ne doit pas être négligé. Après, les goûts et les couleurs, c’est autre chose…
Quand je fais une pochette, je me mets au service de l’artiste, il doit être convaincu à 200 % que c’est exactement ça qu’il veut pour illustrer son travail musical. Même si c’est mon travail qui est visible, ce dernier doit rester associé au nom sur la pochette du disque, ce qui est généralement le cas, et c’est tant mieux comme ça.
“Mon apprentissage photographique et la musique sont donc intimement liés,
puisque le 1er découle du second”
Quelle importance accordes-tu à une pochette de disque ? Quel est son rôle ? Stéphane — Moi, je continue à acheter des albums parce que j’aime le disque “physique” associé à la musique. Il y a un coté collectionneur dans cette démarche d’achat. Et si pour le même prix, je peux avoir un objet qui me plaît alors tant mieux. Mais une illustration ne fait pas tout, le choix du papier, du vernis, du support est tout aussi important à mon sens et se sont aussi ces choix là qui mettent en valeur et font la réussite de l’objet. C’est pour ça que j’adore faire des disques pour monopsone, qui donne la possibilité de faire des belles choses.
Pour la collection microcircuit, par exemple, ils ont ainsi décidé de sortir les disques sur un digisleeve trois volets, avec un vernis mat, ce qui augmente le coût de fabrication par rapport à un CD cristal ou même un digipak, avec le traditionnel vernis de base. Mais, le résultat est là, et, quitte à sortir des disques, autant les faire beaux jusqu’au bout même en CD. Pour le LP de Matthieu Malon “peut être un jour”, on a opté pour une sous pochette imprimée avec les paroles des chansons, en lieu et place de la traditionnelle sous pochette, blanche ou noire, en papier.
“…une illustration ne fait pas tout, le choix du papier, du vernis, du support
est tout aussi important à mon sens”
Que penses-tu du “retour” en force du vinyle face à la dématérialisation de la musique et de sa distribution ? Stéphane — C’est forcément une bonne chose. Mais je ne pense pas qu’il y aura un effet durable. La génération “internet” a pris l’habitude de la gratuité de la musique, et même sans parler de téléchargement illégal, tout le monde met à disposition “gratuitement” sa musique via le streaming, ça n’encouragera pas à un retour aux supports physiques, j’en ai bien peur. D’autant plus, que dans le même temps, j’ai l’impression que certains organisent la rareté du vinyle, en en faisant un produit de luxe, via des prix qui deviennent plus qu’excessifs (les frais de port n’expliquent pas tout), la politique du “autant vendre peu, mais cher” quoi (heureusement, on trouve toujours des disques vinyles à des prix accessibles, en général via les “bandcamp” des groupes).
Personnellement, je commence à revenir au CD. Mais à mon grand regret, parce que le format vinyle, c’est une taille adaptée à la photo avec un niveau de détail, que l’on aura jamais sur un CD. Un vinyle, c’est aussi l’obligation, au-delà de l’aspect esthétique, d’écouter vraiment un disque du début jusqu’à la fin, sans la tentation d’appuyer sur le bouton piste suivante.
ARTWORK
— Tu utilises tes propres photographies sur les pochettes que tu réalises. Selon toi, la pochette doit-elle être une véritable réflexion sur la mise en images de la musique où une démarche purement artistique ? Stéphane — Pas de règles. Comme je te disais plus haut, une pochette n’est pas là pour mettre en avant mon travail, mais pour être au service de la musique qu’elle va illustrer. Je ne conçois ce travail que comme une collaboration, avec l’artiste ou le groupe ou le label, si c’est dans le cadre d’une collection bien précise (exemple les fragments de monopsone). C’est donc avant tout un échange, qui permet de donner mon avis, de faire d’autres propositions, si je pense qu’on peut faire quelque chose de plus intéressant. Mais en dernier ressort, le choix revient toujours au principal intéressé, il ne peut en être autrement.
Par exemple, avec Matthieu Malon, que ce soit pour le single “28.02.2013” ou son album “peut-être un jour “, je suis parti sur tout autre chose que ce qu’il avait en tête, après avoir quand même essayé ses idées. Je pensais qu’on pouvait faire mieux, je lui ai donc proposé autre chose et cela l’a convaincu. C’est aussi ce qu’on attend de nous souvent je pense, d’apporter notre vision.
D’ailleurs beaucoup de musiciens aiment, comme pour le mix souvent, confier cette étape du disque à quelqu’un d’extérieur. C’est un vrai choix assumé. Il arrive même ,que l’on commence le travail visuel en même temps que ce fait la création musicale, donc de faire les visuels avant même que les titres soient finis et de les avoir écouté. Ce fut le cas pour “l’armure” et aussi le dernier disque de Nezumi (& Fox). Je fais donc avec les quelques éléments qu’on me donne ou à ma disposition.
Je ne suis pas très “portrait” pour une pochette, je privilégie toujours donc la mise en scène si l’artiste veut apparaître dessus (Matthieu Malon, Bertrand Bestch), mais on peut aussi me donner carte blanche ou vouloir utiliser une de mes photos déjà vu ou me demander une chose bien précise.
