Christophe Lavergne

Mes Essentiels pour Stereographics par Christophe Lavergne


Connaît-on vraiment les gens que l’on a côtoyés toute sa vie ?
On peut légitimement se poser la question même si à la lecture de ses choix, je sais exactement de quoi parle mon frère, d’où il a tiré ses influences, où elles étaient dans notre maison à Perpignan (sur les murs et les étagères de notre chambre commune, sous le toit), je connais tout des groupes qu’il écoutait et me forçait à entendre alors qu’il se levait une heure plus tôt que moi pour aller au lycée (« Ta gueule, dors » répondait-il à mes lamentations).
Grâce à lui j’ai une culture musicale hors du commun, grâce à lui mon groupe les Freluquets avait une identité visuelle qui le distinguait des autres formations de l’époque, pour qui souvent le graphisme n’était pas important. Notre anglophilie commune (foot et musique) nous poussait vers autre chose et on a choisi de l’exprimer par deux biais différents mais indissociables à nos yeux.
Et c’est quand Christophe a commencé à s’intéresser à ce que je faisais avec les Freluquets que j’ai compris que j’étais sur la bonne voie. Il me prenait enfin au sérieux et c’était significatif. A travers son métier j’ai découvert son courage, sa ténacité, sa volonté (son talent, je le connaissais déjà), ce que ne me laissait pas deviner l’ado réservé avec lequel j’ai grandi.
Philippe Lavergne

LES ESSENTIELS DE CHRISTOPHE LAVERGNE

New Order ou Joy Division. Parce que ces 2 groupes m’ont particulièrement accompagné dans
mon cheminement artistique. Leur approche musicale et visuelle si souvent singulière favorise
l’imaginaire, ce qui m’a toujours enthousiasmé.

Elli et Jacno. Parce que le duo représente le vrai chic parisien depuis les Stinky Toys. Main dans la main
ils composaient de mémorables ritournelles électriques durant leur courte carrière.
Ici dans un album d’inédits magnifié par une peinture de Loulou Picasso, ex Bazooka, trublion de l’action
graphique qui m’a beaucoup marqué.

Orange Juice, parce que cette formation phare de la scène écossaise du début des années 80 aux
vertus énergisantes était le parfait croisement entre le Velvet Underground et Chic. Edwyn Collins, il n’y en
a qu’un comme toi.

Graphis, parce que petit, j’étais entouré de revues graphiques que possédaient mon père (directeur
artistique dans la pub) : Graphis ou bien Letraset, Mecanorma. Ce qui a grandement permis de développer
ma culture graphique. La source de ma vocation.

Factory, parce que ce fut le label de musique le plus singulier par son approche atypique très affirmée.
Elaboré entre autres par Peter Saville, l’emblématique créateur et son habile réappropriation de l’art et du
design, Central Station Design et 8vo, il a introduit dans la musique le concept de design de haute qualité
et d’avant-garde. Un plaisir permanent de découverte sonore et visuelle.

Brian Eno, parce qu’en création, les stratégies peuvent être obliques, J’utilise souvent la technique du
hasard pour agencer des réalisations. J’admire beaucoup le travail de cet artiste en solo ou bien avec
Roxy Music.

La débauche, parce que c’est la première pochette d’album que j’ai conçue pour le groupe de mon frère
Les Freluquets sur le label Rosebud. Grâce à son succès critique, cela m’a ouvert des portes à la capitale
pour me lancer dans la création graphique rémunérée.

The Face magazine. Parce que ce fut la plus belle vitrine de l’après punk. Superbement mis en forme
par Neville Brody. Ce fut le premier magazine avec ID à traiter de culture, mode et musique sur le même
plan. The Face et Neville Brody par leur innovation furent une véritable source d’influence. J’ai choisi le
numéro avec Terry Hall en couverture car je tenais à lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Jean-Paul Goude, parce que c’est l’un des artistes aux créations qui ont le plus marqué notre mémoire
collective. Tour à tour illustrateur, directeur artistique, photographe, réalisateur dans une approche
ludique, il crée un univers à la fois populaire et sophistiqué.
Mon choix s’est porté sur Grace Jones « Nightclubbing » l’album dont le contenu et le visuel sont aussi
indémodables.

Orelia, parce que l’un de mes premiers shootings, à l’époque face à l’appareil photo. Il s’agissait d’une
limonade du groupe Orangina. Ma carrière de « modèle » fut assez brève.

FC Nantes, parce que supporter prend vraiment tout son sens avec ce club.

J’aurais pu ajouter David Sylvian, le Banyuls, Paul Rand, Kraftwerk, Maurice Binder…

Christophe Lavergne
Octobre 2023


Plus d’informations à propos de Christophe Lavergne
restezvivants
instagram.com/restezvivants

Mes Essentiels pour Stereographics par Christophe Lavergne
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