Les Essentiels de Laurent Jézéquel pour Stereographics (Photographie © Marie Berthelot)
Si les menhirs avaient été aussi correctement alignés que les planètes, j’aurais dû rencontrer ce mec il y a quarante ans. Bretons tous les deux, même si quelques dizaines de clochers séparent Carantec de Kerlouan, normalement, on aurait dû se croiser aux alentours de 1983. Voire avant, quand nos cheveux tenaient encore debout.

On serait allé à New York voir tous les concerts qu’il a vu, on aurait fait « Guide à Londres » comme il l’a fait pour se payer l’entrée des concerts de Billy Bragg, The Redskins, 999, The Godfathers, et tous les autres au pub ou ailleurs. On aurait même réalisé un doc sur Little Bob (ce qu’il a fait aussi).

Mais non.

Non, mais depuis ce jour où il est venu s’assoir à la terrasse d’un café où je sirotais un verre de Quincy avec Carole, on rattrape le temps. Concerts et galettes (avec ou sans saucisse), émissions radio et lectures publiques Écoutons nos Pochettes, foot à Brest et merde au PSG, etc.
Et ça, c’est un genre d’Essentiels. Laurent est un « droit dans ses Doc », un genre de dernier mohican comme on n’en fait plus, un mec plein de légendes rock dont lui seul sait la vérité.
Bref, c’est un honneur que d’être à ses côtés. —
Gilles de Kerdrel


LES ESSENTIELS DE LAURENT JÉZÉQUEL

Mon rock
est désordre
foutoir
à l’état sauvage
je ne le
range
ni ne le
classe
disques
concerts
images
instants
une jam
à coups
de larsens
de frissons
d’interstices
fugitifs
que je ne rattraperai
jamais
mais que j’ai capturé
à jamais
des fulgurances de Johnny Thunders au Gibus
aux costard pourris de Lee Brilleaux
la guitare mitraillette de Wilko
la grand messe des Stones the devils
l’Iguane collant aux amplis de l’Olympia
ou stoogeant l’Hammersmith Odeon
avec un Suicide à crans d’arrêts
Alan Vega voyou cosmique halluciné
Lords of the New Church en héros païens
Chris Bailey saoulman absolu
Siouxsie maîtresse prêtresse
Stranglers méchamment excitants
Ramones one two three for ever
La fiesta des Fleshtones
Psychic tv en trans génération
Kraftwerk en réacteurs
Little Bob toute ma vie
mais en oubliant bien d’autres
dans les pubs de Londres
les clubs et disquaires de Big Apple
et tous les record shops
aux bacs mythiques
Vinyl Solution, Bleecker Bob’s, Le Rideau de Fer,
et le 1er, à Caen, Sweet Harmony
Stiff Little Fingers à leurs débuts furieux
Crazy Cavan rockabillant les teddy boys and girls
Sonic Youth avec Hüsker Dü à l’Elysée montmartre ou dans un club 42e rue
le hardcorien Henry Rollins dans un théâtre du 13e
John Cale au casino de Cabourg et dans un loft du Village
Les Jam, les Jam, bordel, au Stadium à l’Exocet à l’Hippodrome de Pantin
The Clash à Mogador futuristes
Toots frénétique machine reggae
Linton Kwesi guerrier
le dub des cassettes pirates de Ladbroke Grove
le flipper du Dingwall’s
le bar du Melkweg
l’entrée au Cbgb
The Fall souvent et violent à Berlin ou Paris
les Bérus en missions commando
The Cramps garbageant l’Eldorado
Jonathan Richman en chorale rockeuse
Philip Glass opérant classieux à Bruxelles
Chris Isaak pailleté croonant à San Francisco
Nico solaire au soleil de Florence
je parle là d’émotions
comme Willy Deville et sa rose classieuse
Lou Reed aux Vieilles Charrues pour un adieu
Patti sur le tard et sur l’os
les mots et l‘éclectricité de Dominique A
l’épilepsie Woodentops au Ba Ta Can
Là où les Pixies nous explosaient brutalement
La basse sensuelle lourde des Violent Femmes à Cincinnati
Motörhead à la Brixton Academy, maelstrom golgoth viking
Déjà Voodoo garage minimaliste épileptique au new Moon
JD Mac Pherson explosant le Bowery Ballroom
la veille d’un Kevin Morby le new yorkant
Metz wall of metal noise
Johnny Mafia haricots pogoteurs
et la transe des fest noz
la magie de Denez
ce sang celte qui coule
dans mon sang
et se mélange à l’électricité
dans les rues
les bars, les clubs
de Londres, New York, Paris…

Laurent Jézéquel (aka Jez)
Décembre 2024


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