“Je ne conçois ce travail que comme une collaboration, avec l’artiste ou le groupe ou le label”
Pour le disque de A Movement Of Return par exemple, le nom m’a de suite inspiré Venise où je me suis pris là-bas un véritable choc temporel. J’ai proposé à Fred un premier travail avec cette photo prise du Rialto et il a dit banco de suite. Il y a à la fois, le mouvement de l’eau, des passants, une vue très ouverte, large et du détail, on a pas cherché plus loin.
Pour le dernier Supercilious, Alex avait une idée bien précise en tête. Un portrait d’une personne âgée dans l’idée du «Staring at the Sea» des Cure. Comme je ne suis pas très “portrait” pour un disque je lui ai fait deux autres propositions qui ne collait pas à ce qu’il avait en tête ; c’est lui qui m’a orienté du coup en 2ème idée, vers la télé et une personne endormie devant. C’était important pour lui, de mettre un vraie personne sur la pochette.
Bref, chaque nouvelle collaboration est différente et c’est ce qui excitant aussi !
Quelles sont tes attentes vis à vis du musicien ou du groupe avec lequel tu collabores sur une pochette ? Stéphane — Une seule, le satisfaire et qu’il soit fier de son disque visuellement. Pas meilleur récompense, qu’un “j’aurais pas rêvé mieux”.
Tu collabores régulièrement avec les labels Monopsone et 03H50. Un label doit-il avoir un univers visuel et graphique qui lui est propre ? Stéphane — Tout dépend de ce que l’on entend par là. S’il s’agit d’imposer un visuel pour identifier de suite un label, je trouve ça dommage. Le label sort les disques dans lesquels il croit, qu’il veut défendre. Mais, chaque disque est différent, tout comme ses artistes ou groupes. Il mérite donc chacun leur propre identité. Sinon, cela voudrait dire que l’on place la structure avant le disque, en dissociant le disque et l’image que son auteur veut lui donner.
Après, pour un label, travailler avec le même graphiste, peut permettre en effet, de combler tout le monde. C’est pour ça que j’ai aimé 4AD, comme je te le disais plus haut.
HALL OF FAME
— Quelles sont la ou les pochettes qui font référence pour toi ? Unknown Pleasures — Joy Division / Design Peter Saville
Green mind — Dinosaur Jr / Photographie de Joe Szabo
Spleen and Ideal — Dead Can Dance / Photographie de Colin Gray
Goo — Sonic Youth / Raymond Pettibon d’après une photo d’un paparazzi sur laquelle on voit Maureen Hindley et David Smith
Surfa Rosa — Pixies / Design V23 avec photos de Simon Larbalestier
Bon, c’est un peu en désordre, mais je pense c’est aussi comme ça que fonctionne ma mémoire : en vrac et par associations d’idées. Bref… J’ai surtout choisi des films et des disques, parce que je n’ai pas le même rapport de familiarité avec les romans. En fait, j’y reviens moins. Or je pense que c’est en revenant vers certaines œuvres qu’on s’en nourrit le mieux. En tout cas, pour moi, c’est comme ça…
Sur cette photo, il y a beaucoup de choses, donc j’y vais au feeling, en partant du haut, à gauche.
MOJO : Mojo a longtemps été, pour moi, le magazine de rock de référence. C’était un magazine sérieux, très documenté, bourré d’informations et de récits passionnants. Aujourd’hui, je le lis plus distraitement, mais ça reste un titre qui m’accompagne depuis plus de vingt ans, donc…
Paris, Texas de WIM WENDERS : Ce film m’accompagne depuis le lycée. Wenders n’est pas un cinéaste que j’aime particulièrement, mais Paris, Texas est vraiment une œuvre à part. Je crois qu’en plus d’être un chef-d’œuvre, c’est surtout un film qui regarde l’Amérique comme j’ai envie de la regarder, c’est-à-dire avec les yeux d’un Européen fasciné par la splendeur des grands espaces, par la magie captivante des bords de route, des non-lieux, etc. Il y a aussi de ça dans Zabriskie Point d’Antonioni, d’ailleurs… Bref, plus les années passent et plus j’aime ce film.
THE STOOGES Fun House : J’ai dû acheter ce disque dans cinq ou six versions différentes. J’en ai gardé trois : le double CD, le vinyle et le coffret des sessions. J’adore Iggy Pop et les Stooges, mais je crois que Fun House est mon album de rock préféré dans l’absolu. C’est un disque que j’écoute depuis le lycée et qui ne vieillit vraiment pas. C’est de la sauvagerie à l’état pur.
Lost Highway de DAVID LYNCH : A l’époque, j’étais déjà fan de Blue Velvet et de Twin Peaks, mais Lost Highway avait été un grand choc, notamment pour sa façon de se réapproprier les codes du film noir. On parle souvent de Mulholland Drive mais, pour moi, le film qui a le plus révolutionné le cinéma de Lynch c’est Lost Highway.
NEIL YOUNG Harvest: Encore un disque qui m’accompagne depuis le lycée… J’adore Neil Young, mais Harvest est vraiment un album à part. Chaque fois que je l’écoute, j’ai l’impression de revenir à la maison. Et je ne pense pas que ce soit lié au fait que je l’écoute depuis près de trente ans. Je crois que c’est vraiment lié au son du disque, à son identité. Pour moi, c’est un album parfait.
