Jean-Noël Dastugue

My essentials for Stereographics © Jean-Noël Dastugue

« Les années s’accumulent et n’arrangent pas ma mémoire plus toute neuve. J’ai donc un doute sur ma première rencontre avec Jean-Noël. Fût-ce en 1997 ou début 98 ? Fût-ce en tant que journaliste dans Magic ! revue pop moderne, où il faisait jongler bons mots et érudition musicale dans ses chroniques et articles, ou bien en tant que guitariste de Spring, ce groupe à la classe folle ? Certainement tout cela en même temps…
En tous les cas, nous étions en plein cœur de cette période d’insouciance, foisonnante et bouillonnante dans laquelle l’hédonisme avait le goût du Rón con Límon. Avec une bonne dose de motivation, de grain de folie et d’inconscience, je faisais partie d’une association dont le but initial était de faire jouer les groupes que nous aimions. C’est ainsi que Spring, dans lequel officiait Jean-Noël à la guitare rythmique (et qui portait la salopette mieux que Paul-Félix de Gamine, l’un de ses héros pop) et toujours le sourire aux lèvres, en faisait naturellement partie. 
J’eus le privilège d’être leur « tour manager » pour un mini-tour de France, ma dernière fierté avant mes « adieux à la scène ». 
Jean-No, c’est donc un peu tout cela : pas une once de nostalgie, bien que fier de son passé musical, bien ancré dans son présent, nourri de nouvelles passions graphiques mais l’oreille toujours alerte pour prendre plaisir à découvrir de nouvelles pépites et les faire partager aux autres. Et puis, il reste un ami fidèle et un papa comblé.
En résumé, un gars bien et un gars sûr ! » — David Deroin

LES ESSENTIELS DE JEAN-NOËL DASTUGUE

Takamine EN-10C
Ma guitare électro-acoustique m’accompagne depuis plus de 30 ans. C’est mon graal, mon précieux.  Elle a connu mes plus grandes joies mais également mes secrets chagrins.
A défaut d’avoir le même jeu de guitare, je voulais avoir le même son que Paul Felix de Gamine. Elle m’a donc suivi dans toutes mes aventures musicales que ce soit avec mon propre groupe Meek ou avec mes projets Disco JetSet 3001B et Daner.
Elle m’a permis de voyager et de faire de belles rencontres humaines avec le groupe Spring. Nous avons fait de nombreuses tournées ensemble. Tous les beaux moments sont gravés pour toujours sur les frettes du manche de ma six cordes.
Il n’est pas un jour sans que j’enchaine quelques suites d’accords – souvent les mêmes. Mon jeu n’a guère évolué mais la corne au bout des doigts est devenue plus épaisse.

Les albums de Spring
Quand l’amitié se mêle au travail. Je suis grandement admiratif des productions de mon ami graphiste Eric Perez. Si j’ai commencé ma carrière professionnelle en qualité de journaliste dans la presse musicale, c’est un peu grâce à lui que j’ai finalement basculé – et ce pour mon plus grand plaisir – vers l’univers graphique des magazines.
Lorsque je travaillais pour une fameuse revue pop moderne, j’étais curieux de voir comment il allait mettre en valeur mes interviews, mes chroniques ou mes jeux de mots par quelques astuces graphiques. Mais là où il m’a surtout bluffé, c’est avec son travail sur les pochettes des disques de Spring. C’est frais et chaleureux, vintage et moderne, iconique et immédiat. C’est tout bonnement intemporel.

Bret Easton Ellis
Je suis à la fac lorsque je découvre Moins que zéro, le premier roman du jeune Bret Easton Ellis. Dans notre imaginaire de l’époque, les soirées avec ma bande, dans la proche banlieue ouest parisienne (entre Meudon et Versailles), ressemblent aux fêtes où se perd Clay, le personnage central du livre. A la différence près, que nos fêtes à nous sont sous aspartame. Elles sont plus légères dans les excès. Chez nous, les amitiés sont solides, les relations sentimentales variées, l’alcool fort, les questions existentielles fumeuses.
On vit à fond sans se soucier des lendemains. On monte des groupes (Meek, Mr Quark, Rodéo,…), on fait des concerts (avec Superdrug, les Pillows, Evergreen, les Autres, Des Garçons Ordinaires…). On monte un studio d’enregistrement (le Lutecia Garden Studio où bon nombre de projets du label Lithium viennent coucher leurs morceaux sur bande). On crée des fanzines (Necklace’s Girl, Blabbermouth,…). On est curieux, on expérimente, on se construit ! Le champ des possibles est grand ouvert.

Dédicace de Morrissey
Chacun connait l’adage selon lequel il est préférable de ne jamais rencontrer ses idoles. Je ne peux qu’abonder dans ce sens. Que dire, que faire face à quelqu’un, dont on connait tout de lui alors que ce dernier, lui, n’a pas la moindre idée de qui l’on est ?
C’est ainsi que je me suis retrouvé face à la personne, qui sans le savoir, a été responsable, en partie, de mon éducation musicale, littéraire et cinématographique, mais également de mon véganisme passager.
J’avais tellement fantasmé ce moment pour le moins improbable. La liste de mes questions était bien plus longue que les déclarations parfois nauséabondes du Mozz. Face à l’homme à la houppette et au verbe acéré, un simple « Merci d’être !» est sortie de ma bouche en évitant de croiser son regard. Frustration absolue mais compensée par cet autoportrait croqué dans mon exemplaire du livre de Linder Sterling, Morrissey Shot.

Monsieur Doudou
Cette peluche appartient à mon fils qui approche aujourd’hui de la vingtaine. Il va sans dire que le doux doudou a été bercé aux sons de Love, des Beach Boys ou de Burt Bacharach, alors que désormais, il bouge son boule sur les compositions urbaines de mon Champion qui se fait appeler dans le game, Shiro.
Et si on est bien loin des grands classiques de la pop, il n’en reste pas néanmoins, que mon travail de transmission de papa n’a pas été complètement vain. En effet, les morceaux de Shiro possèdent une vraie force mélodique. C’est pourquoi, je ne désespère pas d’entendre un jour une envolée de violons et pourquoi pas un sample des trompettes de Reach des Pale Fountains dans la musique de Shiro.

Lithographie de M. Chat
Après ma collectionnite aigüe de disques, je confesse une autre addiction : je me suis découvert une véritable passion pour le street art. J’adore arpenter les rues des villes et de tomber, par le plus grand des hasards, sur une œuvre de mon voisin audonien M. Chat, de sourire devant un masque de Greggos, de synchroniser ma playlist devant un pochoir de Singular Vintage, de me perdre avec plaisir dans les labyrinthes de Kelkin, de vouloir être ami avec le culotté Bobby de Super Bourdi, d’être envahi par l’espace des carreaux de faïence d’Invader…
Le street art me permet de découvrir la ville autrement. De lever la tête, d’être attentif aux détails. Et comme le chantait Diabologum : « L’art est dans la rue », alors profitons-en !

Jean-Noël Dastugue
Février 2023

Plus d’informations sur Jean-Noël Dastugue
facebook.com/jeannoel.dastugue

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