Salo ou les 120 journées de Sodome de PIER PAOLO PASOLINI : J’ai dû voir ce film cinq ou six fois et dans des contextes très différents : en VHS, plusieurs fois en salle, en DVD… Dès le départ, il m’a semblé important de le démystifier, de le sortir de sa réputation de film insoutenable, etc. C’est l’une des œuvres les plus politiques que je connaisse, mais c’est surtout un film auquel je fais constamment référence. Pour moi, Salo rend sensible l’idée d’un monde qui a perdu toute forme d’humanité et où tous les personnages, même les bourreaux, sont sans avenir. C’est un film incroyable.
THE VELVET UNDERGROUND White Light/White Heat : C’est mon album préféré du Velvet. Le premier est évidemment un monument, mais certaines ballades ont fini par m’agacer. Alors qu’avec White Light/White Heat, pas de souci : on est vraiment au cœur de la démence et du génie visionnaire du Velvet Underground. Et, là encore, comme pour Fun House, le disque ne semble pas vraiment daté. Au contraire, même…
Pierrot le fou de JEAN-LUC GODARD : Très honnêtement, je ne sais pas si j’aurais autant aimé le cinéma si je n’étais pas tombé, assez tôt, vers 18-19 ans, sur les films de Godard, et plus spécialement sur celui-ci. C’est de la poésie pure, un film d’une liberté folle, mais aussi un film libérateur, qui donne envie d’écrire, de créer, et qui, surtout, donne le sentiment que tout est possible. Et puis, c’est aussi un film qui, tout en étant absolument intemporel, réussit à parfaitement saisir l’esprit de son époque.
Out of the Blue de DENNIS HOPPER : Out of the Blue est le film le plus punk que je connaisse. Dennis Hopper l’a réalisé à 43 ans pour se rapprocher de sa fille et mieux comprendre la musique qu’elle écoutait. Il a puisé une partie de son inspiration dans les meilleures chansons de Rust Never Sleeps de Neil Young & Crazy Horse et il a développé un récit nihiliste au dernier degré. Toutes les séquences de ce film sont saisissantes. C’est génial.
LOVE Forever Changes : Ce disque, c’est quand même un OVNI complet. Surtout si on le replace dans le contexte de l’époque, sur la scène de Los Angeles, encadré par les disques des Doors, des Byrds, etc. Comment un groupe comme Love, par ailleurs très bon, a-t-il pu accoucher d’une œuvre aussi radicalement intemporelle et visionnaire ? Ça reste une énigme. Ce qui me frappe le plus, aujourd’hui, c’est la maturité hallucinante de ce disque. On a l’impression que ces musiciens ont cinquante ans de carrière derrière eux, alors qu’en fait Arthur Lee avait à peine 22 ans (!!!) quand Forever Changes est sorti. C’est stupéfiant, quand on y pense…
Heaven’s Gate de MICHAEL CIMINO : La version longue de Heaven’s Gate m’accompagne depuis sa première sortie en salles en 1989. Depuis, j’ai dû le revoir une dizaine de fois, dont trois en salle (en fait, j’y retourne dès que j’en ai l’occasion). Ce qui est fascinant avec ce film c’est qu’en plus d’être une fresque magnifique, il s’agit aussi d’une œuvre profondément ancrée à gauche. Et je pense que si le film a été à ce point rejeté par la critique américaine, à l’époque, ce n’est pas à cause de sa longueur ou de ses supposées faiblesses (il n’en a pas vraiment, de toute façon), mais bien parce qu’il était complètement à contre-courant de l’époque. En gros, Cimino venait de réaliser un film communiste, dans lequel les riches et les patrons font littéralement assassiner les pauvres pour ne pas être, eux-mêmes, touchés par la famine, et il faisait ça au moment même où Reagan et tous les excités du libéralisme étaient en train de prendre pouvoir aux Etats-Unis. Je crois qu’en dehors de l’époque du maccarthysme, le début des années 80 était probablement le pire moment pour sortir un film comme celui-ci. C’est complètement fou, quand on y pense !
ELDORADO : Je me suis occupé de ce magazine pendant une grosse vingtaine de mois. J’ai été le rédacteur en chef des sept premiers numéros (il y en a eu deux autres dans l’année qui a suivi mon départ). Ça reste une aventure marquante, forcément… D’abord parce que c’est évidemment passionnant de créer un magazine, comme ça, ex nihilo, mais aussi parce qu’à deux ou trois exceptions près l’équipe était vraiment super : des mecs talentueux, très investis, passionnés de musique… Je me souviens qu’on avait souvent bossé comme des fous, et parfois même comme des zombies, pour essayer de boucler les numéros à peu près dans les temps. On avait un peu tâtonné sur les trois premiers numéros mais, ensuite, à partir du 4, le magazine avait commencé à devenir vraiment intéressant. Quand je suis parti, après le numéro 7, Eldorado était en plein développement : les annonceurs étaient présents, les abonnés étaient ravis… Mais disons qu’il y avait de gros désaccords avec le directeur de publication.
NICK DRAKE Five Leaves Left : Comme beaucoup, j’ai découvert Nick Drake à la fin des années 80 avec la compilation Heaven in a Wild Flower. C’est toujours fou de se dire qu’une œuvre aussi majeure ait pu rester ignorée pendant près de vingt ans et devenir aussi incontournable à partir de quelques rééditions. En tout cas, Five Leaves Left est son meilleur album, selon moi.
Goodfellas de MARTIN SCORSESE : Je crois qu’on a oublié à quel point Goodfellas était révolutionnaire, à l’époque. Pourtant, ce que Scorsese et Thelma Schoonmaker ont inventé là, ce système narratif en effervescence permanente et basé sur un scénario foisonnant d’infos et de personnages, sur une caméra toujours en mouvement, sur un montage hyper dynamique et une bande-son qui semble ne jamais s’arrêter, c’est vraiment du génie pur ! En tout cas, ce n’est pas un hasard si Scorsese a calqué un bon nombre de ses récits ultérieurs (Casino et The Wolf of Wall Street, notamment) sur ce modèle.
ELVIS PRESLEY From Elvis in Memphis : J’adore ce disque. Pour moi, c’est le sommet de la carrière d’Elvis et une synthèse de tout ce que j’aime : la soul, la country, etc. Et puis, ce disque marque aussi l’apogée du studio American de Memphis, celui où ont été enregistrés Dusty in Memphis, les disques des Box Tops et beaucoup d’autres… J’ai interviewé cinq ou six musiciens de ce studio ; tous étaient présents lors de l’enregistrement de ce disque. C’est toujours fascinant de les écouter et de se dire qu’ils ont enregistré avec Elvis et, surtout, qu’ils ont enregistré des trucs aussi extraordinaires que “Suspicious Minds”,“In the Ghetto” ou “Long Black Limousine”.
India Song de MARGUERITE DURAS : Je l’ai découvert très tardivement, mais je crois qu’avec Into the Abyss de Werner Herzog, India Song est le film qui m’a le plus impressionné ces quatre ou cinq dernières années. J’avais déjà beaucoup d’admiration pour Duras en tant qu’écrivain, bien entendu, mais je n’imaginais pas que son cinéma pourrait être aussi fort. Elle n’est vraiment pas un écrivain passé au cinéma ; c’est une cinéaste de première envergure ! Bref, depuis, j’ai hâte de découvrir le reste de sa filmographie.
THE BEATLES Pepper’s Lonely Hearts Club Band : Il était évidemment impossible de ne pas choisir un disque des Beatles. Pour moi, Sgt. Pepper est le dernier album sur lequel les quatre musiciens fonctionnent encore ensemble et vont dans la même direction. Je trouve que ce disque n’a rien perdu de son charme, sans doute parce qu’il a toujours eu, à la base, quelque chose d’un peu désuet et intemporel. Je trouve qu’il y a, dans ce disque, un enthousiasme et une spontanéité que les Beatles n’ont plus jamais retrouvés, ensuite. Même s’ils ont fait d’autres grands disques, bien entendu…
Sunset Boulevard de BILLY WILDER : Déjà, j’adore l’intelligence et la liberté de ton des scénarios de Billy Wilder. Pour moi, il a vraiment été l’un des auteurs les plus modernes de l’âge d’or de Hollywood. Et puis, Sunset Boulevard est un film extraordinaire dans lequel je retrouve à la fois le Hollywood classique et des œuvres plus contemporaines comme celles de David Lynch (qui a énormément puisé dans ce film). Bref, c’est un chef-d’œuvre.
BOD DYLAN Highway 61 Revisited : J’aurais pu en choisir un autre (Blood on the Tracks ou John Wesley Harding, notamment), mais celui-ci est quasiment son meilleur, donc… Je ne crois pas être fan de qui que ce soit, mais Dylan est un peu l’exception. En fait, même ses effondrements créatifs me semblent aussi intéressants, donc…
Les films français de LUIS BUNUEL : J’ai revu certains de ces films (ceux qu’il a écrits avec Jean-Claude Carrière), récemment, et je me suis régalé. En fait, j’ai réalisé que Le Charme discret de la bourgeoisie était sans doute l’un de mes films préférés, dans l’absolu, et que Buñuel était probablement parmi les cinéastes qui m’ont le plus marqué. En revoyant ces films, j’ai été frappé par leur intelligence, leur audace et leur légèreté. Sur le fond, un film comme Le Charme discret… est complètement subversif, iconoclaste et très politique, mais le ton badin et la légèreté du traitement permettent de tout faire passer avec humour et élégance. C’est malheureux à dire, mais, aujourd’hui, les films de Buñuel seraient certainement refusés partout. Ils ont été remplacés par les constructions enfantines et totalement inoffensives de Quentin Dupieux. C’est d’autant plus regrettable qu’un film comme Réalité, par exemple, ne parle de rien, sinon de l’esprit de son créateur, alors que ceux de Buñuel étaient, au contraire, entièrement axés sur le monde réel, un monde qu’ils ne cessaient de provoquer, de remettre en question, etc. Bref, tout ça pour dire qu’on n’a vraiment pas gagné au change.
CAHIERS DU CINEMA : J’ai été abonné pendant une douzaine d’années aux Cahiers. C’est vraiment la revue qui accompagné ma vie de cinéphile. J’ai aussi choisi cette couv’ à cause de Fassbinder, un cinéaste capital, selon moi.
Identification d’une femme de MICHELANGELO ANTONIONI : Antonioni est un de mes cinéastes préférés. Des films comme The Passenger, Zabriskie Point ou Le Désert rouge ont été de vrais chocs, à l’époque où je les ai découverts. Mais, avec le recul, je pense qu’Identification d’une femme est celui que je préfère, parce qu’à ce stade Antonioni avait fini par se libérer de toute forme de posture et son langage visuel, fait de temps morts, de silences et de visions parfois étranges et inattendues, avait fini par se fondre très naturellement dans son approche du récit filmé. Pour moi, Identification d’une femme est peut-être son meilleur film (avec L’Avventura), parce que c’est le plus personnel. Enfin, c’est mon avis…
DORIS DUKE I’m a Loser : J’ai toujours écouté beaucoup de soul. I’m a Loser est un chef-d’œuvre que j’ai découvert grâce aux commentaires élogieux de Dave Godin. Doris Duke n’a enregistré que trois albums au total, dont deux grands disques avec Swamp Dogg : celui-ci et A Legend in Her Own Time. I’m a Loser est une sorte d’album-concept centré sur une histoire d’adultère et, plus précisément, sur le personnage de la maîtresse, “The Other Woman”. Les arrangements de Swamp Dogg sont absolument hallucinants, l’interprétation de Doris Duke file régulièrement la chair de poule… Ce disque a déjà 45 ans. A un moment, il va bien falloir qu’il trouve son public, car c’est vraiment l’un des plus grands albums de l’histoire de la soul !
Dave Godin’s Deep Soul Treasures, vol. 1 : Cette compilation de ballades rares et absolument déchirantes est probablement l’un des meilleurs disques de soul que je connaisse. La sélection de Dave Godin est vraiment parfaite et m’a notamment permis, à l’époque, de découvrir des artistes comme Dori Grayson, les Knight Brothers ou The Incredibles. Les trois autres volumes de cette série, tous dirigés par Dave Godin, sont également indispensables, à mon avis.
PAPA M Whatever, Mortal : Voilà un disque complètement intemporel, à mi-chemin entre l’acid folk et une certaine forme de country ancestrale. Il y a aussi des traces de pop et de rock plus contemporains… J’aurais aimé que David Pajo aille un peu plus loin dans cette direction, même s’il aurait forcément été difficile de faire mieux que ce disque.
Shoah de CLAUDE LANZMANN : La découverte de ce film (dont je n’avais vu que des bouts), en salle, à l’Institut Lumière, pendant un long week-end, début 2010, reste l’un des grands moments de ma vie au cinéma. C’est évidemment un film d’une importance capitale sur le plan historique, mais c’est aussi une œuvre immense et un choc intellectuel dont on a forcément du mal à se relever.
SONGS: OHIA The Magnolia Electric Co : Je me souviens d’un concert incroyable dans un bar de Valence, l’Oasis, au printemps 2005, il me semble… Jason Molina et son groupe étaient là, entassés au fond du bar. Ils avaient livré, ce soir-là, un concert vraiment exceptionnel. Deux ans plus tôt, cet album avait été une vraie révélation pour moi. A l’époque, je suivais déjà Songs: Ohia depuis quelques disques, mais The Magnolia Electric Co avait complètement changé la donne. Le son était devenu très imposant, l’écriture plus fluide et très marquée par l’héritage de Neil Young et du Crazy Horse. Quant à Jason Molina, il était littéralement transfiguré. Je pense que c’est un disque qui restera comme un classique. Son public deviendra plus nombreux avec les années…
Coffret JACQUES ROZIER : Bien sûr, Rozier a toujours été en marge du reste de la Nouvelle Vague, mais je pense sincèrement que Adieu Philippine dit plus de choses sur son époque qu’un film comme À bout de souffle (ce qui, bien entendu, n’enlève rien au génie et à la modernité de ce film), par exemple. Je pense que, sur son premier film, au moins, Rozier était le plus mûr et le plus accompli des cinéastes de la Nouvelle Vague. Ensuite, le reste de sa filmographie est à la fois incontournable et complètement hors norme dans le cinéma français.
THE BEACH BOYS Pet Sounds sessions : J’aurais pu choisir l’album, puisque c’est un de mes disques préférés… Mais là, comme il fallait choisir des objets particuliers, j’ai opté pour le coffret des sessions, car il a l’avantage d’avoir été dédicacé par Brian Wilson, à l’issue d’une interview que j’avais faite en 1998, chez lui, à Los Angeles, pour le compte du magazine Rock & Folk. C’était mon premier reportage pour eux et disons que ça reste, forcément, un souvenir assez incroyable.
Les “Unes” de LIBERATION : Je fais sans doute partie de la dernière génération qui aura eu l’habitude de suivre l’actualité en achetant un quotidien quasiment tous les jours. Et, pour moi, ce quotidien était Libération. Ce livre sur les grandes “unes” de Libé est fascinant, car il rappelle à quel point les grands titres de presse ont su accompagner l’Histoire, la vie et l’évolution de la société. Evidemment, cette culture des “unes” s’est complètement perdue avec le développement des médias en ligne. Mais, disons que, chez Libé plus qu’ailleurs, ces “unes” avaient vraiment de la gueule !
Conte d’automne d’ERIC ROHMER : Pour moi, Rohmer est l’un des auteurs les plus importants de la Nouvelle Vague. Mais ce qui me frappe le plus chez lui, c’est que son cinéma est devenu de plus en plus passionnant, au fil du temps. Je pense que ses meilleurs films, en tout cas ceux que je préfère, ont été tournés entre le milieu des années 80 et la fin des années 90. C’est un cinéma subtil, très écrit, mais aussi remarquablement mis-en-scène, ouvert sur le monde et qui donne le sentiment qu’on peut parfaitement tourner de grands films avec très peu de moyens. Dans sa filmographie, j’aime beaucoup Le Rayon vert, L’Ami de mon amie et les contes des quatre saisons. Et, parmi ces derniers, Conte d’automne est peut-être celui que je préfère.
Itinéraire d’un ciné-fils de SERGE DANEY : Pour les cinéphiles de ma génération, la diffusion de ces entretiens dans les derniers mois de la vie de Serge Daney a été un événement marquant. Déjà parce que le document était, en lui-même, hypnotisant (Daney parlant seul dans le cadre, pendant plus de trois heures) et très émouvant (puisqu’on le voit déjà très affaibli par la maladie), mais aussi, bien sûr, à cause de leur qualité exceptionnelle. Naturellement, il y aurait beaucoup à dire sur lui, sur son histoire, sur ses combats… Souvent, je repense à ce qu’il écrivait sur l’évolution du cinéma et de la télévision, à l’époque (c’est-à-dire, bien avant le Loft et la télé-réalité), et je pense qu’il aurait été terrifié par ce qu’on peut voir actuellement (Mommy, Les Petits mouchoirs ou les dérapages de Zemmour analysés par Serge Daney, ça aurait valu le détour).
Le HITCHCOCK / TRUFFAUT : Ce livre a complètement changé ma vision des films d’Hitchcock et, plus globalement, du cinéma. Je ne suis pas spécialement fan de Truffaut comme cinéaste, mais son héritage critique et son œuvre de “passeur” restent incomparables. Et la filmographie d’Hitchcock est évidemment incontournable pour moi. D’ailleurs, dans cette photo, ce livre prend un peu la place de films comme Vertigo, North by Northwest ou Psycho.
KAREN DALTON It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best : Je crois que ce disque est celui que j’ai le plus offert. La personnalité de Karen Dalton est évidemment fascinante à cause de son intransigeance, de son intégrité artistique, mais aussi à cause de cette voix exceptionnelle qui, inévitablement, rappelle celle de Billie Holiday. Cette histoire prendra bientôt une place un peu plus importante dans ma vie, puisque je m’apprête à sortir, en compagnie de la dessinatrice Ana Rousse, un roman graphique en noir et blanc sur la vie de Karen Dalton dans les années 60. Le livre paraîtra début 2017 chez Sarbacane.
Muriel ou le temps d’un retour d’ALAIN RESNAIS : J’adore les premiers Resnais. A première vue, on pourrait penser que Muriel est moins expérimental qu’un film comme L’Année dernière à Marienbad, mais je me demande si, au fond, il ne l’est pas tout autant. Bien sûr, il est plus narratif, mais le scénario écrit par Jean Cayrol est plein de trous, de non-dits et d’ellipses, à tel point que le récit et les personnages finissent toujours par vous glisser entre les doigts. Le montage de Resnais est hallucinant, aussi… En fait, c’est un film très vivant et très inventif sur des thèmes complètement angoissants et morbides comme la mélancolie, la dépression… Pour moi, c’est vraiment l’un des plus beaux films du cinéma français.
KRIS KRISTOFFERSON Kristofferson: Comment ne pas être fan de ce mec ? Il a écrit des chansons exceptionnelles (“For the Good Times”, “Help Me Make It Through the Night”, “Me and Bobby McGee”, etc), il a joué dans des films comme Heaven’s Gate, Bring Me the Head of Alfredo Garcia, Pat Garrett & Billy the Kid… Bref, sa carrière parle pour lui. Mais ce disque, son premier, est un chef-d’œuvre. Là encore, il s’agit d’un album qui m’accompagne depuis plus de vingt-cinq ans…
Seinfeld: Je suis complètement intoxiqué avec cette série. J’ai dû voir la plupart des épisodes cinq ou six fois chacun, George Costanza et Cosmo Kramer sont deux de mes personnages préférés au monde et je crois qu’il n’y a pas beaucoup de situations de la vie que je ne relie pas, spontanément, à des situations de Seinfeld. Bref, c’est génial !
LEONARD COHEN Songs from a Room : Mes parents avaient ce disque, donc je peux dire qu’il m’accompagne depuis l’enfance et que ses chansons ont, fatalement, une résonance très lointaine pour moi. Sinon, bien entendu, il s’agit d’un album fabuleux qui contient certaines de mes chansons préférées comme “A Bunch of Lonesome Heroes” et “Story of Isaac”.
Five Easy Pieces de Bob Rafelson : Ce film m’accompagne depuis la fin du lycée. Bob Rafelson n’est pas un grand réalisateur, mais Five Easy Pieces résume parfaitement la mélancolie d’une certaine partie du cinéma américain des années 70 (Rain People de Coppola est aussi intéressant, de ce point de vue). Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais la vérité qui se dégage de chacune de ces séquences compense largement les faiblesses de la mise-en-scène. C’est aussi l’un des meilleurs rôles de Jack Nicholson. D’ailleurs, la fin du film a plus ou moins servi de base au scénario de The Passenger d’Antonioni. Ce n’est pas rien…
La Violette Società – A situationist cabaret and a simple blueprint for quality and equality
Reactions have been surprising when we’ve explained the concept behind La Violette Società.
To us it makes perfect sense: a small and regular event where invited acts are equally billed, play for the same amount of time and receive an equal share of the proceeds. The event is promoted by our record label and the acts themselves via their social media networks. The audience at the shows will experience the act they know and like and came to see and are hopefully turned on to something new and different as well.
We’ve been approaching and inviting acts that we like and have been telling them all about it. The response has been like “that’s an amazing idea”. For smaller acts the equitable proposals are obviously surprising but in our eyes it’s a case of “listen, you’re a great band, why wouldn’t it be this way?” As for the larger acts – and we’ve had the audacity to approach some big names – they have unanimously said “We love the sound of that – what date were you thinking?”
There are no boundaries to the acts we’ve been inviting: bands, authors, poets, stand-up comedians, drag acts, mime artists, school choirs, ventriloquists, magicians, performing animals, art or film performances. If we think they’re really good we’ll jump at the opportunity to invite them and bring them into a future ‘Social.
One day we hope that La Violette Società will naturally evolve into a more regular event staged in different cities across the world – we have tentative plans for similar small events in Glasgow, London and Paris. There’s no rampant ambition at play, it’s just a simple concept which we know can be credibly applied to all social hubs and cultural communities. The ethics and quality criteria are more important than any scale or revenues – they will look after themselves.
The artwork and presentation for these events is crucial. The concept as ever being that the artwork should appeal directly to the people we want to pay attention. As longstanding fans of Ken Grant’s photography we were delighted when he too agreed to be involved.
Matt Lockett // Violette Records
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The inaugural La Violette Società took place at Buyers Club in Liverpool on 23 March 2016
The next La Violette Società is at The Shipping Forecast in Liverpool on 27 July 2016
Tickets www.tickettailor.com
La Violette Societa / A short film by Mark McNulty.
La Violette Società : un cabaret situationniste autour du partage et de l’équité.
Les réactions ont été surprenantes, lorsque nous avons présenté le concept de La Violette Società.
De notre point de vue, cela semblait une évidence : un petit événement régulier, où les groupes sont rémunérés équitablement, jouent le même temps et perçoivent une part égale des bénéfices. La promotion de l’événement est assurée par notre label et par les groupes eux-mêmes, au travers de leurs réseaux sociaux. Le public vient pour le groupe qu’il connait et soutient, et nous espérons qu’il profitera de l’occasion pour faire des découvertes !
Nous avons contactés les groupes que nous apprécions, et nous leur avons expliqué ce concept. La réponse a souvent été “c’est une idée fantastique“. Pour les groupes moins connus, cette proposition équitable est souvent perçu de manière surprenante, mais notre réponse a été “vous êtes un chouette groupe, alors pourquoi en serait-il autrement ?” Pour les groupes plus importants — car nous avons eu l’audace de contacter des groupes reconnus — ils ont répondu unanimement “on adore l’idée, quelle date est prévue ?”.
Il n’y a pas de limite aux participants que nous inviterons : des groupes, des auteurs, des poètes, des comédiens de stand-up, des transformistes, des mimes, des chorales scolaires, des ventriloques, des magiciens, des animaux savants, des performances artistiques ou cinématographiques… Si nous pensons qu’ils en valent la peine, nous sauterons sur l’occasion de les inviter à nos soirées !
Nous espérons qu’un jour le concept de La Violette Società évoluera vers un événement plus régulier, dans plusieurs villes autour du monde — nous avons d’ores et déjà des pistes pour créer de tels petits événements à Glasgow, Londres et Paris. Aucune ambition dans cette perspective, si ce n’est la certitude qu’un tel concept simple, peut s’appliquer à toutes les communautés sociales et culturelles. L’éthique et les critères de qualité sont plus importants que l’échelle de l’événement en lui-même, où que les profits qu’il génère, et nous pensons que tout cela s’équilibrera naturellement.
Le design et la présentation de ces événements sont, comme toujours, extrêmement importants pour nous. L’idée était de créer une communication simple et directe, qui parle immédiatement aux personnes concernées. Comme nous sommes de grands fans de l’œuvre du photographe anglais Ken Grant, nous avons été ravis qu’il accepte de participer.
La première édition de La Violette Società se déroulera au Buyers Club à Liverpool, le 23 Mars 2016. Au programme, The Blue Soul,Paul Birtill (le plus grand poète anglais vivant) et Joni O’Shea (votre plus grand songwriter).
Les billets (£ 6 et £7) sont disponibles à cette adresse www.michaelhead.net/boxoffice
Pascal Blua // Violette Records
— Violette Records est un label basé à Liverpool, Manchester et Paris, qui se consacre essentiellement à la diffusion de la musique de Michel Head.
Guitare électrique Gretsch SilverJet, un modèle US (what else… ?) acheté au début des années 1990 à Los Angeles. J’étais là-bas pour une interview de Frank Black, au moment de la fin des Pixies. C’est la guitare dont je me servais le plus pendant les concerts de Melville… Puis, après Melville, je me suis remis au piano, qui était mon instrument d’enfance, et j’ai (plus ou moins) rangé mes guitares, mais celle-ci n’est jamais très loin.
La petite chose en plastique rouge posée sur l’extrémité gauche, au dessus du vibrato, c’est ma fille Juliette imprimée en 3D. Cadeau de sa part pour mon anniversaire (oui je sais, c’est assez original…)
Juste à côté, deux touches de piano en ivoire, qui figuraient, du temps de sa splendeur, sur le clavier d’un piano à queue sur lequel a joué David Bowie (et tant d’autres). Ce piano est une ruine aujourd’hui. Pourquoi j’ai ces touches chez moi aujourd’hui… je ne peux pas le dire ici.
Au dessus, une tasse du studio Abbey Road, souvenir de la fantastique journée passée au studio avec Fabien (Tessier) pour le mastering de notre album « Songs of popular appeal ».
Un peu plus haut, une vieille photographie ramenée d’un voyage dans le Tamil Nadu, en Inde. Un peu plus bas posé sur la table, se trouve un rickshaw en format miniature. Deux objets fétiche d’Inde, pays très représenté chez nous.
A l’angle droit bas de la photo, une pierre taillée d’Utah – une « sandstone » – trouvée à Moab, dans ce magasin extraordinaire (si vous êtes allé à Moab, vous connaissez l’endroit).
Les objets que je viens de citer (de « ma fille en 3D » à la sandstone d’Utah) figurent dans une sorte de petit musée perso posé au dessus de mon piano, chez moi. C’est mon « wonderwall » horizontal, un petit territoire de choses perso que j’aime avoir sous les yeux quand je joue.
Toujours sur cette vieille boite de jeux en bois (un jeu de construction) que j’aime aussi beaucoup, la pochette de « Rank » des Smiths en CD. Elle est signée par un grand échalas à lunettes nommé Morrissey qui m’a juré, ce soir-là (c’était à Newcastle, backstage après un concert), avoir été le chanteur du groupe. Ne connaissant pas bien le groupe, je l’ai cru sur parole… (Note aux neuneus : je plai-san-te, les Smiths, c’est ma vie – ou la première partie de ma vie, au minimum).
Ensuite, trois livres… Même si je ne suis pas un grand lecteur, je dévore les récits historiques, ultra-documentés, autour d’aventures et explorations (comme ce « Scott and Amundsen » vertigineux), et j’achète parfois des livres pour le graphisme de la jaquette (« Sentinels of the North Pacific » acheté en Californie) ou pour ce qu’ils représentent dans une culture spécifique (l’auteur Zane Grey, 1872-1939, héros des jeunes lecteurs américains amoureux des grands espaces). Même chose que pour les petits objets fétiche cités plus tôt : j’ai besoin d’avoir ces livres sous les yeux pour écrire des choses, sentir des mélodies, avancer dans les chansons. J’ai besoin de cet environnement visuel.
Pour finir, sur le devant : un vieux puzzle des Etats-Unis d’Amérique, déniché dans une brocante en Caroline du Nord il y a plus de vingt ans (et sans doute mon objet préféré parmi tous), et nos deux copains Haddock et Tintin, parce que c’est en dévorant les albums d’Hergé, enfant, que m’est venue le désir de voir le monde et de m’y balader dès que possible (ce que j’arrive à faire assez souvent grâce à mon métier – un privilège que je mesure chaque jour – pourvu que ça dure, inch’Allah, namaste, good night).
The best things in life aren’t things. I do quite like things though.
Glasses – they help me to see things better. I take them everywhere because I like to see things better. Record – the objective incarnate of a plan with friends. Book – Paul Birtill is this country’s greatest living poet. I tell everybody and tell everybody to tell everybody to tell everybody. Paul Birtill is this country’s greatest living poet. Pen – I like stationery. I love fountain pens. This is a Parker 25 fountain pen which my Dad passed on to me when I started secondary school and still use it every day. Camera – my first SLR camera, totally mechanical – where physics, chemistry, art and expression collapse in a heap together laughing. Shoes – desert boots, size 11, square toe, battered and ancient – if shoes could talk… A note – I like handwritten notes too. I especially like this handwritten note. iPhone – magic. Headphones – the National Health Service should prescribe proper “shut out the world” headphones to children. A free pair to every three year old. Seriously life-changing and the path to pure pleasure and fullfillment.